Alors que ses voisins renforcent leurs contrôles aux frontières, la Suisse, qui accueille chaque jour 300 000 travailleurs frontaliers, s’interroge sur la marche à suivre.
La Suisse doit-elle mettre en place un système de contrôle sanitaire à ses frontières ? La question agite tout ce que la Confédération compte de politiques, épidémiologistes, virologues et autres spécialistes patentés, depuis que les présidents de six partis nationaux – de l’Union démocratique du centre (UDC) aux Verts, en passant par le Centre, le Parti libéral-radical (PLR), les Vert’libéraux et le PS – ont fait plume commune pour adresser, le 24 janvier, une missive en ce sens au Conseil fédéral.
Rarissime, cette union sacrée d’un nouveau genre demande la mise en place de mesures plus strictes dans la lutte contre la pandémie et, en particulier, de renforcer les contrôles aux frontières en instaurant des tests PCR et des quarantaines systématiques pour toutes les personnes qui souhaiteraient entrer en Suisse. L’idée est que ces mesures « combattant l’importation de virus » permettraient de mieux maîtriser l’épidémie domestique et, ce faisant, d’éviter d’avoir à prendre de nouvelles mesures restrictives, voire même de pouvoir envisager un déconfinement progressif.
Concrètement, ceux qui veulent (r)entrer en Suisse par la voie des airs devraient présenter un test négatif récent à l’atterrissage, puis se mettre en quarantaine pendant cinq jours avant de subir un nouveau test rapide. Des tests antigènes pourraient aussi être proposés aux arrivants, à leur charge… Pour ceux qui opteraient pour la voie terrestre, une déclaration sur l’honneur pourrait suffire. Pour les frontaliers, les partis proposent un concept de dépistage dans les entreprises. Des tests salivaires pourraient également être envisagés à cette fin.
Dépendance aux frontaliers
Sur l’Arc Lémanique, cette proposition se heurte rapidement au principe de réalité. Les cantons de Vaud et de Genève sont trop dépendants des travailleurs frontaliers pour qu’il soit envisageable d’instaurer des tests Covid systématiques aux frontières. Les exécutifs cantonaux ont, du reste, déjà signifié leur opposition. « Le Conseil d’État genevois est favorable à toute mesure qui permette de limiter la propagation du virus. Il n’est toutefois pas convaincu que (le test aux frontières) soit adapté à la réalité de Genève et de sa région », a sobrement commenté Anne Émery-Torracinta, présidente de l’exécutif genevois, dans la Tribune de Genève. Et l’élue d’évoquer une « zone de confiance » où « passer la frontière est un acte du quotidien ».
Pour autant, exempter les frontaliers de ces tests réduirait à néant toute cette stratégie, alors même que tout le monde s’accorde sur la nécessité de prendre de nouvelles mesures pour limiter la propagation du virus et de ses variants, dans un contexte sanitaire où les contaminations stagnent à des valeurs jugées trop élevées. Sous pression, le Conseil confédéral, qui étudie toutes les options, devrait clarifier sa position dans les prochains jours.
Par Matthieu Challier
0 commentaires