À l’image de la France, de la Belgique, de l’Autriche, du Danemark et de la Bulgarie, la Confédération Suisse bannit la burqa et le niqab dans l’espace public après des années de débat.
L’interdiction de construire des minarets avait généré beaucoup de polémiques en 2009. La votation de dimanche dernier restera aussi gravée dans les annales. Le voile intégral a été rejeté par 52 % des votants et une majorité de cantons, sous l’influence du parti populiste de droite UDC et… d’une partie des féministes et des électeurs de la gauche laïque souhaitant interdire le fait de se couvrir le visage.
Le texte proposé par l’UDC n’évoque ni la burqa (vêtement qui couvre les femmes de la tête aux pieds et muni d’une grille en tissu à hauteur des yeux) ni le niqab (voile qui couvre entièrement la tête – et parfois le corps – et le visage, à l’exception des yeux), mais les affiches de campagne ne laissent pas planer de doute sur l’intention de « stopper l’islamisme radical » ou « stopper l’extrémisme ».
Huile de palme
Si les débats quant à la stigmatisation sociétale ou non des musulmans sont très vifs – l’écart entre le oui et le non est faible –, ceux qui ont trait à la chose économique le sont moins. Et pour cause, si une autre initiative soumise au scrutin a rejeté l’introduction d’une identité électronique fédérale (64 % de non), la troisième a donné le oui à un accord commercial avec l’Indonésie (51 %).
Le marché du plus grand pays musulman du monde a un potentiel énorme mais l’huile de palme – à la réputation écologique controversée – a suscité une initiative populaire des opposants. Ceux-ci fustigeaient la déforestation, les violations des droits humains et de l’environnement, mais aussi les critères de certification de l’huile de palme eux-mêmes, contenus dans l’accord.
Celui-ci a finalement été accepté et prévoit l’abolition des droits de douane sur une grande partie des produits échangés avec l’Indonésie, ainsi qu’un ensemble de règles régissant les échanges de services, la propriété intellectuelle et les investissements. Les contre-arguments n’ont pas porté, alors que l’économie helvétique se veut particulièrement intégrée dans les chaînes de valeur mondiales et en constant besoin d’ouverture sur l’extérieur étant donné la taille réduite de son marché intérieur.
Les entreprises suisses accèdent ainsi de manière facilitée au marché indonésien en pleine croissance. La fédération des entreprises romandes (FER) Genève précise à l’envi que cet accord apporte aussi une contribution importante au développement durable.
Par Julien Tarby
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