Retenue parmi les treize capitales French Tech françaises, French Tech in the Alps est en phase ascendante. Et accueille un nouvel écosystème local : le genevois français.
En avril, French Tech in the Alps (FTA) a été retenue parmi les treize “capitales French Tech” de France. Avec cette fois, en plus de Valence, Grenoble, Chambéry et Annecy, qui constituaient le territoire déjà labellisé une première fois en 2016, l’inclusion dans le périmètre du Genevois français (lire page 7). Comment fonctionne cette vaste alliance ? Sur trois niveaux. Chaque pôle a son autonomie, crée ses événements et propose des formations spécifiques…
Tous les pôles participent ensuite aux actions communes “in the Alps”, telles que le Campus numérique ou Territoire Solutions. Enfin, FTA applique la feuille de route nationale assignée aux “capitales”, très tournée vers l’hypercroissance et l’international. Question structuration, c’est encore fluctuant : l’alliance n’a toujours pas d’entité juridique propre, mais elle devrait bientôt prendre la forme d’une association chapeau. Au niveau des pôles, Valence (le Moulin digital), Chambéry (Digital Savoie) et Annecy (Annecy Start-up) sont sous forme associative.
Le Genevois hésite encore. Tandis que Grenoble a préféré le statut de société coopérative (SCIC Digital Grenoble). Avoir une structure par pôle est parfois vécu comme une lourdeur par les chefs d’entreprise impliqués, mais c’est une quasi-obligation pour pouvoir disposer de financements publics locaux.

Développement en Pays de Savoie
L’alliance dispose d’une chargée de mission, pour l’instant salariée par Digital Grenoble. Elle assure la coordination entre les différents « écosystèmes locaux », selon la terminologie officielle. Et met sur pied les opérations communes. Trois ressortent pour l’instant du lot. La première porte sur la formation, avec la création du Campus numérique. Déjà opérationnel sur les sites de Grenoble, Valence et Annecy, il va être ouvert aussi sur Chambéry en fin d’année.

Son principe ? Intégrer des demandeurs d’emploi (15 à 20 par site) dans une formation de développeur en alternance dans des entreprises du réseau. La première promotion, lancée en 2017, a atteint un taux d’intégration dans l’emploi de plus de 80 %. Deuxième grande opération commune, le festival Transfo, organisé pour la deuxième fois en début d’année. C’est la vitrine de la filière : une série d’événements à destination interne (les start-up), mais aussi et surtout des publics extérieurs (grand public, étudiants, élus…), afin de donner de la visibilité à la filière.
Enfin, troisième opération “in the Alps”, Territoire Solutions. L’initiative consiste à faire se rencontrer des collectivités avec des besoins précis et des start-up susceptibles de pouvoir y répondre. Annecy, par exemple, les a fait plancher sur la réduction de l’impact environnemental de ses manifestations. « L’idée est à la fois d’apporter des solutions aux territoires et de permettre aux start-up de valider leurs innovations avec des cas pratiques, ce qui est primordial, ensuite, pour la commercialisation », insiste Éric Pierrel, président de Digital Grenoble (et de FTA pour cette année, la présidence étant tournante).
« Fédérer, coordonner, orienter et valoriser »
Au-delà de ce travail commun, chaque pôle a aussi ses actions propres et ses forces vices, à commencer par les chefs d’entreprise bénévoles. Annecy avait une salariée à temps plein, ce qui a contribué à plomber ses comptes. Après une période de flottement, l’association basée aux Papeteries image Factory est revenue à un mi-temps (mis à disposition par la plateforme d’innovation Thésame).

« Mais là, nous avons retrouvé une situation financière saine qui va nous permettre d’investir de nouveau », se réjouit le président René Le Caignec (fondateur d’AboutGoods Company, photo ci-contre). À Chambéry, la chargée de mission à mi-temps va passer à temps plein à partir de l’automne. De quoi, entre autres, permettre le lancement du Campus numérique et l’ouverture du « bâtiment totem » (le siège social), prévue au printemps 2020 dans le futur centre d’entrepreneuriat de Savoie Technolac (lire Eco du 24 mai).
Au niveau du Genevois, pas d’embauche prévue avant quelques mois, le temps que la structure trouve sa vitesse de croisière. Que font concrètement les antennes locales, au-delà de relayer les actions nationales et régionales ? « Rien ou presque ! », rigole René Le Caignec. Une manière de bien faire comprendre que French Tech ne veut « surtout pas refaire ce qui existe déjà ni concurrencer qui que ce soit. Notre rôle est de fédérer, de faire du lien, de coordonner, d’orienter et de valoriser ». D’où de multiples formats de rencontres entre startuppeurs et/ou avec des experts et en direction des médias et du grand public.

« Les start-up sont comme des grands prématurés, conclut le président annécien : si on ne les aide pas, elles ne survivent pas. Notre rôle est de faire en sorte qu’elles puissent trouver les bons tuyaux – accompagnement public, banques et investisseurs, mais aussi aide au recrutement, partenaires technologiques… – sur lesquels se brancher jusqu’à ce qu’elles soient assez fortes pour se débrouiller toutes seules. »
« FRENCH TECH EST UN RÉSEAU : PLUS IL EST MAILLÉ ET DENSE, PLUS IL EST EFFICACE. »
Le Genevois français intègre le réseau “in the Alps”
«Quand je me suis lancé, la CCI et la Maison de l’économie développement (Med) m’ont apporté les bases au niveau création de l’entreprise mais, à l’époque, j’aurais vraiment aimé pouvoir m’appuyer aussi, localement, sur un réseau comme la French Tech. » C’est parce qu’il a bien connu la solitude du néo-entrepreneur que Philippe Le Maître, fondateur de FlyMenu – une start-up qui, via une appli, commande pour vous les ingrédients des recettes que vous sélectionnez – a accepté de prendre la présidence de l’antenne locale de la French Tech (French Tech in the Alps-Genevois français, de son nom complet), officiellement lancée jeudi 13 juin, en partenariat avec Eco.

L’initiative a le soutien des élus. « Nous avons une économie dynamique et notamment une industrie traditionnelle importante. Mais un nouveau type d’industrie est en train de voir le jour et il est de notre devoir de l’encourager et de participer à fédérer ses acteurs », souligne Marin Gaillard, vice-président du Pôle métropolitain du Genevois français (PMGF), qui rappelle au passage que le Pôle soutenait déjà plusieurs initiatives de la filière innovation/ numérique. Pas question de concurrence avec les pôles d’Annecy ou Genève (car oui la French Tech tricolore a aussi des antennes à l’étranger). French Tech est un réseau, expliquent ses acteurs : plus il est maillé et dense, plus il est efficace.
L’alliance French Tech in the Alps (FTA), y compris le pôle d’Annecy, a d’ailleurs été la première à soutenir la création de l’antenne genevoise, histoire de boucler le réseau à l’échelle du sillon alpin et faire le trait d’union avec Genève. À l’image des autres pôles, FTA-Genevois français, va avoir ses propres animations locales : pitchs, ateliers, rencontres thématiques, permanences d’expert… Et relaiera les événements régionaux et nationaux de la French Tech.
Pour cela, le pôle genevois va bénéficier de locaux sur le technopôle d’Archamps et de relais dans les espaces de coworking (Annemasse, Pays de Gex, Chablais). Grâce aux financements publics, elle espère pouvoir s’appuyer sur un salarié à temps partiel à partir de la fin de 2019 ou le début 2020.
Par Éric Renevier
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