Mobilité : faire de la place aux vélos du quotidien

par | 20 mai 2022

De plus en plus de Savoyards prennent leur vélo pour leurs usages du quotidien. Les collectivités accompagnent le mouvement.

La crise sanitaire a servi de révélateur à un phénomène d’ampleur : le développement des pratiques cyclables du quotidien, pour se rendre au travail, faire ses courses, aller à son cours de chant…

Selon l’observatoire de l’association Vélos et Territoires (présidée par la Haut- Savoyarde Chrystelle Beurrier, avec le Savoyard Nicolas Mercat comme premier vice-président et trois autres membres du conseil d’administration issus des pays de Savoie !), cette fréquentation a progressé de 13 % entre 2019 et 2020, contre 7 % pour les usages de loisir : le vélo “de la semaine” prend-il le pas sur celui “du dimanche” ?

En Haute-Savoie, le président de Cellule Verte 74, Philippe Rosset, pointe l’enjeu : « Selon le rapport La France à vingt minutes à vélo, 75 % des déplacements sont de moins de 10 km, donc cyclocompatibles. Mais on nous dit qu’il faut finir les voies vertes avant d’aller plus loin, qu’il faut respecter des normes sur les routes à grande circulation… »

Pacifier les routes

Le phénomène n’a pas échappé à Hervé Gaymard, président du conseil départemental de la Savoie, qui a proposé aux principaux acteurs (élus, associations) une rencontre sur le sujet, la semaine dernière. La collectivité consacre 3,5 millions d’euros par an aux infrastructures cyclables. Le Département en est à 130 km de véloroutes aménagées et 200 km de bandes cyclables sur son propre réseau (il faut y ajouter les aménagements sur voiries communales et d’intérêt communautaire – le seul Avantpays savoyard en prévoit 205 km).

Mais, comme ailleurs, cette voirie cyclable est encore souvent orientée “loisirs” : 68 itinéraires cyclo balisés et 40 cols bornés en Savoie, par exemple. Pas si grave, estime Camille Thomé, directrice de Vélo et Territoires : « C’est bien d’utiliser ces épines dorsales pour développer progressivement un maillage local. » « Nous étions plus focalisés sur les grands itinéraires touristiques », reconnaît Marie-Claire Barbier, présidente d’Agate, l’Agence alpine des territoires. « Aujourd’hui, nous tournons notre offre d’ingénierie vers des communes et intercommunalités qui n’ont pas toujours les moyens de gérer ce type de projets. »

Julien Manniez, le directeur de l’Agence Écomobilité, qui assure qu’il serait possible de réduire de 5 à 35 % le nombre des voitures avec un projet bien ficelé… Ce qui veut dire : des aménagements (sachant qu’une seule traversée de route dangereuse peut s’avérer rédhibitoire), mais également de la formation et de l’accompagnement (vélobus, pédibus).

Il est aussi possible de faciliter les reports modaux en ciblant des publics particuliers. Les collégiens par exemple. L’enjeu ? briser le cercle vicieux « Il y a trop de voitures, je ne laisse pas mon enfant y aller à vélo… et j’y vais en voiture », décrit Julien Manniez, le directeur de l’Agence Écomobilité, qui assure qu’il serait possible de réduire de 5 à 35 % le nombre des voitures avec un projet bien ficelé… Ce qui veut dire : des aménagements (sachant qu’une seule traversée de route dangereuse peut s’avérer rédhibitoire), mais également de la formation et de l’accompagnement (vélobus, pédibus).

L’Éducation nationale déploie son programme “Savoir rouler”. Le Département de la Savoie accompagne l’opération (« Nous voulons la tester sur sept collèges », annonce la vice-présidente Nathalie Schmitt). État, Département, intercommunalités, communes, Éducation nationale… Cela commence à faire beaucoup d’intervenants. « La gouvernance est une question », assure Camille Thomé. « Les Départements, garants des solidarités, de l’équilibre des territoires et, bien sûr, des réseaux départementaux, peuvent jouer un rôle de coordination et de réflexion globale. »

Le défi des bandes cyclables

Car la loi Zéro artificialisation nette, qui interdit de “consommer” de nouveaux sols naturels, complique la donne : « On ne va pas pouvoir construire partout des sites propres », résume Camille Thomé. « Il va falloir aménager les routes, et donc apaiser les vitesses. » « Le partage de la voirie est le défi de la décennie », confirme Florian Maitre, conseiller départemental délégué aux mobilités du quotidien. Il ne faut pas se mentir : augmenter le niveau de service des vélos, cela veut dire diminuer, au moins un peu, celui des voitures.


Philippe Claret

1 Commentaire

  1. Philippe Rosset

    « Depuis 2020, le nombre de cycliste a augmenté de 40% en France (Source : velo & territoires) ! Et pourtant, en 2021, les déplacements quotidiens à vélos ne représentent que 3% dans tout l’hexagone. Depuis 2018, la France s’est dotée d’un Plan National Vélo ambitieux associé à un objectif de 12% des déplacements effectués à vélo en 2030. Mais ne pouvons-nous pas être plus ambitieux ? »
    Nous vous invitons à lire le rapport de BL évolution « LA FRANCE À 20 MINUTES À VÉLO »
    https://www.bl-evolution.com/publication/la-france-a-20-minutes-a-velo/

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