La start’up de Villefontaine propose une plateforme numérique pour aider les agriculteurs à optimiser leurs productions.
De rencontres peuvent parfois accoucher des projets ambitieux et révolutionnaires.
Quand ils ont croisé leurs routes, Anaël Bibard, ingénieur agronome et fils d’agriculteur; Maxime Rigo, doctorant en biologie et Yannick Pagès, spécialiste de la communication et du marketing, se sont dit que réunir leurs compétences pouvait être très fructueux. «L’idée a germé dès 2013» se remémore Anäel Bibard. «La valeur des exploitations agricoles était sous-valorisée. Les agriculteurs n’avaient pas de repères comparatifs. Ils travaillaient comme leurs grands-pères ou leurs pères le faisaient…» Fort de ce constat, ils ont mis au point dès 2016 une plateforme en ligne (https : //mon.farmleap.com), accessible via le site www.farmleap.com.
“Le blablacar de l’agriculture”
Les cultivateurs saisissent les données recueillies sur leurs exploitations. Elles sont ensuite traitées, analysées et mises à disposition sous forme de graphiques, tableaux ou cartes. Ces données saisies restent anonymes, même si des agriculteurs peuvent, sur le site, constituer des groupes comme sur les réseaux sociaux. « En se connectant, ils vont pouvoir optimiser leur rendement en comparant chaque étape de la production, » détaille Maxime Rigo. « Ils vont savoir quel est le meilleur moment pour semer, et sur quelle parcelle, les variétés les plus fertiles selon le secteur géographique, le bon timing météorologique pour protéger les cultures et les astuces pour limiter les frais de mécanisation. » Une météo ultra-précise et localisée sur les champs cultivés permet de déterminer les besoins en eau avec des statistiques sur les risques de gel ou de sécheresse. Une centaine d’exploitants de la France entière a déjà fait confiance à Farmleap en partageant ses pratiques.
10 000 euros d’économie par an
Son nombre est en constante progression ces derniers mois. La consultation, exceptée pour quelques bilans, est payante, sous forme d’un abonnement mensuel. «C’est de l’économie collaborative, une sorte de BlaBlaCar de l’agriculture!» image Anaël Bibard. Avec ce service, les trois associés de Farmleap, et leurs cinq collaborateurs ciblent, les producteurs qui ont des exploitations moyennes de l’ordre de 100 à 120 hectares. Ils cultivent généralement du maïs, du blé, de l’orge ou de la betterave. L’ambition affichée est de pouvoir fournir, à terme, aux céréaliers, après 5 ans de consultation, un gain de 100 euros par hectare et par an. Ce qui pourrait leur faire économiser jusqu’à 10 000 euros chaque année. De quoi, comme le désigne «Farm leap», permettre aux fermiers de faire un bond en avant.
Le co-farming
Comme plusieurs autres start-ups françaises basées sur le modèle de la plateforme numérique, FarmLeap adhère à Co-Farming. Cette association, dans la même philosophie, prône le rapprochement des agriculteurs, via l’outil Internet. Leur mise en réseau entraîne des possibilités de mutualiser les moyens avec des prêts de matériel et du partage de savoir-faire. Pour convaincre de l’intérêt économique et financier de pratiquer le Co-farming, une grande journée internationale s’est déroulée le 25 janvier à Paris en présence de 250 participants. Des groupements d’agriculteurs, des coopératives ou entreprises de négoce ont assisté aux conférences. Pour prolonger cette démarche, un Co-Farming Tour a été enclenché à travers tout le pays, avec 35 étapes. Un véritable Tour de France pour persuader les acteurs du monde agricole qu’un nouveau modèle est en train de naître.
Par Jérémy Durand
0 commentaires