Le projet européen franco-suisse Assist Bat (Assistant du bâtiment) ambitionne d’accompagner les maîtres d’ouvrage tout au long du cycle de vie du bâtiment.
Faciliter une meilleure compréhension des mécanismes et privilégier des décisions et arbitrages rationnels, sur la qualité d’usage et sur la performance en exploitation du bâtiment : tels sont les enjeux du projet européen Interreg Franco-Suisse Assist Bat. Dès cet automne l’outil sera testé par des maîtres d’ouvrage, des architectes et des opérateurs sur des chantiers à Passy, Thonon-les-Bains, Collonges-sous-Salève (Haute-Savoie), Fribourg et Belfaux (Canton de Fribourg, en Suisse).
Piloté par le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de Haute-Savoie (CAUE74, photo à la une) côté français (avec l’appui de son partenaire savoyard CMDL Manaslu Ing.), Assist Bat vise à développer le premier outil numérique d’aide à l’amélioration de la performance énergétique prenant en compte l’ensemble du cycle de vie d’un bâtiment.
« Nous sommes amenés à dépasser le travail que nous faisons habituellement. Nous explorons des pistes et travaillons sur des outils qui n’existent pas pour essayer d’apporter des éléments concrets, d’anticiper et de mieux comprendre ce qui nous arrive. Le projet a démarré en septembre 2021, mais le CAUE 74 est impliqué depuis une douzaine d’années sur la question de la performance énergétique », explique Sylvaine Corbin, coordinatrice Assist Bat au nom du CAUE74.
« Nous nous sommes beaucoup investis auprès des élus et des maîtres d’ouvrage publics de Haute-Savoie, y compris en les accompagnant à l’étranger (Suisse, Allemagne, Autriche) afin de leur montrer comment cela se passe de l’autre côté de la frontière. Et nous-mêmes, au siège du CAUE, nous sommes depuis 2009, dans un bâtiment durable issu d’un programme de recherche. »
Baisse de température
Apporter de nouvelles solutions pour que les bâtiments soient réellement performants, c’est aussi ce qu’essaie de faire Manaslu Ing., basée au Bourget-du-Lac (73). « Notre objectif est de faire des bâtiments appréciés par les occupants. La performance, c’est qu’ils ne consomment pas beaucoup d’énergie, mais également qu’ils soient confortables et sains », rappelle David Corgier, ingénieur énergéticien au sein du cabinet savoyard.
« Il est actuellement beaucoup question des 19 degrés de moyenne pour la température dans les bâtiments (ndlr : le gouvernement et le Président de la République multiplient les incitations). C’est un indice de référence figurant dans le code de la Construction, un code rédigé après-guerre. Dix-neuf degrés, ça peut être une température d’aire, une moyenne entre le jour et la nuit mais ce n’est pas du tout confortable et cela ne permettra pas d’avoir des bâtiments sains avec des personnes en bonne santé », analyse ce spécialiste. En relevant au passage, certaines contradictions : par exemple, les assistantes maternelles à domicile, elles, sont contraintes, de proposer 21 degrés minimum… D’où l’importance de créer des outils digitaux en co-construisant une e-Plateforme pour accompagner les maîtres d’ouvrage publics et privés, dans la pertinence des choix multiples auxquels ils sont confrontés.
À la lueur de la crise énergétique actuelle, proposer de nouveaux outils digitaux aux professionnels de la construction tant pour les projets de nouveaux bâtiments que pour les rénovations prend encore plus de sens. Meilleure qualité d’usage, diminution des consommations donc amélioration du bilan carbone et baisse des dépenses… ces objectifs ont valu à Assist Bat le soutien de l’Union européenne via le Fonds européen de développement régional (Feder) à hauteur de 248 163,50 € et celui de la Confédération pour 145 000 francs suisse. Et même si cela peut paraître paradoxal, pour assurer la réussite de ce projet, les spécialistes impliqués… n’économisent pas leur énergie au travail !
Carole Muet
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