Difficile de passer à côté de l’actualité du procès de Mazan. Pendant 10 ans, un mari a drogué sa femme pour la violer et permis à des dizaines d’inconnus trouvés sur le Net de faire de même.
À travers ce procès, c’est l’image de monsieur tout le monde qui se dégage… L’infirmier, le journaliste, mais aussi le pompier, le militaire, le gardien de prison ou l’élu municipal, voilà quelques-unes des fonctions des 51 accusés identifiés… Mais, les forces de l’ordre ont dénombré 83 violeurs présumés sur les vidéos conservées par Dominique Pélicot, le mari.
Le caractère terrible de cette histoire, outre la violence des faits, c’est la banalité des profils… Des hommes, des pères de famille, parfaitement insérés dans la société. L’un d’entre eux est d’ailleurs arrivé en retard le premier jour du procès. C’était la rentrée scolaire, il avait accompagné son enfant à l’école.
Face à ce genre de situations, la levée des boucliers et les phrases répétées sont classiques : « Tous les hommes ne sont pas des violeurs », « il n’y a pas mort d’homme » ou encore, « les hommes aussi se font agresser ». Des phrases nuançables bien que foncièrement vraies. Mais plutôt que de nous plonger dans un débat sans fin sur le sujet, parlons chiffres.
Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), les personnes « mises en cause par les services de sécurité par nature du crime ou du délit selon le sexe », en 2019, sont à très grande majorité des hommes.
Les coups et blessures volontaires ? Comptez 65,6 % d’hommes. Les escroqueries ? 68,2 % d’hommes. Les autres crimes et délits (hors routiers) ? 85,3 % d’hommes. Les destructions et dégradations ? 88 %. Les vols ou tentatives de vols avec violence ? 92,8 %. Et la liste va croissant, jusqu’aux infractions à caractère sexuel : 96,5 %.
Seule exception, les atteintes à la famille, où les femmes dépassent de peu les hommes, représentés dans cette catégorie à 45,5 %. Selon le rapport d’enquête Vécu et ressenti en matière de sécurité, datant de 2022, un viol ou une tentative de viol se produit toutes les deux minutes trente en France.
Selon Odexa pour le Figaro et France Info en 2017, une femme sur deux a déjà subi une violence sexuelle en France. Et en face de ces victimes, il y a des agresseurs… Même en prenant en compte d’éventuels récidivistes…
Nous parlons d’environ 17 millions de femmes ayant déjà subi une violence sexuelle. Statistiquement… Nous connaissons tous un agresseur.
Alors non, tous les hommes ne sont pas des agresseurs, en revanche, une large majorité d’agresseurs sont des hommes. Sans aller jusqu’au mari qui drogue sa femme, cette situation peut aisément mettre de nombreuses femmes dans une position de méfiance dans plusieurs domaines, que ce soit dans l’espace public, avec des « amis » qui auraient un peu trop bu, mais aussi dans le cadre professionnel.
D’après une étude menée entre 2017 et 2019 par l’Organisation internationale du travail (OIT) sur 4,5 millions de salariés français, 52 % de femmes ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans l’exercice de leur métier, contre 27 % d’hommes. Des chiffres hallucinants qui montrent qu’il y a encore beaucoup à faire sur les comportements.
Photo de Héctor Martínez sur Unsplash
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