Interview / Annabel André-Laurent : « Ramener la région à la 1ère place dans tous les domaines »

par | 09 mars 2018

Annabel André-Laurent, la vice-présidente d’Auvergne-Rhône-Alpes, notamment déléguée au développement économique, détaille la feuille de route de la politique régionale. Voici son interview.

 


Cet article est paru dans notre hors-série d’Eco Savoie Mont-Blanc, le Panorama du décolletage, paru fin février 2018. Il vous est exceptionnellement offert à titre gratuit. Pour retrouver l’intégralité des articles de notre hebdomadaire mais aussi de nos suppléments et hors-séries, c’est ICI. Et pour vous procurer ce Panorama du Décolletage, c’est ICI.


Dans le cadre de la loi NOTRe, la Région a en charge la compétence économie depuis 2016. Quel est son rôle ?

Auvergne-Rhône-Alpes est un chef de file dans la continuité des politiques menées par les départements avec lesquels la Région a signé des conventions. Elle a un rôle de développeur économique, dans la création d’emplois et l’innovation, en partenariat avec les chambres consulaires, les EPCI (ndlr : communautés de communes), les clusters, les pôles de compétitivité et les entreprises. L’écosystème régional participe à l’accroissement de la performance globale des entreprises avec le soutien d’Auvergne Rhône-Alpes.

C’est une dynamique globale et transversale. Je poursuis l’énorme travail lancé par mon prédécesseur, Martial Saddier, avec le schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) 2017- 2021 qu’il a rédigé avec l’ensemble de nos partenaires, et la création de l’Agence régionale de développement économique qui en a découlé. Cette agence doit être une porte d’entrée pour toutes les demandes des entreprises. Des antennes locales sont en cours de construction et de finalisation sur le territoire. Dès à présent, les entreprises peuvent s’adresser au siège à Lyon.

"BOOSTER NOS POLITIQUES AUTOUR DES HUIT DOMAINES D’EXCELLENCE TOUT EN CONSERVANT L’ÉQUITÉ TERRITORIALE ENTRE TOUS LES DÉPARTEMENTS QUI COMPOSENT AUVERGNERHÔNE- ALPES."

Avec quels objectifs ?

Développer les emplois, c’est-à-dire favoriser le maintien de ceux qui existent et créer ceux de demain. Mais aussi aider au développement des entreprises, car ce sont elles qui innovent et créent les emplois, via des aides directes et indirectes. L’enjeu est de booster nos politiques autour des huit domaines d’excellence, tout en conservant l’équité territoriale entre tous les départements qui composent Auvergne-Rhône- Alpes. Et partager les bonnes pratiques de chaque territoire vers les autres. Le défi est de rendre cette politique lisible, agile, facile d’accès et simplifiée au niveau administratif.

La fusion entre le pôle Mont-Blanc Industries et le cluster auvergnat Efficience industrielle, qui donne naissance à Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) Industrie 4.0, est un exemple de cette synergie régionale…

Elle est exemplaire car elle permet à la fois de conserver les compétences et les particularités de chaque entité, qui conserve son identité locale, tout en fédérant et optimisant l’excellence. Un partage des bonnes pratiques que l’on retrouve avec l’Observatoire stratégique de la sous-traitance.

La simplification prendra quelle forme ?

Il s’agit pour les chefs d’entreprise de trouver facilement des réponses à leurs questions et leurs besoins. Fin mars, nous voterons la délibération cadre de cette simplification économique qui passera notamment par la dématérialisation des documents avec un seul et unique envoi. Une idée simple sur le papier, mais compliquée à mettre en oeuvre au niveau logiciel : il fallait garantir une confidentialité et une sécurité importantes des données, et assurer un débit adapté pour la transmission des informations.

Quelles sont les ambitions régionales ?

Auvergne-Rhône-Alpes est la première région industrielle de France ; première également en sous-traitance automobile, en production d’énergie. Elle est en deuxième position en termes de PIB, en B to B, pour ses entreprises de logistique et en développement touristique. Elle est également très forte en biotech, medtech et agroalimentaire. L’objectif est de la ramener à la première place dans tous les domaines, et elle en a les atouts ! Au niveau européen, son poids économique lui permet d’atteindre la septième place et nous visons la cinquième.

Quel regard porte la Région sur l’industrie de ses départements ?

Annabel André-Laurent est vice-présidente de la Région Auvergne-Rhône- Alpes, en charge des entreprises, de l’emploi et du développement économique.

Nous avons sur ce territoire un ADN d’entrepreneurs, d’inventeurs, d’investisseurs… C’est quelque chose de très fort que l’on ressent en visitant les entreprises. La vallée de l’Arve est emblématique de ce génie, de cette capacité à se prendre en main. La crise a boosté les énergies, permis le développement à l’international, la diversification. La réflexion menée en 2009 sert aujourd’hui à la croissance des entreprises haut-savoyardes qui se sont positionnées depuis longtemps non plus comme des sous-traitants mais comme des apporteurs de solution. La co-traitance se développe, ce qui est aussi le cas de la Plastics Vallée.

Avec une tendance à la concentration des entreprises…

Oui, nous avons de la chance de voir des PME familiales se transformer en ETI, en conservant des capitaux familiaux. Ces entreprises centralisent des compétences fortes en interne : R&D, service export… Elles ont réussi à se fédérer sur la recherche, l’innovation et la conquête de marchés à l’international.

Au-delà, il s’agit de “vendre” la région sur la scène mondiale. Comment mettre en oeuvre ce marketing territorial ?

Il faut s’appuyer sur les atouts globaux d’Auvergne-Rhône-Alpes. C’est le rôle de l’agence régionale qui doit à la fois donner une identité commune tout en conservant les particularités de chaque territoire. Dans la vallée de l’Arve, des professionnels viennent visiter les entreprises ou lors du Simodec… Ce sont des portes d’entrée, à nous ensuite de les emmener skier, visiter Annecy, etc.

Et améliorer l’image de l’industrie auprès du grand public ?

Oui, c’est fondamental pour attirer les jeunes dans ces métiers souvent méconnus. Nous travaillons sur la formation avec une territorialisation qui répond aux besoins des métiers en tension. Nous mettons des moyens sur le numérique et le transfert d’innovation, car il faut créer du développement économique pas seulement en accompagnant les entreprises mais de façon transversale. Notre position sur l’apprentissage répond à cette vision intégrale et globale sur toute la région : nous portons les centres de formation du territoire en partenariat avec l’Éducation nationale, Pôle emploi et les branches, non dans une logique de rentabilité, mais pour répondre aux besoins en fonction des territoires, avec des lieux de formation à proximité des jeunes.


Propos recueillis par Sandra Molloy


 


Cet article est paru dans notre hors-série d’Eco Savoie Mont-Blanc, le Panorama du décolletage, paru fin février 2018. Il vous est exceptionnellement offert à titre gratuit. Pour retrouver l’intégralité des articles de notre hebdomadaire mais aussi de nos suppléments et hors-séries, c’est ICI. Et pour vous procurer ce Panorama du Décolletage, c’est ICI.


D

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Découvrez également :

Formation : l’Inseec Chambéry ouvre le chapitre BTS

L’école supérieure de commerce et de gestion savoyarde ouvre en septembre son premier BTS. D’autres pourraient suivre dans les années à venir. Si, jusqu’à présent, les étudiants désireux d’intégrer l’Inseec de Chambéry avaient le choix entre de nombreux bachelors...

LIRE LA SUITE

Publicité