Urbanisme : peut-on encore construire ? Et à quel prix ?

par | 03 juin 2022

Difficultés à produire du logement, réglementations plus exigeantes, contexte politique et sanitaire mondial encore incertain : le marché immobilier neuf est déstabilisé.

Jusqu’où ira la hausse des prix de l’immobilier en Savoie et Haute- Savoie ? Bien malin qui pourra le dire, depuis que le confinement et l’avènement du télétravail ont renforcé l’attrait déjà puissant des familles pour la région. À ces phénomènes, se conjuguent des éléments structurels et conjoncturels qui font aussi grimper les prix plus vite : « l’offre de logements est insuffisante pour accueillir les 10 000 habitants supplémentaires que compte chaque année la Haute-Savoie, déplore le président de la FPI Alpes, Vincent Davy. Il n’y a pas assez de permis délivrés donc cela fait monter les valeurs ».

« Les élus ont compliqué leur process, ce qui implique souvent de refaire des dossiers et cela coûte, sans compter les dispositions prises par certaines collectivités », souligne, pour sa part, Vincent Moretti, président départemental Haute-Savoie Pôle Habitat FFB. Et de citer l’exemple de l’obligation, pour les eaux fluviales, de construire des bassins de rétention très fortement dimensionnés, qui entraînent, pour une maison, un surcoût de 5 000 à 10 000 euros.

Des règles essentielles mais contraignantes

À ces explications se greffent les conséquences de règlementations et des événements sanitaires et politiques mondiaux qui freinent encore davantage la construction de logements neufs. Ainsi, la RE2020, entrée en vigueur au 1er janvier 2022, ambitionne d’aller plus loin en matière de transition écologique. « Mais, l’opération sera encore plus chère à construire, d’au moins 10 % », estime Vincent Davy.

Le coût global des opérations progresse aussi en lien avec la situation politique et sanitaire mondiale : pénurie et surcoût de certains matériaux – en cause, selon Vincent Moretti, une « spéculation nationale et mondiale » – dans un contexte où la main d’oeuvre fait défaut. « C’est un thème assez récurrent en Pays de Savoie, observe Vincent Davy, la main d’oeuvre qualifiée est peu disponible, souvent partie travailler en Suisse. On ne peut recruter localement et il est difficile de faire venir des gens, du fait de la difficulté à les loger ! » Un constat partagé, hélas, par des entreprises au-delà du secteur de l’immobilier.

Chères maisons

Pour la maison individuelle, si les conséquences des phénomènes décrits précédemment ne sont pas tout à fait les mêmes, elles existent. Par exemple, la RE2020 : « Nous tablons sur une hausse de 3,5 % du coût des opérations », anticipe Mathilde Roux-Decima, présidente de Maisons BTS, à Meythet. Et, si sur son segment de marché, la question du terrain à construire se pose moins, les fonciers des clients sont désormais « plus petits, plus complexes et donc plus chers à terrasser. »

Mais, selon elle, ce qui fait surtout grimper le prix des maisons (entre +5 % et +10 % attendu en 2022), c’est « la hausse du coût des matériaux et de l’énergie : les tuiles, fabriquées dans des fours, ont augmenté deux fois de 15 % en six mois, et l’aluminium de 50 % sur un an. » Cette progression des prix ne semble pas prête de s’arrêter : l’an prochain, la Règlementation Élargie des Producteurs (REP) va encore accroître les coûts de construction, en imposant aux entreprises la prévention des déchets et leur recyclage local.


Par Alice Mai
Crédit photo à la une : ©Priams

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