Objets connectés, avez-vous une âme ?

par | 15 novembre 2018

La question méritait d’être posée ! Et elle le fut, par le Centre Hospitalier de Bourgoin-Jallieu, qui teste actuellement Pepeer, un robot interactif au service des patients.

L’Internet des objets, ou IoT (Internet of Things), est un scénario dans lequel « les objets, les animaux et les personnes se voient attribuer des identifiants uniques, ainsi que la capacité de transférer des données sur un réseau sans nécessiter aucune interaction humain-à-humain ou humain-à- machine ». L’IoT est issu de la convergence des technologies sans fil, des systèmes micro-électromécaniques et d’Internet. Notons que dans l’Internet des objets, un “objet” peut être une personne équipée d’un pacemaker, un animal de ferme qui porte une puce, une voiture qui embarque des capteurs pour alerter le conducteur lorsque la pression des pneumatiques est trop faible, etc.

Bref, « Tout objet naturel ou fabriqué par l’être humain auquel peuvent être attribuées une adresse IP et la capacité de transférer des données sur un réseau » ! Si le concept n’avait pas de nom avant 1999, l’Internet des Objets se développe depuis des décennies. Ainsi, la première appliance n’était-elle qu’un distributeur de Coca-Cola installé à la Carnegie Melon University au début des années 80. Les développeurs pouvaient se connecter à la machine, via Internet, en contrôler l’état et ainsi déterminer s’ils pouvaient compter sur une boisson fraîche, au cas où ils se décideraient à descendre les étages. Fainéantise et intelligence font bon ménage !

Somme toute, une bonne invention doit pouvoir alimenter d’autres vertus que celle-ci et s’est tout naturellement que l’IoT s’est invité dans la médecine. Au Centre Hospitalier de Bourgoin-Jallieu, par exemple, les équipes testent actuellement un robot humanoïde au langage corporel fluide et expressif qui reconnait les personnes et peut interagir avec elles. Peeper, c’est son nom, a été mis au point par ERM AUTOMATISMES et peut se déplacer sans difficultés grâce à ses nombreux capteurs.

Cellules… grises

De plus en plus, les objets connectés se multiplient sur le marché de la santébien- être et en particulier dans le milieu hospitalier. ANAXI propose ETOLYA, un sous-matelas permettant de détecter une absence prolongée de la personne hors du lit afin de prévenir les aidessoignantes d’une situation anormale (chute, déambulation, etc.) et de créer un chemin d’éclairage pour aider le patient à se déplacer la nuit. HDSN, lui, est spécialisé dans la détection de polluants. Sa solution HDeCare permet le suivi en temps réel du confort des chambres (température, hygrométrie, qualité de l’air) avec un dispositif d’alerte.

Les exemples sont riches et ont même fait l’objet d’une présentation lors de l’événement Santé, “L’IoT, créateur de valeur”, le 5 novembre dernier, au CH de Bourgoin-Jallieu, co-organisé avec CAP’TRONIC et la CCI Nord-Isère. Céline Vieux, Directrice générale du CH de Bourgoin-Jallieu, dont l’établissement bénéficie du tout numérique, a pu évoquer à cette occasion la Cellule Innovation créée pour « fédérer sur le territoire les acteurs de la santé, au bénéfice du patient. » Invité, l’ancien directeur d’établissement, M. Malachina, Délégué de la Fédération Hospitalière Régionale, veut voir dans ces objets connectés et artificiels « des enjeux forts ! » « L’innovation a toujours été dans la médecine ! » assure-t-il.

Si le concept n’avait pas de nom avant 1999, l’Internet des Objets se développe depuis des décennies. Ainsi, la première appliance n’était-elle qu’un distributeur de Coca-Cola installé à la Carnegie Melon University au début des années 80.

Et aux soignants qui pouvaient se montrer réticents quant à confier la santé de leur patient à un objet connecté, il a confié : « Appréhendez l’avenir avec positivisme ! » Même constat pour Daniel Paraire, Président de la CCI Nord-Isère, pour qui « l’innovation doit être croisée et créatrice de valeurs. » Après quelques réticences, l’Intelligence Artificielle se développe rapidement dans les établissements français qui tentent de combler leur retard pris avec leurs homologues nord-américains. Chez l’oncle Sam, on en fait carrément un outil de management en privilégiant plutôt la notion d’“Intelligence Accompagnée”.

Mais ici, comme ailleurs, le diagnostic que rendra un objet connecté invitera toujours le soignant à se précipiter plutôt au chevet de tel patient qu’un autre. Aux USA, obtenir à l’aide de l’IoT un soda frais ou un résultat d’analyse médicale revêt le même caractère d’urgence (les deux ont même quelques raisons d’être liés). On peut en sourire, on peut se dire aussi que vulgariser un phénomène reste le meilleur moyen de se l’approprier. Comme pour chaque révolution technologique, le plus dur étant toujours de s’y mettre !

Entre table-rondes et keynotes sur les attentes, les technologies IoT médicales et leur mise en place étaient au programme au CH Pierre Oudot de Bourgoin-Jallieu qui accueillait également un showroom d’exposition de produits et services.

Une solution pour lutter contre les déserts médicaux

Téléconsultation, analyse.., dans le milieu de la santé, les objets connectés pourraient prendre de plus en plus le relais, pour pallier l’absence de professionnels. Comment se rendre chez son médecin traitant ou même à son laboratoire d’analyses médicales quand ils sont situés à une bonne cinquantaine de kilomètres de là et qu’on est sans moyens de locomotion ? C’est un état de fait que l’on constate de plus en plus au fur et à mesure que les déserts médicaux se multiplient dans les zones rurales.Fondée par le CEA et Bpifrance, financée par le ministère de l’Économie et des Finances, l’association JESSICA France est chargée de la mise en oeuvre du programme CAP’TRONIC. Celui-ci a pour objectif d’aider les PME françaises, quel que soit leur secteur d’activité, à améliorer leur compétitivité grâce à l’intégration de solutions électroniques et de logiciel embarqué dans leurs produits. Spécialistes en électronique et en logiciel embarqué, les 24 ingénieurs CAP’TRONIC sont présents sur l’ensemble de la France, au plus proche des entreprises et des défis qu’elles doivent relever au quotidien. En 2017, CAP’TRONIC a aidé 3 500 PME, tous secteurs confondus, à conquérir de nouvelles parts de marché en faisant de l’électronique et du logiciel embarqué le levier concurrentiel indispensable à leur croissance.

La solution, très ambitieuse, consisterait à multiplier les objets connectés pour pouvoir effectuer les fameuses téléconsultations et autres analyses… À l’aide de son smartphone, l’infirmière pourrait envoyer aussitôt l’analyse effectuée au laboratoire pour que la valeur en soit connue, sans attendre le reste de la journée. Ce qui revêt, pour le coup, un autre avantage, celui de libérer du temps pour le soignant.

Toutefois, pour Jean-Louis Faure, Chef du pôle médico-technique au CH de Bourgoin-Jallieu, cette solution engendre d’ores et un problème : la protection des données personnelles. « On est loin d’être sécurisé ! », déploret- il. Le RGPD ou le Règlement général sur la protection des données entré en vigueur cette année, non seulement fait défaut, mais, plus inquiétant encore, empêcherait d’aller plus loin encore dans les soins.

Une couverture pour le patient

Autre frein à l’essor des objets médicaux connectés dans les zones rurales, c’est la mauvaise couverture Wi-Fi. Sans connections, par d’utilisation possible, pas de salut ! Enfin, dernier problème, de taille, c’est celui de la formation des soignants aux objets innovants. « C’est une véritable culture et nous n’avons pas encore cette culture ! » a regretté tout bonnement Alexandre Benoît, Infirmier anesthésiste ingénieur, intervenu durant la table ronde.

Voilà plusieurs années que les offres d’objets connectés (IoT) se multiplient sur le marché de la santé/bien-être et en particulier dans le milieu hospitalier. L’enjeu était de comprendre la valeur apportée par ces objets : pourquoi et comment les utiliser.


Par Éliséo Mucciante

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