Le comité d’entreprise européen e Ferroglobe annonce la fermeture des usines FerroPem de Château-Feuillet en Savoie et des Clavaux en Isère. Le plan conduirait à la suppression de 352 emplois.
Le contenu du plan de restructuration annoncé mi 2020 par Ferroglobe a été dévoilé le 20 mars 2021 lors d’un comité d’entreprise européen. Il confirme les inquiétudes exprimées depuis des mois, voire des années, par les salariés, les organisations syndicales et les élus locaux. Le groupe prévoit un arrêt d’activité pour deux des six usines françaises de sa filiale FerroPem : celle des Clavaux dans la vallée de la Romanche (Isère) qui emploie 82 salariés et celle de Château-Feuillet comptant 270 personnes. Au total, 352 emplois seraient supprimés. Un temps dans le viseur, l’usine de Montricher-Albanne en Maurienne ne serait pas concernée.
Un fort soutien de l’Etat
Ce plan de restructuration fait suite aux difficultés survenues en 2018 sur le marché du silicium en raison d’une baisse de 25% de la demande mondiale et d’une diminution de 30% des cours. L’Etat français a largement mis la main à la poche pour soutenir la trésorerie du groupe affectée par ce contexte mondial mais aussi par un système de centralisation de la trésorerie consistant à faire remonter chaque euro gagné à la maison-mère. « La politique mise en place par la direction pour payer le plus tard possible a généré une dette fournisseur qui a atteint les 60 millions d’euros pour être ramenée à une dizaine de millions actuellement. Elle a conduit certains de nos fournisseurs à ne plus nous livrer », explique la CGT. En décembre 2019, à l’Assemblée nationale, le député Vincent Rolland demandait au gouvernement d’intervenir : « la France ne peut pas se passer de son industrie électro-intensive, opérant souvent dans des secteurs stratégiques. » La fermeté affichée alors par la ministre déléguée à l’industrie, Agnès Pannier-Runnacher n’a, semble-t-il pas eu les effets escomptés auprès de Ferroglobe.
Mobilisation
A Château-Feuillet, la mobilisation reste forte pour obtenir le maintien d’un savoir-faire et de techniques suffisamment reconnus pour tirer parti de la reprise de la demande actuelle. « La stratégie de nos dirigeants a fait partir nos plus gros clients tandis que la sous-activité et le manque d’investissements ont plombé nos coûts de revient. Mais nous sommes en capacité de nous redresser très rapidement », analyse la CGT, favorable comme nombre d’acteurs locaux à une reprise de l’activité par un autre actionnaire. L’option ne séduirait guère le groupe, peu enclin à voir se développer la concurrence.
Une succession d’actionnaires
Spécialisée dans la production d’alliages à base de silicium et de fumées de silice, l’usine de Château-Feuillet a démarré son activité en 1928 avec 500 salariés et trois fours monophasés d’une puissance de 3 MW chacun. Au fil des décennies, elle a su s’adapter aux évolutions de la technologie, du marché, de la réglementation. Modernisation des bâtiments, rénovation et/ou reconstruction des fours, automatisation de certaines tâches comme l’ensachage, mise en place d’équipements de dépoussiérage, certifications Iso 9001, 14 0001 et OHSAS 18001…. Les investissements réalisés ont permis de rester à la pointe de la technologie malgré une succession d’actionnaires : Pechiney en 1985, Alcan (2003), Ferroatlantica (2005) et Ferroglobe né en 2016 de la fusion de Ferroatlantica et de Globe.
Stratégie
En 2018, lors des 90 ans de l’usine, un plan d’investissement de près de 10 millions d’euros sur deux ans avait été annoncé. « Le marché du silicium est en baisse alors que celui du ferrosilicium croît. Pour nous adapter à la demande, deux de nos fours silicium vont donc être convertis au ferrosilicium », expliquait à l’époque la direction. Ces investissements n’ont jamais été réalisés, obligeant le site à se reconvertir sur des produits moins porteurs.
Près de 1000 salariés en France
En France, FerroPem emploie 960 salariés répartis entre son siège chambérien et ses six sites de production : Pierrefitte-Nestalas dans les Hautes-Pyrénées, Laudun dans le Gard, Anglefort dans l’Ain, Les Clavaux en Isère et, en Savoie, Montricher et Château-Feuillet. L’usine tarine qui se déploie sur près de 5 hectares est la plus importante du groupe sur le territoire national. Dotée de 4 fours principaux , elle réalisait en 2018 un chiffre d’affaires de l’ordre de 100 millions d’euros avec une part de l’export de 80 à 85%.
La direction de FerroPem n’a pas répondu à nos sollicitations.
Crédit photo : archives – FerroPem Chateau-Feuillet
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