La Poste boucle sa réorganisation dans les Alpes du nord avec son centre de tri multiflux d’Argonay-Annecy. Explications et enjeux, en chiffres… et en lettres, évidemment.
De l’extérieur, il ressemble un peu à un immense colis : un pavé rectangulaire aux tons clairs, livré juste en face du lycée Lachenal, à Argonay, près d’Annecy. Et justement, avec ses 7 600 mètres carrés au sol (sur une parcelle de 21 700 mètres carrés) le nouveau bâtiment de La Poste sera destiné au tri des colis – mais aussi des lettres – pour toute la Haute-Savoie. Avec la numérisation des échanges, La Poste distribue de moins en moins de lettres : le volume a été divisé par deux entre 2008 et 2018 au niveau national et affiche encore -8 % en 2019.
Mais, dans le même temps, la distribution des colis a, elle, connu une courbe à peu près inverse. Sans parler de la très forte augmentation observée au début de l’année (janvier-avril inclus), le confinement et la hausse du e-commerce venant amplifier la tendance : +21 % en Haute-Savoie (soit 1,2 million de colis supplémentaires à distribuer) !
La Poste doit donc s’adapter et s’est, pour cela, lancée il y a deux ans dans un vaste plan de réorganisation régionale dans les Alpes du Nord (Isère, Savoie, Haute-Savoie). Doté d’une quarantaine de millions d’euros d’investissement, hors immobilier (l’entreprise n’est pas systématiquement propriétaire), ce plan s’est traduit par la construction, en 2019, d’une plateforme Colissimo de 10 000 mètres carrés pour la région Alpes, à La Bussière, aux confins de l’Isère et de la Savoie.
Elle réceptionne tous les colis qui arrivent de l’extérieur de la région et les répartit vers les plateformes multiflux locales (et idem en sens inverse). Trois de ces dernières ont été modernisées, à Chambéry, Moirans et Bourgoin-Jallieu. Et deux nouvelles ont vu le jour, à Grenoble et, donc, à Argonay, dernière étape de ce plan régional de modernisation.
« LE NOUVEAU SITE D’ARGONAY VA TRAITER 14 000 COLIS ET 276 000 LETTRES PAR JOUR. »
Sylvie Deléglise

Convoyeurs et caisses mobiles
Le nouveau site de l’agglomération annécienne va remplacer, à partir du 31 août, la plateforme voisine de Cran- Gevrier, qui ne traitait que le courrier. L’annonce de sa fermeture avait suscité des remous. « Ce n’est plus le cas : nous avons signé un accord avec toutes les organisations syndicales représentatives », précise Sylvie Deléglise, directrice courrier-colis pour Savoie et Haute- Savoie. Hors départs (volontaires ou retraite), le personnel a été transféré ou reclassé dans d’autres services, sans licenciements.
La nouvelle infrastructure emploiera 175 facteurs (contre 150 à Cran) pour un effectif total de 210 personnes. Avec ses 14 quais (10 mixtes courrier/ colis, 4 spécifiques aux colis) et ses immenses machines à convoyeurs (tapis roulants) et reconnaissance optique, Argonay va permettre un traitement plus automatisé des 14 000 colis et 276 000 plis attendus chaque jour. Sachant que le site est dimensionné pour faire face aux pointes d’activité, comme la période des fêtes, avec une capacité maximale de traitement de 6 400 colis par heure.
Les plis et colis arriveront et partiront en caisses mobiles montées sur camions (1 à 2 caisses par camion), avec à la clef moins d’opérations manuelles (grâce à des convoyeurs pouvant aller jusqu’à l’intérieur des caisses, sur le quai) et une optimisation du remplissage : jusqu’à 5 000 colis par caisse contre 3 000 colis par semiremorque jusque-là ; donc moins de va-et-vient de poids-lourds.
Tout en rappelant la labellisation « NF HQE Bâtiment tertiaire – niveau très bon » de son niveau bâtiment, La Poste souligne son ambition, grâce à cette modernisation, de « diminuer par deux » son flux poids lourds actuel, sans toutefois indiquer le nombre de convois attendus quotidiennement sur ce site, situé en zone d’activité sans habitations proches.
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