Si 2021 a été une année de reprise de l’hôtellerie française, 2022 affiche une forte hausse de la fréquentation et du prix moyen. À la montagne aussi, où la montée en gamme se confirme.
Le secteur de l’hôtellerie reprend de belles couleurs. Selon KPMG, qui vient de présenter, à Annecy, sa 45e étude annuelle de l’industrie hôtelière française*, la fréquentation domestique a dépassé au deuxième trimestre 2022 son niveau d’avant pandémie, et la clientèle étrangère est de retour. Dans l’Hexagone, le nombre de nuitées hôtelières croît de 3,2 %.
Une rentabilité supérieure
L’évolution positive des taux d’occupation conjuguée à celle des prix moyens (entre +10 et +20 %) engendre mécaniquement une hausse du RevPar (revenu par chambre disponible) de +7,5 à +15 % à fin septembre 2022, par rapport à la même période en 2019, pour toutes les catégories d’hôtels.
Bénéficiant de cette dynamique, les hôteliers retrouvent les niveaux de marge opérationnelle qu’ils connaissaient avant la crise, voire supérieurs pour certains territoires.
« L’enjeu consistera à les maintenir en 2023, quand 2022 s’annonce comme une année record », relève Luc Jaeckel, manager “hospitality” chez KPMG.
Ces bons chiffres traduisent aussi l’adaptation de l’industrie hôtelière aux nouvelles attentes post-covid des clientèles, en quête de concepts « plus durables et hybrides ». Résultat, les transactions reprennent, malgré la frilosité des banques en termes de financement et la hausse des taux d’intérêt.
Dans la montagne française, qui concentre 12 % d’hôtels parmi les lits professionnels (ceux-ci pesant 30 % des 1,9 million de lits touristiques), les Alpes du Nord tirent leur épingle du jeu et en recensent 80 %, soit 55 000 lits hôteliers répartis majoritairement dans les stations de charme et grands domaines de Savoie Mont-Blanc.
« Le poids de l’hôtellerie reste faible, comparé aux résidences de tourisme (27 %) mais elle génère des lits chauds et affiche un très bon rendement », souligne Denis Maurer, le président du cabinet d’étude savoyard G2A .
Plus de 4 et 5 étoiles en station
Il pointe également de nombreux biens à la vente, en raison de problèmes de transmission, et probablement de remboursement des prêts garantis par l’État octroyés pendant la crise. Autre constat : la montée en gamme, attendue par les clientèles. Le nombre d’établissements 4 et 5 étoiles “palaces” augmente sensiblement, a contrario des 3 étoiles, plutôt stables.
Côté réservations pour l’hiver 2022-2023, elles sont en hausse, au 25 novembre, de 3 points (soit +8,2 %) à 39,7 % à la montagne, et de +3,3 points à 44,3 % dans les Alpes du Nord. Dans le détail, les hôtels 1 et 2 étoiles enregistrent +3,1 points à 37 %, les 3 étoiles +3,7 points (41,5 %), les 4 étoiles, +2 points (48 %) et les 5 étoiles “palaces”, +3,6 points (45 %). « Ce modèle correspond aux habitudes des vacanciers et s’inscrit dans une tendance actuelle de courts séjours, dopée par le télétravail avec la création de produits du vendredi au lundi hors vacances », analyse l’expert, qui prévoit un taux d’occupation global de 61 millions de nuitées touristiques cet hiver tous hébergements et massifs confondus, en progression de +1,7 % par rapport à N-1.
Pour 2023, une incertitude plane sur les performances de l’hôtellerie compte tenu de l’explosion des coûts de l’énergie (multipliés par trois ou quatre et en partie répercutés sur les prix de vente) qui risque de peser sur les résultats. « Mais jusqu’à quel point les clients vont-ils accepter ces hausses de prix ? », s’interroge Luc Jaeckel, qui anticipe un effet de seuil dans un contexte d’inflation galopante et de baisse du pouvoir d’achat. Si cela n’empêchera pas les Français de partir, ils iront certainement moins loin ou moins longtemps.
* L’étude porte sur un panel de 2 900 hôtels, représentant 41 % du parc hôtelier français (hors palaces).
Patricia Rey
© Club Med de Tignes
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