Politique : Pierre Maudet touché en plein vol

par | 07 septembre 2018

À Genève, le Président du Conseil d’État est au coeur d’un scandale entourant le financement d’un voyage à Abu Dhabi avec lui et sa famille. Peut-il continuer à assumer ses fonctions ?

L’affaire fait la une des journaux suisses depuis quelques jours. Le parquet de Genève veut poursuivre Pierre Maudet, le président du Conseil d’État (le chef de l’exécutif dans le canton) dans le cadre de l’affaire du voyage à Abu Dhabi. Dans un communiqué, le Ministère public genevois annonce avoir ouvert une instruction contre Pierre Maudet et sollicité l’autorisation du Grand Conseil (parlement) afin de le poursuivre pour « acceptation d’un avantage », infraction punissable d’une peine maximum de trois ans.

En cause, un voyage à Abu Dhabi entrepris en 2015 par Pierre Maudet, sa famille et son chef de cabinet pour lequel il aurait été entièrement invité par un émir. Son coût se chiffrerait, selon les estimations du parquet, à « plusieurs dizaines de milliers de francs ». C’est en mai dernier que Pierre Maudet a été soupçonné pour la première fois d’avoir bénéficié d’avantages de l’émir d’Abu Dhabi en acceptant ce voyage pour assister au Grand Prix de Formule 1.

Le parquet révèle que le voyage faisait bel et bien suite à une invitation officielle de Mohamed Bin Zayed al Nahyan, l’émir d’Abu Dhabi, et que les vols en classe affaires et l’hébergement avaient été payés par celui-ci. Le président du Conseil d’État est donc accusé d’avoir menti.

Celui-ci a alors affirmé qu’il s’agissait d’un voyage privé, payé par l’ami d’un ami. Mais le 30 août, le parquet révèle que le voyage faisait bel et bien suite à une invitation officielle de Mohamed Bin Zayed al Nahyan, l’émir d’Abu Dhabi, et que les vols en classe affaires et l’hébergement avaient été payés par celui-ci. Le président du Conseil d’État est donc accusé d’avoir menti.

Privé de police

Il l’a lui-même reconnu cette semaine, d’abord à la télévision, puis dans une lettre ouverte à l’attention des Genevois, avouant avoir « été aveuglé » par ce voyage et avoir « caché une partie de la vérité ». Aux dernières nouvelles, Pierre Maudet conserve ses postes, mais avec un périmètre réduit.

Le collège gouvernemental vient de lui retirer une partie de ses prérogatives de président du Conseil d’État en matière de représentation extérieure et à l’égard du Grand Conseil, de préparation et de présidence des séances gouvernementales, provisoirement confiées au viceprésident Antonio Hodgers ; et de président du département de la sécurité. I

l s’agit sur ce dernier volet de laisser la police (qui dépend de ce département) enquêter en toute liberté sur l’affaire. Pierre Maudet reste donc en place… pour l’instant. Le Parti libéral-radical (PLR), sa propre formation, a en effet condamné « totalement et sans réserve » la « faute importante » de son poulain. Une sévérité mâtinée toutefois d’un appel à ne pas jeter les onze ans de Pierre Maudet à l’exécutif de la ville de Genève avec l’eau du voyage à Abu Dhabi. Les prochains épisodes seront judiciaires et politiques, avec une session extraordinaire du Grand Conseil aux alentours du 20 septembre.


Par Romain Fournier et Philippe Claret

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