D’une voix posée, Hervé Gaymard prend acte de la délibération du 13 juin dernier, prise par le conseil départemental de la Haute-Savoie, annonçant la dissolution prochaine du Conseil Savoie Mont-Blanc. Et, de la même voix, poursuit : « À ce stade, la seule remarque ponctuelle et juridique que je puisse faire est que cette délibération n’a aucune portée juridique. » Puisque, dit-il, elle ne respecte pas les statuts constitutifs de l’assemblée bidépartementale.
Qu’à cela ne tienne : « Je convoquerai, ajoute-t-il, une assemblée générale du Conseil Savoie Mont-Blanc au début de l’automne, réunissant tous les élus des deux départements, pour que ce débat (sur les implications de la dissolution) ait enfin lieu, dans la franchise, la transparence, et, je l’espère, le respect d’autrui. »
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Avec l’Entente (régionale de la Savoie), l’Assemblée (des pays de Savoie) et aujourd’hui le Conseil (Savoie Mont Blanc), une ambition s’était peu à peu développée autour d’une idée : donner toute la place qu’ils méritaient au regard de leur dynamique durable aux deux départements unis de la Savoie nés des événements de 1860.
Cette ambition était chaque jour plus nécessaire au regard de la puissance montante des pôles métropolitains, qui regardent parfois de loin et de haut des territoires qui leur paraissent comme des marges. Après l’échec du sillon alpin, qui ne pouvait fondamentalement profiter qu’à son centre territorial, certains aspirent donc à un avenir qui se déciderait dans un ensemble régional. Le discours de la « modernisation » cachant parfois la volonté de retour au passé, espérons qu’il ne s’agisse pas pour eux, comme pour d’autres autrefois, de privilégier des visions à courte vue.
En tout état de cause, pour avoir vécu dans le cadre universitaire des soutiens donnés et des arbitrages régionaux réalisés d’abord en faveur de Lyon, puis de Grenoble, ensuite de Clermont-Ferrand et de Saint-Étienne et, quand il restait quelque chose, les miettes retombaient sur la Savoie,
diviser les deux départements savoyards pour faire régner la région ne peut que poser question.
Il ne s’agit aucunement d’une critique du niveau régional, ayant été il fut un temps le seul président d’université de Rhône-Alpes à promouvoir une université fédérale régionale riche de ses différences internes. A mes yeux, cela aurait participé à limiter les effets d’une néfaste politique de guichet et d’absence de transparence dans les prises de décision. Mais, pour porter un projet de cette nature, dans tous les domaines, il convient pour un territoire d’être fort. Unis, les deux départements savoyards peuvent favorablement soutenir les dossiers importants pour la collectivité, savoyarde et régionale. Désunis, ils pourraient ne peser que par et pour quelques personnes.