Télétravail : une alternative à la voiture

par | 04 décembre 2018

Alors que se déplacer dans le Grand Genève reste le point noir de ses habitants, modifier les modes de travail peut apparaître comme une alternative. Quatre experts ont partagé leur expérience à ce sujet lors de la troisième Table Ronde du Grand Genève organisée en partenariat avec l’Extension. Tour d’horizon.

Au départ, il est un constat confirmé par deux études menées en 2016 et 2018 dans le Grand Genève* : la mobilité est la préoccupation première de ses habitants… « En 2018, 45 % des répondants estiment que les problèmes de transports doivent être traités en priorité contre 33 % en 2016. Dans toutes les régions, l’augmentation de la proportion d’individus mentionnant les transports comme la problématique prioritaire du Grand Genève progresse de manière considérable », détaille le co-auteur de ces enquêtes, le professeur Andrea Baranzini (Haute école spécialisée de Suisse occidentale, HES).

Et davantage encore en Haute-Savoie et dans l’Ain où plus de 70 % des sondés utilisent la voiture pour se rendre au travail. Egalement pointé du doigt dans le premier département, et cela va de pair, la maigre satisfaction concernant la desserte actuelle via les transports publics ; une situation qui devrait toutefois évoluer avec la mise en service, fin 2019, du Léman Express, le trait d’union ferroviaire entre Genève et la Haute-Savoie du nord.

Modifier les modes de travail : l’exemple des SIG

Dans ce contexte, modifier les modes de travail peut apparaître comme une alternative. Les SIG, Services industriels de Genève, se sont lancés progressivement dans l’aventure ces dernières années avec le déploiement progressif, au siège, du projet EquiLibre dont l’idée remonte à 2010. « Aujourd’hui, cette initiative concerne 700 des 1 000 collaborateurs qui peuvent choisir, dans la limite de deux jours par semaine, l’endroit et le moment où ils travaillent. Cela peut être chez eux, à l’entreprise, en coworking ou en corpoworking (dans un autre lieu de travail du groupe que le leur) … Nous avons fourni à chacun ordinateur et téléphone portables et développé les applications nécessaires au bon fonctionnement. C’est un programme basé sur la confiance, la responsabilisation et l’autonomie. Nous ne contrôlons plus le temps de travail, mais le résultat. Parallèlement, nous avons réaménagé les espaces de travail… C’est un changement de culture assez profond », résume Eric Cousam, membre de la Direction RH et Environnement de travail. Et cette initiative qui génère un gain de productivité sensible, a plutôt ressoudé les équipes et rencontre un écho favorable chez les salariés : aucun des participants ne souhaitent, à ce jour, revenir en arrière.

De gauche à droite : Andrea Baranzini, Alexandra Rys (modératrice), Roxane Zappella, Eric Cousam, Luc Jaquet.

Le télétravail : une pratique volontaire et réversible

Car le télétravail est bien « volontaire, réversible et négocié entre les deux partis », rappelle Roxane Zappella, juriste au Service d’assistance juridique et conseils à la Fédération des entreprises romandes, FER. Elle conseille d’ailleurs, en amont, la signature d’une convention mentionnant ce caractère volontaire, mais aussi l’organisation pratique, les règles à respecter, la prise en charge ou non des outils, des frais…

Elle préconise aussi la vigilance lorsqu’un frontalier français travaillant pour une entreprise suisse souhaite exercer ses fonctions à son domicile : « pas au delà de 25 % de son temps de travail et/ou de sa rémunération, sinon le dirigeant va devoir affilier ce collaborateur à l’Urssaf et payer les charges sociales en France. Ce sont des contraintes administratives importantes. » Pour comprendre les principes et enjeux de la mise en place du travail à distance, un guide juridique** a d’ailleurs été réalisé dans le cadre d’un projet financé par programme de coopération territoriale européenne Interreg France-Suisse.

Une plateforme consacrée aux lieux de travail partagés

Partie prenante de ce guide, Sofies, groupe international spécialisé dans le conseil et la gestion de projets favorisant un développement économique durable, souhaite d’ailleurs promouvoir le coworking et plus généralement les lieux de travail partagés. Non seulement toutes ses équipes fonctionnent sur ce modèle, mais l’entreprise, née il y a dix ans à Genève, est également à l’origine de la plateforme numérique Gowo, initiée en 2015 pour développer un réseau de ces lieux sur l’agglomération genevoise.

« Il y a beaucoup d’espaces peu connus », justifie Luc Jacquet, consultant senior. Gowo recense ainsi l’ensemble de ces sites (centre de coworking certes, mais aussi business centre, fablab, café wifi…) … Les utilisateurs disposent d’un porte-monnaie électronique pour payer leurs prestations (location d’heures de travail, d’une salle de réunion, d’une prestation d’impression, etc.). Ils peuvent aussi créer une communauté, échanger entre eux, partager des actualités… et l’imagination pour des développements futurs ne manque pas !


Repères

(R) évolution ?

Selon une enquête de l’entreprise de conseil Deloitte, réalisée cette année auprès d’un millier de collaborateurs travaillant dans des bureaux en Suisse, deux tiers des personnes interrogées n’ont plus de poste de travail fixe chez leur employeur et 40 % travaillent au moins un jour par semaine à la maison ou ailleurs, par exemple dans un espace de coworking.

Tables rondes

Les Tables rondes du Grand Genève sont organisées par la Direction Générale du développement Economique, de la Recherche et de l’Innovation du Canton de Genève, le Pôle métropolitain du Genevois Français, Archamps Technopole, la Chambre de Commerce et d’Industrie France Suisse, la Chambre de Commerce, d’Industrie et des Services de Genève, la Maison de l’Economie et du Développement, en partenariat avec l’Extension.


* ‘‘Le Grand Genève, sa population et son désir de vivre ensemble’’. Etudes réalisées en 2016 et 2018 auprès d’un panel représentatif de la population du Grand Genève par une équipe pluridisciplinaire réunissant les six écoles de la HES-SO Genève, emmenée par le professeur Andrea Baranzini.

** « Guide juridique sur la pratique du télétravail et du coworking en Suisse et dans l’UE ». Document à télécharger sur teletravail-geneve.com.


Par Hélène Vermare.


Cet article est paru dans votre magazine L’Extension Hiver 2018-2019. Il vous est exceptionnellement proposé à titre gratuit. Pour retrouver l’intégralité de nos publications papiers et/ou numériques, et pour soutenir la presse, vous pouvez vous abonner ici.

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