Dans son édito, Myriam Denis s’interroge sur le soudain regain d’intérêt du président de la République — à mi-mandat — pour la presse régionale.
Lorsque j’ai choisi de quitter la presse quotidienne nationale en 2009 (une hérésie pour certains) pour rejoindre un groupe de presse locale, j’ai assez rapidement pris la mesure de l’hypocrisie du microcosme politique que j’avais pu côtoyer. Lorsque vous êtes journaliste responsable de rubrique pour Le …, vous décrochez votre téléphone et le plus naturellement du monde, vous vous entretenez avec le ou la ministre de votre choix. Tout paraît relativement simple et accessible, force du titre oblige. Mais les choses se corsent, lorsque vous prenez votre téléphone pour contacter ces mêmes hautes sphères politiques au titre d’un canard local. Pourquoi ? Mes lecteurs sont aussi des électeurs. Et la prose des journalistes de région n’a rien à envier à celle des confrères parisiens. Pourtant, cela n’a pas empêché Emmanuel Macron de bouder les médias régionaux pendant toute la première moitié de son mandat. Nous sommes considérés comme quantité négligeable aux yeux des énarques. Pourtant, le paradigme présidentiel est en train d’évoluer lentement, très lentement.
« AINSI, LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE S’EST REMÉMORÉ QU’À TRAVERS LA PRESSE RÉGIONALE, IL POUVAIT DISTILLER SES MESSAGES… FORMIDABLE, À MI-MANDAT ! »
Ainsi, le président de la République s’est remémoré qu’à travers la presse régionale, il pouvait distiller ses messages… Formidable, à mi-mandat ! Alors, il s’est rappelé des “territoires”, terme qu’il affectionne. Houhou, nous sommes là ! Aussi, il a organisé à Rodez – vous ne connaissiez pas, moi non plus – son tout premier débat en règle autour de sa réforme des retraites. Les confrères de La Dépêche du Midi avaient été sollicités pour l’occasion. Puis, le Président s’est déplacé à Clermont-Ferrand, pour célébrer le centenaire d’un canard régional. L’ancrage local et la presse des territoires, un amour renouvelé ? On aurait presque pu y croire. L’entourage du chef de l’État a alors affirmé : “Au fond” Emmanuel Macron serait un grand amateur de presse locale. Bien au fond, alors… Ses communicants affirment (limite avec une petite auréole au-dessus de la tête), que le Président jette un œil chaque matin aux 66 “unes” des titres régionaux maillant la France. Via internet (il ne faudrait pas exagérer). Il doit quand même être rapide, son coup d’œil, parce 66 “unes”, ça commence à faire des titres. Apparemment, le Président nourri un goût tout particulier pour Ouest France (le plus gros tirage français pour un canard de PQR) et l’Équipe. Les seuls médias qu’il lit en version papier, selon certains députés. On dit que l’exemple vient d’en haut… Chers lectrices et lecteurs, je vous invite tout de même à parcourir notre prose, fruit d’un travail d’investigation poussé et 100 % local.
Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr

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