Le prêt garanti par l’État (PGE) est la mesure emblématique de soutien à l’économie prise par le gouvernement en 2020. Mais 2021 verra les premiers remboursements…
Pour faire face à la crise provoquée par la pandémie de Covid-19, 300 milliards d’euros ont été mis à la disposition des entreprises sous forme de prêts garantis par l’État (PGE). Un large consensus se dégage pour estimer que la mesure a permis d’absorber le choc économique causé par l’arrêt brutal de l’économie. Mais un prêt reste un prêt : il faudra le rembourser. Toutes les entreprises le pourront-elles ? Car la consigne donnée par l’État aux banques (ce sont bien elles qui octroient les prêts) est de les distribuer le plus largement possible.
Résultat : un taux de refus à 2,5 % au plan national, et même inférieur à 1 % à la Banque Populaire Auvergne-Rhône-Alpes (BP Aura), alors que selon le site MoneyVox, au dernier trimestre 2019, un tiers des TPE et 13 % des PME s’étaient vu refuser leur demande de prêt bancaire. En Auvergne-Rhône-Alpes, « près de 86 000 entreprises ont été accompagnées, soit un total de 13,9 milliards d’euros de prêts garantis par l’État accordés », précise David Jeancler, délégué des Savoie chez Bpifrance.
De son côté, BP Aura a octroyé 19 000 PGE pour un montant de 2,5 milliards d’euros (en Pays de Savoie, 3 850 PGE totalisant 525 millions d’euros). « Quatre-vingt-dix pour cent des bénéficiaires sont des TPE », souligne son directeur général, Daniel Karyotis. Les premiers remboursements ne sont pas prévus avant avril 2021 et, pour Bpifrance, les entreprises « feront face, car elles ont la possibilité de rembourser sur quatre ans ». Jean-Luc Raunicher, le président du Medef Aura, estime, lui, qu’ « un tiers des PGE seront remboursés dans deux ans », et rappelle que « seulement la moitié de ces prêts ont été consommés ». Mais il convient que le second confinement assombrit le tableau.
Pour sa part, le secrétaire général de la CPME 74, André Falcomata, met en garde : « Il ne faut pas que le PGE soit un déclencheur de dépôt de bilan. » D’autres observateurs partagent cette crainte. Selon Denis Ferrand, le directeur général de Rexecode, il y aurait en France 5 % d’entreprises « zombies » (virtuellement en état de cessation de paiement). Déjà fragiles, pourront-elles honorer leurs engagements si l’activité peine à repartir ? Pour André Falcomata, toutefois, la question du remboursement se posera… plus tard, l’urgence étant d’abord de survivre à 2021.
Du côté des banques, on assure rester aux côtés des entreprises. BP Aura décale automatiquement les remboursements de PGE d’un an, et Daniel Karyotis parie sur un effet rebond en 2021 (« C’est un élément mécanique après une crise profonde »), tandis que David Jeancler estime, pour Bpifrance, que les entreprises ne retrouveront « qu’en 2022 le niveau de 2019 », mais assure que les banques n’ont aucune envie « d’ajouter une crise financière à la crise sanitaire ».
Alexia Bontron et Philippe Claret
Crédit photo : Anne Nygård sur Unsplash
ECO « Rétro 2020 »
Cet article est issu de notre numéro « La Rétro 2020 ».
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