Le PDG de MND rebondit et conforte ses positions dans l’équipement de la montagne et les transports urbains par câble. Voici son interview.
Vous avez déclaré mi-août avoir résolu vos difficultés financières via une recapitalisation, qu’en est-il ?
L’ensemble des opérations a été finalisé, comme prévu, courant septembre. Les actionnaires réunis lors de deux assemblées générales extraordinaires ont voté favorablement les deux augmentations de capital. La première d’un montant de 15 millions d’euros, et la seconde de 20 millions, afin de renforcer les fonds propres du groupe et de nous concentrer sur l’avenir.
Comment avez-vous vécu cette période sombre ?
Ce sont des moments qui ne sont jamais simples, notamment pour les équipes. Le niveau d’activité était bon, ce qui a eu pour effet de nous freiner dans notre élan… Une affaire de quelques mois, le temps de boucler l’opération. Dans toute phase de croissance, il y a des paliers à franchir. Celui-ci a été passé avec une année de retard, ce qui a provoqué des tensions dans la trésorerie et dans le quotidien [ndlr : 1,6 million d’euros de perte et 67,2 millions de dettes à fin juillet 2019]. Mais cela n’a, à aucun moment, remis en cause la pérennité de l’entreprise. La preuve…
Début octobre, vous annonciez le transport urbain Cabline 2.0 et votre partenariat avec Bouygues ?
L’équipement des sites de montagne est notre coeur de métier historique. Il y a deux ans, suite à la rénovation réussie du funiculaire de Montmartre pour la RATP, nous avons décidé d’élargir notre offre auprès des collectivités publiques pour répondre aux projets de transport par câble urbain. En parallèle des télécabines et téléphériques, nous avons développé des solutions technologiques dédiées à l’urbain, telles que Cabline 2.0. La subvention de 4,4 millions d’euros allouée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), après que nous avons remporté l’appel à projets du Plan d’investissement d’avenir (PIA), nous a permis d’accélérer son développement.
Premier projet, la construction d’un démonstrateur urbain ?
Nous entrons dans la phase de construction d’un démonstrateur grandeur nature. Bouygues, très intéressé par notre solution, a souhaité participer à sa construction et financièrement. Une vraie reconnaissance pour notre groupe. Avec dans l’objectif, à terme, de proposer une offre groupée aux collectivités en France et à l’international. MND interviendra comme concepteur de machinerie et cabine, et Bouygues sur la partie génie civil et montage. Le démonstrateur sera réalisé courant 2020 et certifié fin 2020-début 2021 avec une ouverture au public en 2021. Sur un site utile et visible en Auvergne- Rhône-Alpes [ndlr, il pourrait être implanté dans les Savoie].
Un mode de transport d’avenir ?
Le transport par câble est en pleine croissance et fait sens auprès des collectivités dans le monde de par ses coûts d’investissement et d’exploitation plus faibles au regard d’autres transports urbains. Et c’est sans compter sa durée de construction réduite, son empreinte au sol et son impact environnemental limités et son débit élevé jusqu’à 5 000 personnes/h par direction à une vitesse de 45 km/h. Nous avons candidaté à trois appels d’offres à Grenoble, à La Réunion et à Ajaccio et trente projets sont encore à l’étude en France.
Vous affichez un carnet de commandes de 181 millions. Quels sont les grands chantiers à venir ?
Sur le marché de la sécurité, où nous sommes leader mondial, nous venons de remporter le marché de protection du Kandahar à Chamonix et avons été reconduit pour le Critérium de la Première Neige à Val d’Isère. Dans le domaine du déclenchement d’avalanche, avec systèmes fixes ou mobiles et sans explosif [ndlr : il en est l’inventeur], nous avons signé un nouveau contrat dans le Caucase (Géorgie) pour protéger les pistes de ski et les infrastructures de transport… soit au total 24 systèmes fixes et mobiles, quand on en vend d’habitude 130 dans l’année ! Même chose au Chili dans des mines de cuivre à ciel ouvert, à 5 000 mètres d’altitude dans la Cordillère des Andes. Côté enneigement, nous avons de beaux projets d’extension à Chamonix, au Grand-Bornand, Valmeinier… à savoir 1 300 nouveaux enneigeurs dans 40 pays, moins énergivores et plus “durables”. Quant aux remontées mécaniques, l’année sera riche avec la mise en service de deux télésièges débrayables 6 places à Avoriaz et en Suède. En Chine, à Golden Mountain, une télécabine 8 places et un débrayable 6 places seront opérationnels en 2020. Ce ne sont pas les projets qui manquent !
Propos recueillis par Patricia Rey
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