En Savoie Mont-Blanc, le parc de logement social est loin de satisfaire un besoin toujours croissant…
La Haute-Savoie comptait 33 172 demandeurs de logement social fin 2023, un chiffre en hausse de près de 14 % sur un an et de 35 % en cinq ans. La tendance se vérifie également côté Savoie, même s’ils sont deux fois moins nombreux (14 230, soit +9 % sur an et +19 % par rapport à 2019).
Un tiers des demandes concerne des mutations. Autrement dit, un souhait de changer son logement actuel pour un autre au sein du même parc immobilier. Parallèlement, ce parc n’enregistre respectivement que 1 330 et 500 nouvelles mises en service en moyenne chaque année (sur dix ans). Soit au total 53 741 logements pour la Haute-Savoie (14 % des résidences principales) et 35 396 pour la Savoie (17 %).
Une longue attente
Ces chiffres sont loin de couvrir les besoins. Et ce, notamment en Haute-Savoie, connue pour son marché ultra tendu, où les prix dans le privé, à l’achat comme à la location, excluent une part toujours plus importante de la population. Un phénomène qui contraint les ménages à rester dans leur logement actuel, engendrant un faible taux de mobilité (8,3 %, dans le top 20 national hors Île-de-France, et 9,2 % pour la Savoie) et des délais d’attente à rallonge.
Il faut en effet patienter en moyenne dix‑huit mois en Haute-Savoie, et seize en Savoie, pour se voir attribuer un logement. Avec une tension particulièrement forte dans les communautés d’agglomération d’Annecy (vingt-et-un mois) et d’Annemasse (vingt).
Autre signe d’un marché décorrélé de la demande : nombreux sont ceux qui, au regard de leurs revenus, gagnent trop pour prétendre à un logement social, mais pas suffisamment pour accéder au parc locatif privé, et encore moins à la propriété.
Alors même que 53 % des ménages de Haute-Savoie seraient éligibles au logement social (plus de 60 % en Savoie ). En outre, les logements sociaux à très bas loyer (< 4,5 €/m2) sont de moins en moins nombreux. En Haute-Savoie toujours, ils représentaient 16 % du parc en 2012, contre seulement 4 % en 2022. Tandis que ceux à loyers élevés (> 7,5 €/m2) sont passés de 10 % à 17 %. Même constat côté Savoie : respectivement de 24 % à 8 % et de 6 % à 12,5 %. Pour des loyers moyens de 6,65 €/m2 en Haute-Savoie et de 6,27 €/m2 en Savoie.

Audrey Lebedeff
On assiste en fait à la dérégulation du marché, résultante de plusieurs phénomènes :
Hausse des coûts de l’immobilier en Haute Savoie, notamment à Annecy
1-Du fait de l’autorisation faite aux Suisses de pouvoir acheter ici.
2- De la croissance du nombre de frontaliers, disposant de moyens nettement supérieurs aux autres savoyards et Genève annonce un besoin élevé dans les 10 prochaines années. Donc ce n’est pas fini.
3- Explosion des Airbnb, devenu majoritairement le fait d’investisseurs peu scrupuleux, retirant du marché des logements plus accessibles. Avec une incapacité de nos politiques nationaux et locaux à réglementer ce phénomène.
4- Niveaux de revenus insuffisant compte tenu du coût de la vie en Haute Savoie.