Selon les normes en vigueur, la qualité de l’air auralpin devient acceptable. Mais selon les normes émergentes, il reste encore beaucoup à faire.
Depuis 2007, les concentrations en dioxyde d’azote ont diminué de 43 % en Auvergne- Rhône-Alpes. C’est 47 % pour les particules fines inférieures à 10 μm (PM 10) et 62 % pour les plus fines (PM 2,5). En 2021, 25 jours de pics de pollution ont été enregistrés, contre 93 dix ans auparavant. Quant à l’ozone, ses concentrations moyennes sont revenues aux niveaux d’avant 2015, même si elles restent encore trop importantes, notamment sur la Drôme, l’Ardèche, l’Isère et le Rhône.
Au regard de la situation réglementaire actuelle, la qualité de l’air s’améliore donc, constate Atmo Auvergne-Rhône-Alpes en publiant son bilan 2021. Mais c’est pour aussitôt nuancer le propos : au regard des normes adoptées en septembre dernier par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – et qui devraient se généraliser –, une très grande partie de la population régionale reste exposée à un air néfaste pour sa santé : 98 % pour les PM 2,5 ; 59 % pour le dioxyde d’azote. Par ailleurs, 13 % des surfaces agricoles sont exposées à une concentration d’ozone qui affecte la pousse des végétaux (c’est 60 % dans la Drôme).
Au regard des normes adoptées en septembre dernier par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – et qui devraient se généraliser –, une très grande partie de la population d’Auvergne-Rhône-Alpes reste exposée à un air néfaste pour sa santé.
Tous concernés
Reste à savoir si les objectifs de l’OMS sont atteignables… « Oui, même s’ils sont ambitieux », assure le directeur d’Atmo Aura, Didier Chapuis. Le plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (Prepa) a d’ailleurs défini les objectifs : baisser les concentrations en composés organiques volatils non méthaniques de 52 % en 2030, par rapport à 2005 (on en est à 45 %), de 69 % pour les oxydes d’azote (on en est à 51 %), de 57 % pour les PM 2,5 (on en est à 36 %), de 13 % pour l’ammoniac (on en est à… 1 %) et de 77 % pour le dioxyde de soufre (on en est à 64 %). Autant dire que tous les secteurs sont concernés : le transport routier pour les oxydes d’azote et les gaz à effet de serre, l’habitat pour les PM 2,5, l’industrie pour les composés organiques volatils, l’agriculture pour l’ammoniac… «
Nous ne nous accordons pas du tout un satisfecit », confirme le président d’Atmo Aura, le Haut-Savoyard Éric Fournier. « Nous avons compris que les seuils actuels sont vieillissants. Et puis, de toute façon, nous ne sommes pas là pour éviter des contentieux, mais pour dresser un tableau le plus objectif et le plus global possible. Ces prochaines années, notre objectif sera de monter une expertise qui rende compte des relations air-climat-énergies-santé-biodiversité… Il faut aller vers des politiques d’anticipation. »
Le point en Pays de Savoie
Selon Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, il n’y a pas eu de dépassement des seuils réglementaires en 2021, ni en Savoie ni en Haute-Savoie. Mais les départements ont connu quelques jours en vigilance (7 en Savoie, contre 45 en 2011 ; près de 20 en Haute-Savoie, avec un pic en vallée de l’Arve, contre plus de 50). En revanche, par rapport aux normes de l’OMS, 94 % de la population savoyarde et quasiment tous les Haut-Savoyards inhalent trop de particules fines PM 2,5. C’est 68 % et 73 % pour le dioxyde d’azote.
Selon Atmo Aura, les pollutions sont essentiellement causées par le secteur résidentiel (composés organiques volatils, PM 10, PM 2,5, dioxyde de soufre), suivi du transport routier (pour les oxydes d’azote), l’industrie (90 % des émissions de dioxyde de soufre en Savoie, 28 % en Haute- Savoie) et l’agriculture (89 et 91 % de l’ammoniac). Concernant la végétation, l’ozone est en excès sur 22 % du territoire de la Savoie et seulement 2 % de la Haute-Savoie.
Philippe Claret
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