Un développement mal maîtrisé et la Loi de finances 2018 ont fait tanguer la Semcoda. Le point sur la manière dont le bailleur social traverse la houle.
Nommé directeur de la Semcoda en septembre 2018, Bernard Perret n’avait pu que constater alors, un déficit de 13 millions d’euros. En 2019, la société d’économie mixte renouait un résultat positif de 29 millions d’euros. Et celui de 2020 devrait être similaire. Comment ? D’abord par la cession d’actifs jugés non stratégiques et par la vente de logement. « Par tradition et dans le souci de permettre à nos locataires d’accéder à la propriété, nous vendons 200 logements par an. Nous en avons par ailleurs vendu autant à l’un de nos confrères bailleurs pour renforcer nos fonds propres », a exposé Bernard Perret, mercredi 8 juillet, à l’heure d’annoncer un nouveau pacte d’actionnariat accompagné d’une augmentation de capital de 79 millions d’euros (lire notre édition du 16 juillet). Cette hausse du capital, portée par le Département de l’Ain, CDC Habitat via sa filiale Adestia et Action Logement Immobilier, sous réserve de l’accord de l’Autorité de la concurrence, sera la dernière pierre à l’édifice du redressement qui est aussi passé par une réorganisation de la dette. Les négociations avec la Banque des territoires ont permis de repousser 90 millions d’euros d’annuités par an sur 10 ans. De quoi retrouver des marges de manœuvre en trésorerie et permettre à la Semcoda de continuer à produire 400 logements locatifs par an, à conduire des opérations immobilières choisies sur des critères redéfinis, plus stricts, et à investir 200 millions d’euros par an sur les 10 prochaines années, dans la réhabilitation du parc existant.
Comment on en est arrivé là ?
De l’avis général, à 1 500 logements par an, la Sem était clairement en surchauffe, investissant au-delà de ses capacités, sur des opérations « pas toujours rentables ». « Là-dessus, un certain nombre de mesures gouvernementales ont fait que la Semcoda s’est trouvée prise dans un effet de ciseau », observe André Yche, président du directoire de la CDC Habitat. La Loi de finances 2018 a eu un impact direct sur les finances de la société à hauteur de 10 millions d’euros, selon Bernard Perret. « Cela nous a par ailleurs conduits à abandonner certaines opérations pour lesquelles nous avions provisionné des fonds. C’est pourquoi nous étions en pertes de 13 millions d’euros sur cette année-là », explique-t-il.
Aujourd’hui, entre une gouvernance remise à plat, de nouvelles ressources et la construction d’un modèle de développement qui ne reproduise pas les erreurs du passé, le bailleur espère avoir retrouvé les clés de sa pérennité.
Par Sébastien Jacquart
Photo : Philippe Lambert, directeur régional Auvergne-Rhône-Alpes de la Banque des Territoires, Koumaram Pajaniradja, directeur général d’Action Logement Immobilier, Jean Deguerry, président du Conseil départemental de l’Ain, André Yche, président du directoire de CDC Habitat, et Bernard Perret, directeur de la Semcoda.
Cet article vient en complément du papier paru dans le magazine ECO de l’Ain du 16 juillet 2020 sur le nouveau pacte d’actionnariat de la Semcoda. Pour retrouver l’intégralité des articles de notre hebdomadaire, mais aussi nos suppléments et hors-séries, c’est ICI et ICI.
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