La présentation de la saison 2021-2022 de l’orchestre des pays de Savoie – placée sous le thème des « Etoiles propices » – a été l’occasion pour son nouveau directeur musical, Pieter-Jelle de Boer, d’une véritable profession de foi pour la musique.
L’orchestre respire : il retrouve son public. Certes, dix-huit mois de crise sanitaire ne l’avait pas réduit au silence, mais l’avait coupé de sa principale raison d’être, le spectacle vivant. A en croire le président de l’association Jean-Loup Galland, la période a été délicate, mais aussi riche d’opportunité. La chance, c’est sans doute qu’elle ait correspondu au début d’un nouveau cycle : Julie Mestre, nouvelle directrice générale, est arrivée en janvier 2020. Quant à Pieter-Jelle de Boer, il a été nommé quelques semaines plus tard pour prendre la succession de Nicolas Chalvin, qui aura tenu la baguette de l’orchestre pendant douze ans.
Les musiciens ne sont pas restés l’instrument au pied pendant la crise. « Nous avons expérimenté, raconte Julie Mestre, nous avons multiplié les captations numériques. La réalisation de notre calendrier de l’avent musical, en collaboration avec France 3, reste un excellent souvenir et a été une respiration pour beaucoup. Et puis, nous avons entamé un travail de fond sur notre responsabilité sociétale et environnementale. Nous réalisons par exemple le bilan carbone de l’orchestre cet automne. » Un travail rendu possible grâce à l’accompagnement fidèle des Départements de Savoie et Haute-Savoie et des mécènes du club Amadeus, plus que jamais nécessaires pour la formation…
A vrai dire, la formation est rompue à ce type d’expérimentation. La saison commence par une tournée des écoles, avec 1300 élèves des pays de Savoie concernés, de la maternelle au collège. Elle comprendra un conte participatif, « Ondin et la petite sirène », où l’héroïne se retrouve dans un océan de déchets plastiques ; une création de théâtre musical, « la trajectoire d’Orion », du dramaturge Lionel Rougerie ; un concert de gospel où le public sera invité à participer ; un requiem de Fauré en collaboration avec les chorales de Savoie (elles travaillent sur le projet depuis trois ans !) ; la réappropriation de Georg Muffat, auteur baroque fort connu en Allemagne, mais bel et bien né à Megève en 1653, et d’autres initiatives.
L’envie de reprendre sa place dans la cité est forte pour les musiciens comme pour le directeur musical. « Qu’est-ce qu’un orchestre sans concert ? interroge-t-il. Nous avons besoin, collectivement, de musique, et nous avons besoin de la vivre ensemble, sans filtre, sans masque si j’ose dire… Elle est le langage commun de l’émotion et de l’esprit. Elle nous fait vibrer ensemble. Elle nous rend plus humain ». Et il ose, dans un sourire : « elle est l’ultime réseau social ! »
Une déclaration d’amour à la musique, donc, mais également à l’orchestre, « des solistes mais qui jouent ensemble ; une élite que ne se veut pas élitiste ; des musiciens ambitieux mais pas prétentieux. Notre volonté : partager notre humanité à travers la musique ».
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