Parves-et-Nattages : habitants et élus contre un projet de carrière

par | 04 mai 2022

À Parves-et-Nattages, le projet de réouverture et d’extension d’un site d’extraction de roches massives au lieu-dit du Rocheret suscite la colère des habitants.

Un collectif d’habitants s’est constitué sur la commune de Parves-et-Nattages en réaction au projet d’ouverture d’une carrière au Rocheret. Les élus des communes de Virignin, Belley, Parves-et-Nattages et de la communauté de communes Bugey Sud ont voté contre et les responsables d’Irisolaris, qui exploite le parc photovoltaïque voisin, y sont également fermement opposés.

Présenté par la société Guinet Derriaz Carrières, le projet envisage l’extraction d’un maximum annuel de 60 000 tonnes de matériaux. Afin de les acheminer vers leur destination finale, cela entraînerait un transport par route de 12 allers-retours de camions de 25 tonnes par jour. Pour les élus comme pour les habitants, les routes étroites et sinueuses du village ne sont pas adaptées à ce type de circulation. Au-delà du risque d’accidents et des nuisances, les membres de l’association évoquent l’impact de l’empreinte carbone sur le réchauffement climatique.

« Nous sommes nombreux sur Parves-et-Nattages à être mobilisés et notre première manifestation dans le village a été un succès avec la présence de 200 personnes. Nous avons également lancé une pétition sur change.org qui a déjà recueilli 542 signatures. De faible intérêt public en termes de granulats, cette exploitation entraînera des conséquences graves sur l’environnement, sur la sécurité routière et la santé », explique Jérôme Chaumarat.

Le président de l’association Nature en Partage 01 tient également à rappeler que les terrains alentour, « convoités » par le carrier, abritent des espèces protégées comme le crapaud calamite. « Nous essayons de nous faire entendre par la préfecture et pour l’instant nous avons des mises en attente. Nous avons espoir que les autorités ouvrent les yeux sur les différents aspects en termes de réchauffement climatique, de sécurité routière et d’atteinte à l’environnement. Le 14 mai, nous allons nous remobiliser, à Parves Bourg, pour un temps convivial autour de la naissance de l’association et pour faire un point sur la situation. »

Forte mobilisation

Après un mois d’enquête publique, du 24 janvier au 25 février, le résultat est tombé. « Le rapport du commissaire-enquêteur a donné un avis favorable au projet de carrière sur le site du Rocheret et cela nous a un peu “scotchés”. La mobilisation des habitants était importante, avec plus de 149 personnes qui se sont déplacées », confie madame le maire, Claude Comet. Les contributions émises dans le cadre de cette enquête publique sont au nombre de 156 au total et portent sur tous les aspects du dossier et notamment les contraintes environnementales, la sécurité routière ou les impacts sur le parc photovoltaïque voisin.

L’occasion pour l’édile de revenir sur l’historique déjà long du dossier : « Dans les années 2010, le carrier en place ne payait plus aucune redevance à la commune. Il a fait faillite en 2013 et le maire de l’époque s’était battu pour arrêter le droit d’exploitation de la carrière, ce qu’il avait obtenu au tribunal. Lorsque je récupère la mairie en 2014, nous avions tout de suite le projet d’installer une centrale photovoltaïque. Avec Patrick Araldi, adjoint en charge de la transition énergétique, nous y tenions particulièrement. Je me retrouve avec une parcelle communale (une ancienne carrière) dont on a récupéré la jouissance. Sauf que le site n’a pas été remis en état comme il doit normalement l’être à la fin d’une exploitation », rappelle Claude Comet.

Autorisation dans l’année ?

La mairie s’est ainsi retrouvée avec un site encombré de 130 000 tonnes de blocs de pierre. « Il fallait trouver les voies et moyens de faire évacuer ces blocs. Il fallait également que le site reste identifié à la fois comme carrière sur le document d’urbanisme (tant qu’elle n’était pas vidée de ces blocs) et en zone d’énergie renouvelable. Si le carrier, à cette époque-là, a signifié son souhait de développer un projet de carrière, il faut savoir que le site du Rocheret est connu pour la pierre marbrière et non pour des enrochements et granulats qui sont la spécialité de l’entreprise qui veut relancer l’exploitation », détaille l’élue avant de préciser que cette carrière n’a jamais produit plus de 15 000 tonnes par an, soit quatre fois moins que pour le nouveau projet. « Par ailleurs, nous avons été extrêmement surpris de voir sortir ce dossier, sans qu’il y ait vraiment de concertation préalable », renchérit l’élue.

De son côté, Thierry Dannenmuller, dirigeant de la société Guinet Derriaz et porteur du projet, rappelle que le démarrage d’une carrière est soumis à une déclaration préalable : « Dans ce cadre, nous devons répondre à toutes les contraintes et spécifications qui nous sont imposées. Quant aux requêtes supplémentaires que la commune et des habitants ont émises, dans le cadre de l’enquête publique, nous les avons prises en considération en ce qui concerne les problématiques de transport. Nous avons intégré de nouvelles mesures en termes de trafic (le nombre, le bâchage) et sur des paramètres importants comme la vitesse. »

La société va, en l’occurrence, procéder à la création d’une voie de desserte spécifique tant parce qu’elle n’aura plus d’accès par le parc photovoltaïque que « pour limiter le bruit et tenir compte de la circulation des cars scolaires », explique le carrier, qui va par ailleurs procéder en outre à des aménagements type vestiaires et installations de chantier sur le site.

Avant d’aller plus avant dans son propos, le dirigeant tient à rappeler que la société Guinet Derriaz s’est attachée à remettre en état le site qui accueille le parc photovoltaïque. Historiquement exploité depuis les années 1930 jusqu’en 2013, le calcaire de Rocheret (calcaire berriasien-valanginien) est identifié comme un gisement d’intérêt régional pour la roche ornementale.

« Nous avons prévu des systèmes de rabattement de poussières plus performants que ceux qui sont actuellement sur notre site. Nous allons également limiter le nombre de tirs de ligne à six par an au lieu de 12 et qui plus est, ni en juillet, ni en août », ajoute Thierry Dannenmuller. La société Guinet Derriaz a bon espoir d’obtenir dans le courant de l’année une autorisation d’exploiter pour une durée de 30 ans.


Le parc photovoltaïque en péril

Après plus de 9 ans à porter le projet de centrale photovoltaïque (lire Eco de l’Ain du 6 janvier 2022), l’ouverture d’une carrière au Rocheret mettrait l’installation en péril, assure ses opposants. « Nous restons vent debout face à ce projet parce qu’il menace la rentabilité de la centrale photovoltaïque dans laquelle la commune a injecté de l’argent public. Nous sommes très investis dans le développement durable et dans la transition énergétique. Cette centrale, rappelons-le, vient à peine d’être reliée aux réseaux et reconnue par l’État », explique Claude Comet, maire de Parves-et-Nattages. D’une puissance totale de 14 mégawatts-crête (MWc), assurée par 28 619 panneaux photovoltaïques, cette centrale solaire sera à terme, la plus grande du département. La construction se fait en deux phases. La première s’étend sur 6 hectares et produit 4,5 MWc, soit environ la consommation du village, qui compte 980 habitants. La seconde phase, de 9,6 hectares et d’une puissance de 9,4 MWc, devrait être raccordée en 2023.


Carole Muet

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