L’intérimaire en nette croissance dans le Nord-Isère

par | 22 novembre 2018

Si le territoire national a connu cet automne une baisse de l’emploi temporaire, il n’en est pas de même dans le Nord-Isère qui, boosté par le e-commerce, connaît par endroits une progression à deux chiffres.

Cité parmi les premiers indicateurs, l’emploi intérimaire, quand il est en hausse, annonce logiquement une reprise économique, faible ou importante. Dès lors, la baisse de 1,7 % du travail temporaire enregistrée à l’automne en France indique-t-elle la fin de l’embellie ? Pas de quoi inquiéter, encore, Isabelle Eynaud-Chevalier, Déléguée Générale de Prism’emploi, l’organisation professionnelle qui regroupe plus de 600 entreprises de toutes tailles représentant 90 % du chiffre d’affaires de la profession.

Pour elle, « ce léger recul doit être mis en perspective avec un effet de base désormais moins favorable. En effet, l’intérim orienté à la hausse depuis 45 mois se situe désormais à un niveau historiquement élevé ». Dans son dernier Baromètre, Primsm’emploi fait état dans le détail sectoriel d’une tendance qui demeure positive dans le BTP et dans les services, avec des croissances respectivement de +6,4 % et +6,2 %.

Cependant, le travail temporaire fléchit dans l’industrie, avec une amplification du phénomène (-5,8 % en septembre après -3,3 % en août). Les secteurs du commerce et des transports enregistrent quant à eux une contraction moins marquée, avec, respectivement, -1,1 % et -3,1 %. En termes de qualification, les cadres et professions intermédiaires, et les employés, continuent de progresser avec, respectivement, +1,2 % et +0,2 %. L’intérim recule en revanche chez les ouvriers qualifiés (-0,8 %) et les ouvriers non qualifiés (-4,4 %).

L’intérim représente une part relativement stable de l’emploi salarié en France entre 2,9 % et 3,6 % depuis 2000.

La région fait mieux que résister

Située à un carrefour géographique et économique de l’Europe, la région Auvergne-Rhône-Alpes ne connaît pas d’affaiblissement en matière de travail temporaire. Cette dernière année, l’évolution des effectifs intérimaires est même en hausse en de +3,0 %, juste derrière Provence-Alpes-Côte-d’Azur (+ 4,8%). La majorité des secteurs est concernée : les services (+26,5 %), le BTP (+7,3 %) et le commerce (+3,4 %). En revanche, les effectifs reculent dans les transports (-1,4 %) et l’industrie (-2,7 %). Ils progressent chez les employés (+16,0 %), les cadres et professions intermédiaires (+3,9 %) et les ouvriers qualifiés (+1,8 %), mais ils baissent chez les ouvriers non qualifiés (-2,2 %).

Le Nord-Isère s’envole

Si son voisin Le Rhône est en nette progression (+11 %), l’Isère, elle, affiche un léger recul (-0,6 %). Toutefois, le Nord- Isère, en matière de travail temporaire, ne connaît pas la crise. Si crise il y a, elle proviendrait plutôt du manque de candidats. Responsable développement commercial pour la société de travail temporaire Initial à Bourgoin-Jallieu et à La Verpillière, Magali Charvet évoque, agréablement surprise, une croissance d’activité en 2017 de « plus de 20 % ». « On ne s’y attendait pas vraiment ! dit-elle. C’est dû à la saisonnalité ! Août a été aussi bon que juillet, malgré la fermeture des entreprises et la baisse d’activité traditionnelle ».

À cela, une raison, que l’on connaît déjà en Nord-Isère, c’est la montée en puissance de la logistique, grand pourvoyeur de travail intérimaire. « Notre secteur est boosté par le e-commerce et ça ne risque pas de fléchir. On entre bientôt dans la période des fêtes, qui précède, elle-même, celle des retours SAV… », juge la responsable. Les agences intérimaires sur le Nord- Isère sont à peu près toutes logées à la même enseigne. Leur constat est quasisemblable.

Sophie Philippe, associée à l’agence Temporis de Bourgoin-Jallieu, a vu également son activité augmenter sensiblement. Pour elle, les explications sont faciles à comprendre. « Nous sommes situés sur un bassin économique qui attire de plus en plus d’entreprises et donc d’employeurs. Le problème, c’est qu’elles n’arrivent plus à recruter comme elles le souhaiteraient car la population du bassin est très diffuse.

En effet, il n’y a pas vraiment, dans leur rayon, de grandes agglomérations. Il y a donc une pénurie de candidats. Les intérimaires font 30 km maximum pour venir travailler, au-delà, ils réclament des frais de déplacement » explique-t-elle. Certaines agences ont d’ores et déjà signé la charte sur l’emploi lancée par le PIL’ES (Pôle d’Intelligence Logistique) pour tenter de remédier à cela. L’intérimaire, en tout cas, s’avère bel et bien comme un des poumons de l’économie du territoire.

Travailleur temporaire, une vraie profession ?

Le travail temporaire permet à des gens, pas toujours qualifiés, de faire valoir des aptitudes et un savoir faire. L’évolution de l’intérim ne permet pas d’anticiper l’évolution du chômage, qui est influencée par de nombreux facteurs extérieurs à l’emploi. Nouveau sur le marché, le CDI intérimaire, dont pas moins de 43000 ont été signés à fin septembre en France. Lancé en mars 2014, ce type de contrat un peu particulier permet à des agences d’intérim d’embaucher en CDI des personnes qu’elles vont ensuite envoyer en missions chez des clients. Concrètement, le travailleur signe un contrat de travail avec l’agence qui précise sa rémunération minimale garantie, son temps de travail, le type de missions qu’il pourra effectuer (3 métiers différents maximum), le périmètre géographique où il pourra être affecté (en général 50 km ou 1h30 de trajet du domicile), etc.

Pas de typologie particulière

Les effectifs intérimaires progressent chez les employés (+16,0 %), les cadres et professions intermédiaires (+3,9 %) et les ouvriers qualifiés (+1,8 %). En revanche ils baissent chez les ouvriers non qualifiés (-2,2 %).

Cette avancée permet de fidéliser un type de travailleur, par définition, volatile. Mais c’est tout le secteur de l’intérim qui, en donnant la possibilité à des demandeurs d’emplois, peu ou pas qualifiés, apporte, depuis le début, sa pierre à l’édifice. « On apporte un volet social, forcément, même si les agences s’en défendent. On considère les travailleurs temporaires comme nos propres salariés ! Ils n’ont pas de compétences particulières, certes, mais quelquefois, un savoir faire ou des aptitudes, dont la majorité écrasante est constituée d’hommes », explique Magali Charvet, Responsable développement commercial pour la société de travail temporaire Initial à Bourgoin-Jallieu et à La Verpillière. « Il n’y a pas vraiment de typologie du travailleur intérimaire. Le client souhaite juste embaucher des gens motivés qui partagent ses valeurs », surenchérit Sophie Philippe, associée à l’agence Temporis de Bourgoin- Jallieu.


Par Éliséo Mucciante

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