Allizé Plasturgie et Plastipolis se sont retrouvés au commissariat à l’énergie atomique de Grenoble (CEA). Un événement placé sous le signe de l’innovation.
Plastic’Aura Events aura été un succès. Près de 150 personnes se sont déplacées au Commissariat à l’énergie atomique de Grenoble pour assister aux assemblées générales d’Allizé Plasturgie et Plastipolis. Surtout, l’enjeu de ce rendez-vous visait à placer l’innovation dans la plasturgie au coeur des échanges. Car dans la région, le secteur d’activité ne manque pas d’être représenté. « Si l’on pense naturellement, et à juste titre, au bassin de la Plastics Vallée, le plateau de Sainte-Sigolène compte aussi nombre de clusters, tout comme la région de Thiers, ou encore Romanssur- Isère et Grenoble », énumère Étienne Béchet de Balan, président régional d’Allizé Plasturgie.
Le syndicat réunit 540 industriels adhérents parmi les 900 répartis en Auvergne- Rhône-Alpes. Après une matinée consacrée aux assemblées générales, les industriels présents étaient conviés, l’après-midi, au travers de retours d’expérience, à monter dans le train de l’innovation. Ainsi, l’une des tables rondes a rassemblé Gérard Pichon, responsable R&D chez Barbier Plastic Solutions, Alain Canals, directeur industriel de Faiveley Plast et Didier Muller, responsable R&D chez Sintex NP Group.
Tous ont raconté leurs démarches d’innovations menées au sein de leur entreprise, soutenues par Allizé Plasturgie et la Matériautech, IPC ou encore Plastipolis. Au-delà de leur expérience individuelle, les intervenants ont été unanimes pour affirmer que l’innovation en entreprise est le résultat d’un état d’esprit impulsé par le chef d’entreprise lui-même. Un message corroboré par Étienne Béchet de Balan, qui a largement trouvé écho dans l’assistance.
« Prendre le leadership de l’innovation »
Si certaines entreprises vendent leurs produits de grande consommation sous leur propre marque, d’une manière générale, l’industrie plastique relève d’une activité de sous-traitance importante, pour les marchés de l’automobile, l’électronique et l’électrique, le médical et le pharmaceutique. « La plasturgie est une industrie relativement récente où la concurrence étrangère est rude. Le moyen pour nous d’obtenir des marchés auprès des donneurs d’ordre, c’est l’innovation, assure Étienne Béchet de Balan. Nous avons longtemps répondu aux demandes de nos clients, aujourd’hui, nous les anticipons grâce au pôle recherche et développement au sein de nos entreprises. Nous prenons le leadership sur la création. Bien sûr, cela nécessite des investissements, mais nous sommes en mesure de proposer des solutions innovantes et de la valeur ajoutée ».
Grâce aux évolutions opérées, les matières plastiques résistent beaucoup mieux aux aléas extérieurs. Par exemple, les pièces plastiques présentes sous le capot d’une voiture sont conçues pour rester performantes à une température de 120 degrés. « Il y a vingt ans, les voitures comprenaient entre 5 % et 10 % de plastique, contre 40 % actuellement, avance le président régional d’Allizé Plasurgie, par ailleurs secrétaire général de CEP Groupe à Thiers (Puy-de-Dôme). De plus en plus, l’emploi du plastique dans l’industrie vient remplacer des matériaux comme l’acier, le verre et parfois le bois car le plastique offre l’avantage d’être léger».
Environnement et process industriel
En effet, l’innovation s’invite dans les process industriels. L’enjeu étant de fabriquer des objets plastiques toujours plus résistants; en utilisant un minimum de matière. Pour rendre cette équation possible, la R&D permet des simulations par ordinateur pour amincir les parois et obtenir des objets plus légers et tout aussi solides. Et ceux qui associent le plastique à la pollution de notre environnement, peuvent se rassurer. « Le plastique peut être broyé puis réutilisé à l’infini, indique Étienne Béchet de Balan. Notre collaboration avec les sociétés de recyclage consiste à récupérer des matières plastiques post-consumer ». Autrement dit, l’usage de plastique recyclé peut éviter de recourir à la matière issue du pétrole. Autre piste d’innovation pour les industriels de la plasturgie : les matières biosourcées.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, ces derniers sont capables de produire du plastique à partir de fécule de pomme de terre, de maïs ou même de canne à sucre. En Auvergne, l’entreprise Limagrain transforme des résidus agricoles en matières plastiques résistantes. « Nous les incorporons ensuite à nos produits pour fabriquer des flacons de médicaments, ou des couverts en plastique par exemple, détaille le président régional en fonction depuis septembre 2016. En plus de leur origine naturelle, les matières biosourcées sont également biodégradables, donc écologiques ».
Plastipolis et la JCEP fusionnent
Le pôle de compétitivité a officialisé ce nouveau rapprochement lors de son assemblée générale le 24 avril à Grenoble. «Incités par les instances régionales dans le cadre du projet global Ambition Plasturgie pour 2030 pour une plasturgie durable, intelligente et sûre, et convaincus de la valeur ajoutée de ce rapprochement, nous avons oeuvré conjointement pour mutualiser nos expertises et nos savoir-faire », a affirmé Emmanuelle Bouvier, présidente de Plastipolis. Le pôle de compétitivé a acté sa fusion avec la Jeune chambre économique de plasturgie (JCEP) de Haute-Loire, à l’occasion de son assemblée générale à Grenoble.
«CETTE FUSION DOTE PLASTIPOLIS D’UN SAVOIR-FAIRE DANS LE DOMAINE DE L’EMBALLAGE ET DES PLASTIQUES SOUPLES».
Si le projet était évoqué depuis plusieurs mois, sa concrétisation permet à Plastipolis d’asseoir davantage sa présence sur le sol régional. Forte d’une entité en Auvergne, à Lyon et Oyonnax, la JCEP se mue désormais en Plastipolis, ses 23 entreprises membres intégrant de fait le compteur des adhérents du pôle de compétitivité. « Au-delà du déploiement géographique, cette fusion dote Plastipolis d’un savoir- faire dans le domaine de l’emballage et des plastiques souples, nous permettant ainsi de bénéficier d’une complémentarité renforcée sur les métiers de la plasturgie », a complété Emmanuelle Bouvier. Un argument fort porté par la présidente qui croit « en l’initiative fédératrice et ambitieuse de la filière ».
Association créée en 2007 par les industriels de la plasturgie de Haute-Loire, la JCEP est une instance reconnue en Auvergne. Labellisée cluster d’excellence par le conseil régional en 2010, elle rejoint les acteurs du secteur pour accompagner et initier des projets d’innovation auprès des entreprises auvergnates. La JCEP est notamment experte dans les technologies de transformation et d’extrusion-gonflage. La région Auvergne-Rhône-Alpes est la région leader en France et en Europe pour l’industrie de la plasturgie avec plus de 850 entreprises et 25 000 salariés. Dès sa création en 2005, Plastipolis a ainsi fondé son rayonnement sur ce potentiel régional indéniable.
Par Sarah N’tsia
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