L’édito de Myriam Denis : « Rentrée… ou pas »

par | 30 août 2018

Dans son édito, Myriam Denis s’interroge, à l’occasion de la démission du ministre Nicolas Hulot, sur l’intérêt réel de nos politiques pour l’écologie.

C’était aussi un jeudi, ce 30 août 2012. Tu as pointé le bout de ton nez, toi ma fille, mon premier enfant, mon rayon de soleil. Aujourd’hui, tu as six ans. Tu es encore un tout petit bout de fillette, au caractère pourtant bien affirmé. Tu t’appelles Flora et tu adores la nature, comme moi. Tes petites boucles au vent et ton sourire charmant illuminent ma vie.

Mon édito hebdomadaire – a fortiori, de rentrée – ne me servira pas (uniquement) à rédiger une ode à ma fille (quoique ce n’est pas l’envie qui manque dans mon cœur de mère). (Et après tout, Marlène Schiappa raconte bien ses douches dans un livre à ses filles.)

Il me servira cependant à exprimer toute l’ambivalence que je ressens si j’analyse les éléments factuels qui secouent notre petit monde. Et je me pose cette question transcendante : quel monde, justement, va-t-on vous laisser, à toi Flora, à ton petit frère, et à tous les autres ?

Nous venons d’apprendre que le ministre de l’Écologie, Nicolas Hulot, a quitté le gouvernement. Tu sais, je t’ai parlé du gouvernement : ces hommes et ces femmes qui pensent détenir entre leurs mains le pouvoir suprême de changer le cours des choses, mais qui la plupart du temps, défendent surtout leurs propres intérêts ou ceux de leur parti.

« NICOLAS HULOT, NI TOUT BLANC NI TOUT VERT, PAS TOUJOURS OUVERT MAIS PLUTÔT POPULAIRE, VÉRITABLE CAUTION ENVIRONNEMENTALE DU GOUVERNEMENT MACRON, A DÉCIDÉ DE TIRER SA RÉVÉRENCE. »

Nicolas Hulot, ni tout blanc ni tout vert, pas toujours ouvert mais plutôt populaire, véritable caution environnementale du gouvernement Macron, a décidé de tirer sa révérence et de s’extirper du panier de crabes. Son clap de fin présente des similitudes frappantes avec l’histoire du garçon qui criait au loup (d’après une fable d’Esope) que je te raconte : plusieurs fois, Nicolas criait au loup, prétendait qu’il allait quitter le gouvernement Macron, puisqu’il n’obtenait pas gain de cause sur les dossiers qu’il chérissait particulièrement. Son combat contre les pesticides ou le nucléaire furent vite balayés d’un revers de main et remisés au recyclage. Alors, il annonça, visiblement très ému et l’œil aussi humide que s’il était habité par la fonte des glaces, sur France Inter, qu’il ne se « mentirait plus » et qu’il préférait partir plutôt que de servir. De déceptions en désillusions, sans en informer au préalable ses patrons (Édouard Philippe et Emmanuel Macron), le présentateur vedette et militant écolo élevé au rang de ministre a craqué. Vraisemblablement, et j’emploierai ici le conditionnel, il semblerait que les chasseurs lui aient volé dans les plumes, ce qui aurait précipité son départ. Plus précisément, Emmanuel Macron, fervent défenseur de la pratique de la chasse (ou de ses représentants), a réuni le président de la Fédération nationale de la chasse, le lobbyiste des chasseurs, Nicolas Hulot et son secrétaire d’État. Au menu : baisse du coût du permis de 400 à 200 euros. Le ministre de l’Écologie, ardent défenseur (notamment) des oiseaux menacés de disparition, a pu prendre cette décision comme le coup de grâce donné à ses espoirs les plus fous. En 14 mois, il a porté de nombreux combats, mais n’a pas hésité à affirmer dans les colonnes de Libération que certaines avancées obtenues, comme les éoliennes offshores, lui avaient été concédées pour éviter son départ. Lorsqu’il a annoncé sa démission, la star du monde écolo a avoué son impuissance à changer les paradigmes. Il aura gagné certains combats, d’autres pas, à l’image de ses projets quant à l’alimentation ou encore, le nucléaire. Il a semblé espérer que son geste, résonne comme un signal d’alarme auprès du gouvernement. Pour l’instant, on verse surtout dans la récupération politicienne… La question n’est pourtant pas tant de savoir si cela va affaiblir le président de la République, mais peut-être serait-il pertinent de véritablement se préoccuper de gérer la suite. À court, moyen et long terme. Gouverner, n’est-ce pas prévoir ?

Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr

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