Le leader mondial des vacances haut de gamme « all inclusive », filiale du chinois Fosun, boucle l’exercice 2018 sur des performances record. La montagne, marché stratégique, tire aussi son épingle du jeu, dopée par les ouvertures et les projets. Xavier Le Guillermic, directeur stratégie montagne, évoque les ambitions de la marque au trident et nous livre sa vision.
Vous annoncez une année 2018 record ! Votre volume d’affaires affiche une croissance de 8 % à 1,6 milliard d’euros, la plus forte depuis six ans. Le nombre de clients lui aussi augmente pour atteindre 1,4 million. Soit + 6,6 % sur un an. Comment expliquez-vous ces excellents résultats ?
Ces résultats sont directement liés à la stratégie mise en œuvre au niveau mondial, en lien avec notre maison-mère Fosun (Ndlr, le géant chinois est devenu son actionnaire majoritaire en 2015). Notre diversification et notre implantation sur les cinq continents, à la mer comme à la montagne, participent à équilibrer le portefeuille d’activité. Le Brésil et la Chine, où nous sommes présents depuis 2003, se sont beaucoup développés et nous y avons beaucoup investi commercialement et en y ouvrant des resorts (Ndlr, le Brésil en compte désormais quatre).La Chine est devenue notre 2e marché mondial avec 243 000 clients, après la France qui caracole en tête avec 450 000.
La montagne attire-t-elle toujours la clientèle internationale ?
Sur l’ensemble de nos villages de montagne alpins, 60 % de notre clientèle est internationale, voire proche de 70 % à Val Thorens et Les Arcs Panorama, les derniers ouverts. Nous comptons ainsi plus de 17 000 clients brésiliens, juste après les Français et les Anglais (14 %, avec une croissance à deux chiffres depuis trois ans, et ce malgré le Brexit). Les réservations pour l’hiver prochain ont ouvert le 26 mars, et à date nous devrions accueillir encore davantage de Brésiliens. D’autres pays commerciaux sont aussi très dynamiques, en particulier Israël, l’Afrique du Sud et aussi l’Australie et Taïwan. Quant aux Chinois, soit 243 000 clients actuellement (+ 22 % entre 2017 et 2018), leur nombre ne pourra que progresser. Avec en ligne de mire les JO de Pékin en 2022. Ce marché va connaître une ascension fulgurante, ce qui explique par ailleurs nos gros investissements au Japon et en Chine, où une Ski Academy en partenariat avec l’École du ski français a vu le jour dernièrement.
Aujourd’hui que pèse le business de la montagne ?
Actuellement Club Med exploite 17 villages alpins, parmi lesquels 14 en France, 2 en Italie et un en Suisse à Saint-Moritz. S’y ajoutent les quatre implantés en Asie (deux au Japon et deux en Chine). Au final, ces 21 villages représentent environ un tiers de nos resorts dans le monde et pèsent un quart de notre chiffre d’affaires. Le poids de la montagne ne fait que croître, en raison de l’attraction mondiale pour les sports d’hiver, et la montagne en général. Exemple fort, et qui plus est dans les Alpes, Club Med Les Arcs Panorama, qui a ouvert en décembre 2018, aura affiché cet hiver un taux moyen d’occupation de 93 %, contre 85 % en moyenne dans nos autres villages de montagne. Et nous ne pouvons que nous en féliciter. Aujourd’hui nous sommes le leader mondial des vacances tout compris haut de gamme à la montagne en Europe et en Asie, avec l’ambition aussi de l’être en Amérique en 2021, à l’occasion de l’ouverture de notre premier resort au Québec, à Charlevoix. À l’avenir, l’Asie et les États-Unis s’annoncent comme de vrais réservoirs de croissance.

Qu’en est-il de votre montée en gamme ? Qui plus est à la montagne ?
La mise en œuvre de la montée en gamme, entamée en 2004, s’est avérée plus longue que prévu compte tenu des aléas géopolitiques et des catastrophes climatiques. L’évolution du Club Med vers le haut de gamme se confirme avec 80 % de la capacité de nos resorts en 4 et 5 tridents. Notre stratégie paie, et plus encore à la montagne avec un rythme soutenu d’ouvertures, à raison d’un village par an dans les Alpes, comme annoncé il y a deux ans. Seuls quatre villages – Arc 2 000, Serre-Chevalier, Aime-La-Plagne et l’Alpe d’Huez – affichent encore trois tridents… Bien que ce dernier ouvrira l’hiver prochain en version 4 tridents après d’importants travaux.

Cela va-t-il se traduire aussi par la création d’autres types d’hébergements ?
Rappelons que Club Med est le seul en Europe à proposer du tout inclu à destination des familles sur le haut de gamme. À Samoëns, par exemple, nous avons prévu la construction de 45 appartements-chalets. La première tranche, livrée en décembre 2019 et dont les travaux commenceront dans quelques jours, sera proposée en promotion immobilière. Ainsi les investisseurs auront droit à six semaines de jouissance, la gestion locative de leur bien le reste du temps est assurée par Club Med. Aux Arcs Panorama comme à Tignes dans notre futur projet, nous avons privilégié la création d’un espace 5 tridents Exclusive Collection pour répondre à la demande de la clientèle qui souhaite vivre un séjour exclusif très haut de gamme tout en bénéficiant des installations du resort. À La Rosière, nous développerons un autre concept avec la création en 2020 de suites 5 tridents en résidence de tourisme. Tandis qu’à Val d’Isère, le resort actuel sera intégralement transformé pour devenir l’unique Club Med 5 tridents Exclusive Collection à la montagne. La livraison devrait avoir lieu en décembre 2020, dès lors que toutes les négociations en cours avec nos partenaires seront finalisées.

D’autres ouvertures sont-elles programmées dans un futur proche ?
Le prochain resort ouvrira à l’Alpe d’Huez en 4 tridents en décembre 2019, sur notre site actuel skis aux pieds, après de lourds travaux de rénovation et d’agrandissement (Ndlr, un investissement de 85 millions d’euros). Nous avons également évoqué précédemment La Rosière, dont les travaux débuteront dans quelques semaines pour une ouverture en décembre 2020. Par ailleurs, de nouveaux sites sont identifiés. À l’instar d’Avoriaz où nous créerons un nouveau resort à l’horizon 2022-23. À Saint-Gervais, des négociations sont en cours avec la municipalité. Concernant Chamonix, nous ne fermons pas la porte et espérons toujours que les élus nous proposent un foncier qui corresponde à nos standards de développement. Si un terrain de 2,5 à 3 hectares venait à se libérer à Argentière par exemple, bien évidemment nous étudierons le dossier. Notre business model dorénavant porte sur des resorts de 420 chambres, soit une capacité de 1 000 lits. Nous avons de fortes exigences quant au foncier qui doit être premium, skis aux pieds et situé à 2h maximum d’un aéroport international et à moins d’une heure d’une gare TGV. Car on ne peut pas transiger avec la qualité d’une destination et d’une implantation.
Vous prévoyez aussi de vous implantez dans d’autres stations comme La Clusaz voire Megève. Vous confirmez ?
Effectivement nous regardons des projets à Megève mais aussi à La Clusaz et au Grand-Bornand, voire dans d’autres stations en Haute-Savoie. Nous étudions plusieurs possibilités, y compris dans des stations où nous sommes déjà présents (La Plagne).
Cela veut-il dire aussi que la fameuse garantie neige, qui fixe le seuil « viable » à 1800 m d’altitude, est révolue ?
Au-dessus de 1800 m d’altitude, c’est la facilité mais il y a peu de foncier éligible. Pour le Club Med, l’altitude est un critère parmi d’autres. Quand nos experts étudient une implantation, ils analysent les domaines skiables, la topographie du terrain, son orientation, la direction des vents. Prenez l’exemple du Japon, ce pays est réputé pour avoir la meilleure neige au monde et pourtant les stations ne dépassent pas 1 000 m d’altitude. Ce qui importe aussi, c’est avant tout la capacité de ces stations à anticiper l’avenir, leur plan stratégique, leur vision du futur à dix-vingt ans mais aussi leur capacité d’enneigement. Tous ces critères pèsent dans la balance. Car notre objectif est d’offrir à notre clientèle tous types de stations, toutes situées entre 1300 (Serre-Chevalier) et 2300 m d’altitude à Val Thorens, à travers les Alpes. Leur dynamisme l’été est également un élément essentiel.
Justement, le Club Med mise très clairement sur une stratégie quatre saisons ?
Pour l’heure, cinq villages sur les 17 que nous exploitons en Europe sont bi-saisonniers, c’est à dire ouverts entre sept et huit mois sur douze, majoritairement l’hiver, le printemps et l’été. En 2022, nous devrions en compter 10. Pour rentabiliser un investissement qui se situe en moyenne autour de 100 millions d’euros, nous devons viser une exploitation hiver, printemps, été, et ne plus nous limiter à l’hiver. C’est aussi dans cette perspective que nous sommes partenaire (historique) de l’opération Printemps du ski, dont l’ambition est d’installer durablement le printemps, et d’en faire une saison à part entière. De fait, cette année, nous avons programmé la date de fermeture de certains resorts à celle des domaines skiables, comme à Val Thorens, La Plagne, Tignes Les Arcs Panorama ou encore Peisey Vallandry. Et bien nous en a pris puisque les réservations sur cette période sont en nette progression, avec des taux de remplissage supérieurs à 70 % en moyenne. Reste la montagne estivale, qui est une destination magnifique mais dont le taux de transformation reste faible en France. Les vacanciers privilégiant davantage le balnéaire l’été. Les stations ont pris conscience de cet enjeu et des efforts sont faits mais d’autres doivent être encore réalisés. À l’image de la Suisse et de l’Autriche qui ont réussi à rendre la montagne attractive l’été. À cet effet, comme pour le printemps, nous lancerons la saison estivale aux Arcs Panorama, du 27 au 29 juin prochains.
(*) Club Med Les Arcs Panorama, inauguré en décembre 2018, vient d’obtenir la certification « BREEAM New Construction », niveau good. Elle s’inscrit dans la démarche globale de développement durable du Club Med. Les Arcs Panorama est le premier resort de montagne en France à recevoir cette certification.
Propos recueillis par Patricia Rey.
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