Pendant la crise sanitaire, Seforest, entreprise annécienne d’insertion a fait le grand écart entre chômage technique et… recrutements ! Elle se prépare maintenant à la crise sociale, face à laquelle, explique sa directrice, l’entreprise inclusive et ses valeurs sont un rempart utile à l’ensemble du territoire.
Drôle de grand écart pour Seforest, entreprise d’insertion fondée à Annecy il y a 36 ans. D’un côté, la crise du coronavirus l’a contrainte à placer 17 personnes, sur près de 90, en chômage partiel, car ses activités repassage pour particuliers (enseigne Le Fer Doré) et manutention lourde ont été totalement arrêtées. De l’autre, elle a dû… embaucher, en plein confinement ! Car l’un des ses principaux clients est le centre hospitalier Annecy-Genevois, où Seforest assure la logistique entre les stocks (matériel et médicaments) et les services : là, évidemment, l’activité a connu une nette hausse.
Un casse-tête pour la direction mais surtout une preuve de motivation et d’implication des salariés, qui sont très majoritairement en contrat d’insertion, y compris les renforts recrutés pendant la crise. Questions et peurs ont fusé les premiers jours, mais n’ont pas duré : « la fierté de participer à l’effort national », les mesures de précaution (classée prioritaire, l’entreprise a vite été dotée en masques pour ses activités hospitalières) et les primes ont répondu aux inquiétudes.
Activités maintenues et volonté de développement
L’activité hosptialière n’a pas été la seule maintenue pendant la crise et le confinement. Le tri des déchets, pour lequel Forest détache une demi-douzaine de salariés au sein de l’entreprise Excoffier recyclage ainsi que l’entretien des espaces publics (espaces urbains et espaces verts) se sont aussi poursuivis. Avec évidemment les contraintes et les précautions de rigueur (distanciation sociale, équipement des salariés). Au final, Seforest a maintenu 80% de son chiffre d’affaires pendant le confinement.
«Le virus Covid-19, ce petit morceau d’ARN simple, nous apprend tellement, tel un livre ouvert, et ne fait que le révéler les déséquilibres économiques et sociétaux, environnementaux, culturels, civilisationnels, nous n’avions pas encore (tous) conscience : du redressement industriel à la protection des plus fragiles, et de notre classe moyenne (phénomène gilets jaunes), en passant par l’investissement dans la recherche, les défis seront nombreux !»
Isabelle Morand, directrice de Seforest
Cette période exceptionnelle a aussi illustré des capacités d’adaptation que la directrice, Isabelle Morand, compte maintenant mettre en avant face aux nouveaux donneurs d’ordres potentiels : établissements de soin, collectivités, entreprises privées… Et elle ne s’en cache pas : Seforest ne compte plus se cantonner au seul bassin annécien mais veut grandir dans tout le département.
«Il faut hélas s’attendre, après cette crise sanitaire, à une crise sociale et une hausse du chômage : les entreprises d’insertion vont alors avoir encore plus d’utilité, insiste-t-elle. Lutte contre la précarisation, sens du travail, valorisation du lien entre économie et société : nous aider à grandir ce n’est pas seulement aider Seforest, c’est agir au profit du territoire.»
Maintien de l’industrie, protection sociale, dynamiques de création et d’innovation sont autant d’ «amortisseurs de crises», poursuit Isabelle Morand en soulignant que les entreprises d’insertion sont alors « une réponse à portée de main» face à ces crises car «elles ont déjà les leviers, les réseaux, les projets d’innovation structurants. Plus que jamais, dans un écosystème actif et rétroactif, notre modèle d’entreprise montre et démontre sa force sociale pour créer une dynamique économique, et réciproquement.»
QUI EST SEFOREST ?
Fondée en 1984 à Annecy pour proposer des travaux forestiers (d’où son nom, abréviation de Services Entretien Forestage), Seforest est une entreprise d’insertion à statut d’association fiscalisée. Elle propose un emploi et un accompagnement socioprofessionnel à des personnes éloignées de l’emploi : chômeurs de longue durée, allocataires de minima sociaux, jeunes sans qualification, etc.. Elle a donc avant tout une mission sociale mais s’inscrit bien dans le secteur marchand. Pour preuve, sur les 3,5 millions d’euros de chiffre d’affaires de Seforest, seuls 12% correspondent à des subventions publiques, tout le reste provenant de la commercialisation de ses services, à des clients privés ou publics.
Des services qu’elle a organisée autour de quatre domaines BtoB : création et entretien paysager, services à l’environnement (tri des déchets, nettoyage, gestion des flux et logistique), manutention lourde (levage, transport, installation…) et installation de bungalows de chantiers. Elle propose aussi une activité BtoC de service lié au linge (Le Fer Doré). Basée à Meythet-Annecy, elle rayonne sur le seul bassin annécien, en attendant de grandir ailleurs dans le département.
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