« Le malheur des uns fait le bonheur des autres. » Le proverbe semble un peu cynique, et pourtant, il apparaît ô combien d’actualité.
Alors que le coronavirus se lit sur toutes les lèvres, se promène dans tous les esprits et semble loin d’avoir atteint son apogée, le pays s’organise (comme il peut). De nombreuses entreprises s’inquiètent, à l’instar de la population. Et il est difficile de mesurer, pour l’heure, l’impact du virus en termes humains et de business. Pour autant, on peut déjà imaginer qu’il laissera des stigmates dans son sillage. Si l’on se réfère au prisme économique, on commence à entrapercevoir les conséquences en cascade induites par cet ennemi invisible. Le ministre des Finances, Bruno Le Maire, craint d’ores et déjà un « impact sévère » sur l’économie française. Évènementiel, hôtellerie et restauration se trouvent en première ligne, frappés durement par cette crise sanitaire. Et ils ne sont pas les seuls. Le ministre craint également pour l’automobile et l’aérien. Ce dernier secteur étant également rudoyé par un autre mal, sournois, insidieux et auquel il peut difficilement échapper : une législation ubuesque. On aurait pu penser avoir atteint la quintessence de l’idiotie, avec les chaînes d’infos en continu, distillant en boucle pléthore de nouvelles angoissantes sur un fond sonore généralement paniquant. Mais non. Les contraintes législatives européennes auxquelles le transport aérien est assujetti sont tout simplement ahurissantes. Pourquoi ? Afin de pouvoir conserver les créneaux horaires qui leur sont attribués, les compagnies aériennes se voient obligées de poursuivre leur trafic… à vide, ou presque. Cela vous paraît fou ? C’est pourtant vrai… Avec l’installation du coronavirus dans le monde, les taux de remplissage des avions ont mécaniquement chuté. Cependant, si les compagnies ne veulent pas perdre leur précieux sésame, soit leurs créneaux horaires de décollage ou d’atterrissage attribués dans les aéroports, elles doivent maintenir au moins 80 % de leurs vols prévus. Si elles s’y refusent, au motif, par exemple, qu’elles n’ont juste personne à transporter, elles peuvent perdre leurs créneaux au profit de la concurrence, lors de la saison suivante. Qui débute fin mars. L’instance chargée de coordonner les créneaux horaires de 46 aéroports à travers le monde a été saisie, mais pour l’heure, aucune réponse aux demandes d’assouplissement de cette loi n’a été formulée. Donc les avions volent, quasiment vides. Un désastre écologique et économique, une aberration permise par une législation lourde et incapable de réactivité.
“L’aérien est également rudoyé par un autre mal, sournois, insidieux et auquel il peut difficilement échapper : une législation ubuesque. »
Or, avec cette crise sanitaire majeure, la réactivité semble être de mise. C’est peut-être même, l’une des solutions qui pourrait permettre d’éviter à notre économie de sombrer.
Certains tirent leur épingle du jeu de cette période délicate. La grande distribution, par exemple, retrouve des couleurs, notamment via les achats de précaution, que de nombreuses personnes ont pu faire, et encore plus par les drives. D’autres entreprises innovent et en profitent pour proposer des produits particulièrement bien adaptés à cette crise, comme des purificateurs d’air, promesse d’une destruction immédiate et massive de microbes et bactéries.
La réactivité et la créativité dont nos entreprises ont déjà fait preuve dans le passé seront-elles à la hauteur de cette période trouble ?
Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr
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