Chères lectrices et chers lecteurs, permettez-moi tout d’abord de vous souhaiter tous mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année. Nouvelle année qui sera, comme vous le savez, celle des Jeux Olympiques…
Si, en tant qu’Aindinoise, je suis particulièrement fière que notre département soit une terre d’entraînement et que des entreprises locales prennent part à ce rendez-vous, je déplore la manière dont l’événement est organisé. Les premières remontées négatives dans les médias concernaient les bouquinistes. Ces fameux vendeurs de livres, charme incontestable des quais de Seine, ont été sommés, pour des raisons de sécurité, de plier bagage pour la cérémonie des jeux qui se déroulera sur le fleuve. Pourtant, ils font leur apparition sur les quais dès les années 1600. Et, engagés dans un processus de reconnaissance au patrimoine mondial de l’Unesco, ils sont inscrits, depuis 2019, au patrimoine culturel immatériel français. Donc, lors d’une cérémonie d’ordre mondial, nous allons écarter une partie de notre patrimoine et de notre culture car nous sommes incapables de gérer des questions de sécurité. Mais après tout, nous organisons des JO.
Et plus les mois passent, plus les nouvelles de ce genre s’enchaînent. Après les bouquinistes, ce sont les étudiants dont on veut s’approprier le logement. Car non contents de ne savoir gérer la sécurité, nous manquons d’hébergements pour les pompiers, les soignants, les forces de l’ordre… Donc, les étudiants sont, eux aussi, priés de s’en aller. Mais pas de panique, ils seront relogés ailleurs, sans surcoût, auront une indemnité de 100 € et deux places pour les JO. S’ils travaillaient à proximité de chez eux, avaient des projets ou besoin de leur logement… Non en fait, ne nous posons pas la question, ce ne sont que des étudiants. Tout va bien, nous organisons des JO.
« Car non contents de ne savoir gérer la sécurité, nous manquons d’hébergements pour les pompiers, les soignants, les forces de l’ordre… »
Passons rapidement sur le ticket de métro parisien, dont le prix va passer de 2,10 € à 4 € pendant cette période. Athènes, Pékin, Londres avaient mis en place la gratuité des transports en commun, inclus dans les billets pour l’événement. À Rio, le pass quotidien était à 7 €. À Paris, ce sera 16 €… Mais, nous organisons des JO.
Revenons à la sécurité, celle-ci ne devrait finalement guère poser de problèmes puisqu’après tout, la France fait annuler ou décaler de grands événements pour que les forces de l’ordre, manifestement insuffisantes en nombre, puissent être redirigées vers la manifestation sportive. D’après le directeur des Vieilles Charrues, les organisateurs de festivals n’auraient pas été concertés avant cette annonce. Si l’événement breton a pu être décalé, la fête du lac à Annecy a, pour sa part, été annulée. Tout comme la féria de Marboz ou le Montjoux festival. Qu’importent les autres événements, nous organisons les JO.
Malgré ces menus désagréments, il reste encore aux Français la possibilité d’assister aux compétitions… À condition d’être tiré au sort pour avoir le privilège d’acheter une place, dont le montant pourra s’élever jusqu’à 980 € pour les sports les plus courus, et de 90 € à 2 700 € pour la cérémonie d’ouverture. Quant à la fierté d’être le pays d’accueil des épreuves… Espérons que l’événement n’ira pas de cafouillage en cafouillage et réjouissons-nous : nous organisons les JO.
Par Joséphine Jossermoz
Crédit photo : Bryan Turner sur Unsplash
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