La prévention de la radicalisation n’est pas un enjeu nouveau, mais l’axe actuel s’inscrit dans le cadre d’un plan national présenté en février 2018 par le Premier ministre.
Au quotidien, la prévention de la radicalisation compte déjà parmi les missions des forces de l’ordre et des services de renseignement. Mais ce travail « classique » est désormais renforcé avec la politique de prévention de la radicalisation à la suite des attentats de novembre 2015. « Nous assistons à une dimension interministérielle avec les forces de l’ordre, les entreprises, le ministre du Travail, les services de la préfecture et la Direccte, explique Etienne de la Fouchardière, directeur de cabinet du préfet de l’Ain. Dans notre département, l’inspecteur du travail de l’unité départementale de la Direccte, s’est fortement impliqué dans la mise en oeuvre de la déclinaison locale. Nous avons entrepris un point qualitatif dans les actions de prévention. C’était un point qui me tenait à coeur, pour être plus proactif sur ce sujet. »
Communiquer pour sensibiliser
D’où le séminaire à l’initiative de la préfecture le 22 mars destiné au monde de l’entreprise sur le sujet de la radicalisation, avec la présence de Pôle emploi et des missions locales. « Les missions locales reçoivent potentiellement des populations plus fragiles et plus sensibles à un discours radical. Le séminaire du mois de mars a été un point de départ à la sensibilisation du monde de l’entreprise grâce à l’appui du comité interministériel de la prévention et de la radicalisation et au renseignement territorial », retrace Etienne de la Fouchardière. Plus de 100 personnes étaient présentes, dont la majorité issue du monde de l’entreprise. Le matin, les thématiques portaient sur l’état de la menace terroriste au niveau national et au niveau local. L’après-midi, les participants ont découvert comment identifier la problématique dans le monde de l’entreprise et y répondre, comment et auprès de qui faire remonter les informations sur les doutes et les inquiétudes. « Nous avons notamment insisté sur l’attitude à adopter si un salarié questionne sur la prière, ou encore les repas. À chaque fois, le maître mot reste l’impartialité et le respect de la laïcité, précise le directeur du cabinet du préfet de l’Ain. Le chef d’entreprise doit toujours agir au regard du code du travail et non pas selon un code religieux. Mais les entreprises sont souvent démunies face à ces situations et à la prise en compte du fait religieux. » À la suite du séminaire, l’action de sensibilisation s’est largement poursuivie auprès des cadres et des DRH, l’objectif étant de toucher différentes structures et tous les secteurs d’activité.
Malette pédagogique
La préfecture de l’Ain a été retenue parmi d’autres préfectures pour tester, deux mois durant, la malette pédagogique, un dispositif élaboré par les ministères de l’Intérieur et du Travail à destination de la police nationale, la gendarmerie, mais aussi l’observatoire de la laïcité. La malette en question comprend des fiches pédagogiques sur les différentes thématiques (menace de l’entreprise face au terrorisme, prévention, détection de radicalisation, cellule d’accompagnement des familles, marge de manœuvre pour les entreprises dans le respect du droit du travail). « Certaines entreprises sont identifiées plus à risque et le niveau de danger peut concerner l’atteinte aux personnes, aux outils informatiques, l’atteinte à la réputation (campagne de dénigrement) et peuvent nuire à l’activité de l’entreprise. »
Savoir discerner les cas de radicalisation
La radicalisation djihadiste d’une personne peut, notamment, mettre en danger le climat social de l’entreprise et, surtout, la sécurité des personnes et des biens au sein ou hors de l’entreprise. La radicalisation djihadiste doit être clairement distinguée de l’expression légitime du fait religieux en entreprise. Les trois critères cumulatifs de la radicalisation violente sont : un processus marqué par des ruptures comportementales, l’adhésion à une idéologie extrémiste, l’adoption de la violence (risque de passage à l’acte, soutien, apologie).
Par Sarah N’tsia
Cet article est paru dans le magazine ECO de l’Ain du 20 juin 2019. Pour retrouver l’intégralité des articles de notre hebdomadaire, mais aussi de nos suppléments et hors-séries, c’est ICI.
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