Récemment interrogés, lors de notre dernière table ronde (lire p 4-5), sur le sujet de la réforme de la Taxe professionnelle, les représentants locaux des principaux syndicats salariés faisaient front. En effet, il apparaît clairement, pour tous ces interlocuteurs, que cette suppression de taxe en faveur des entreprises n’aboutira en fait qu’à un transfert de charges en direction des collectivités publiques et des ménages. Ainsi pour M. Cadier de FO : « si le gouvernement transfère ses charges aux collectivités sans transférer les crédits, ces dernières seront bien contraintes d’augmenter leurs prélèvements ». Et Mme Bugaud, de la CGT de rajouter : « les salariés ont bien compris sur qui allait peser le transfert de charges ».
Plus surprenant, M. Calamand, président du Medef de l’Ain s’emportait également : « On a espéré qu’elle serait supprimée. Elle sera remplacée », tandis que M. Giroux de l’UPA précisait « on peut craindre que le résultat soit égal sinon pire ».
De leur côté, les sénateurs non plus ne s’y sont pas trompés, en refusant de voter en l’état, un texte qui met en danger le financement des collectivités locales. Selon eux, il convient donc au préalable de discuter de la réforme des collectivités et, pour le moins, de la nécessaire compensation du manque à gagner (11 milliards d’euros) de ces dernières.
Ainsi la conclusion semble faire l’unanimité. Côté salarié comme côté entreprise, à droite comme à gauche, tout le monde s’accorde à penser que la suppression de la taxe professionnelle n’est qu’un effet de manche destiné à faire croire à un nouveau cadeau fiscal pour rendre les entreprises plus compétitives, alors que l’on se contentera de reprendre d’une main ce que l’on a donné de l’autre. D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement quand notre pays connaît déjà un déficit public représentant 8,5 % de son PIB (soit 140 milliards d’euros) et que le montant de la dette s’élève quant à lui à 84 % de ce même PIB (1500 milliards d’euros) ?
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