L’édito de Myriam Denis : « PMA ou pas ? »

par | 26 septembre 2019

À l’heure où j’écris ces lignes, s’ouvre à l’Assemblée nationale l’examen du texte sur la bioéthique, abritant en son sein les mesures prévoyant des modifications sur la procréation médicalement assistée.

Myriam DenisParticulièrement médiatisé, ce projet de loi sur la bioéthique envisage la suppression du critère d’infertilité pour accéder à la PMA, et d’ouvrir ce type de procréation aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires. J’ai lu et entendu, çà et là, des avis divergents sur le sujet. Et forcément, il m’interroge. Peut-être parce que je suis une femme, une mère, à la tête d’une jolie petite famille, monoparentale depuis quelques années. Peut-être aussi parce que, plus largement, cette évolution législative nous interroge tous, en questionnant les fondements même de notre vie, la genèse de notre histoire et une (r) évolution sociétale à laquelle nous ne sommes peut-être pas tous prêts.

Peut-on, nous les femmes, se passer de vous, chers messieurs, pour concevoir et élever un enfant ? Potentiellement, la réponse est oui, ne vous en déplaise (même si c’est toujours plus facile d’être deux, notamment pour porter les paquets lourds et terrifier une araignée grande comme une assiette).

Le projet de loi prévoit donc d’ouvrir la PMA aux femmes “non mariées” : un bon point, quand on sait qu’un mariage sur deux, ou sur trois selon les régions, se solde par un divorce – et donc, à la famille monoparentale – retour à la case départ. Celle-ci serait remboursée par la Sécurité sociale (10 à 15 millions d’euros à trouver, alors que les lunettes ne le sont pas : OK, c’est un autre sujet, mais quand même…). 

« PEUT-ON, NOUS LES FEMMES, SE PASSER DE VOUS, CHERS MESSIEURS, POUR CONCEVOIR ET ÉLEVER UN ENFANT ? POTENTIELLEMENT, LA RÉPONSE EST OUI. »

La question de savoir s’il faut accompagner médicalement les femmes seules ou en couple avec une autre femme pour concevoir est un vrai débat de société. Pour l’heure, les femmes qui veulent faire un bébé toutes seules ont des possibilités – plus ou moins risquées. L’idée d’encadrer les choses et de renoncer à la politique de l’autruche semble logique et finalement, relativement cohérente avec la réalité des faits. Mais l’enfant à venir sera d’emblée privé de la double filiation homme – femme (mode d’emploi ?), et devra se construire différemment. Au final, nous nous construisons tous différemment de par nos histoires personnelles, c’est aussi en ce sens, que nous sommes semblables…

D’autres encore, craignent la chute du modèle patriarcal encore largement dominant. Car il est vrai que l’enfant grandissant a besoin de repères tant féminins que masculins pour se construire : en ce sens, les mères célibataires ou accompagnées d’une autre femme savent sans doute s’entourer de solides présences masculines. Ce débat soulève à mon sens un autre point, au-delà même du sujet initial : il porte plutôt sur l’intérêt souverain que l’on semble porter à la volonté individuelle, et qui semble dès lors, l’emporter sur le reste. Serait-ce précisément là, l’évolution “naturelle” de notre société ?

Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr

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