Dans l’impossibilité de tenir des salons et concurrencés par de grosses maisons, les éditeurs indépendants subissent de lourdes pertes.
Rien de mieux qu’un bon vieux livre pour tuer le temps en période de confinement ! Après avoir estampillé les librairies « commerces non essentiels », le gouvernement avait dû faire marche arrière en janvier, sous la pression des syndicats, et avait autorisé leur ouverture.
Les grosses maisons d’édition ont vu ainsi leur chiffre d’affaires croître en dépit de plusieurs mois de fermeture. Mais c’est un peu l’arbre qui cache la forêt du monde de l’édition où les indépendants (professionnels) ont subi une baisse drastique de leurs revenus.
-40 % : les maisons d’éditions indépendantes réalisant de 300 000 à 1 million d’euros de chiffre d’affaires ont subi près de 40 % de baisse de leur CA en 2020.
« Les salons du livre ont tous été annulés, si bien que les ventes et la communication n’ont pu se réaliser. Les clients se sont rués sur des ouvrages de portée nationale, édités par des grosses maisons d’édition, au détriment des maisons indépendantes », explique Pierre Crooks, responsable de l’association des Éditeurs indépendants de Rhône- Alpes et Auvergne (Eira). Une enquête menée par l’Agence Auvergne-Rhône-Alpes Livre et Lecture montre des pertes de chiffre d’affaires (CA) entre 13 et 37 %.
Particulièrement touchées, les structures de 300 000 à 1 million d’euros de CA – qui sont celles avec le plus de salariés – ont perdu quasiment 40 % de leur chiffre en 2020. Si, sur la période critique d’avril et mai, une majorité de maisons a été aidée, à l’automne, deuxième pic de la crise, moins d’un tiers des maisons ont pu être soutenues par les pouvoirs publics.
Effets en cascade
Lors du déconfinement, les libraires ont été submergés par des titres dont la parution avait volontairement été décalée, en défaveur d’auteurs moins célèbres, édités par des maisons indépendantes. Car cette crise a eu des effets en cascade sur les professions adjacentes aux éditeurs : auteurs, illustrateurs, correcteurs, etc., qui sont en grande souffrance.
Préoccupé, Pierre Crooks pousse un cri du coeur : « Nous encourageons le public à soutenir les éditeurs de notre région, mais aussi les pouvoirs publics à se saisir du dossier pour trouver des solutions qui permettront de soutenir la création et la dynamique économique de ce tissu d’entreprises qui représente directement 116 maisons d’édition indépendantes. »
4 groupes : 90% des publications
« L’année a été bonne pour le livre. Les gens qui n’ont plus eu le loisir de se rendre au théâtre ou au cinéma se sont tournés vers le livre. Mais cela ne veut pas dire que les maisons d’éditions indépendantes en ont bénéficié. Les publications sont restées dans les dépôts et n’ont jamais été présentées au public. La reprise, survenue en mai, n’a pas forcément concerné les petites et moyennes maisons d’édition », explique Narges Temini, chargée de mission économique livre à l’Agence Aura Livre et Lecture financée par la Drac et la Région.
Par leur force de frappe, puisqu’elles détiennent la distribution et la diffusion, les grosses maisons ont pu placer leurs ouvrages et les médias ont parlé des titres attendus. « Les petites structures ont eu du mal à voir émerger leurs publications, englouties par le tsunami des parutions. Quatre groupes se partagent en effet 90 % des publications », souligne Narges Temini.
Éliséo Mucciante
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