Autorités suisses et françaises viennent de signer une convention pour améliorer durablement les liaisons lacustres.
Pas moins de 2 500 Français prennent le bateau tous les jours pour aller travailler en Suisse, soit 1,3 million de personnes par an. Un chiffre qui croît proportionnellement à celui du nombre de frontaliers : 10 000 dans le seul canton de Vaud en 2000, plus de 31 000 en 2019. Une petite foule de travailleurs qui n’a que deux options pour se rendre à Lausanne depuis Thonon ou Évian : la route ou le lac. D’où l’importance de la convention signée le 22 août entre le canton de Vaud, la Communauté de communes Pays d’Évian Vallée d’Abondance (CCPEVA) et Thonon Agglomération.
Elle acte, pour le long terme, l’engagement des autorités « à définir conjointement et de manière coordonnée l’offre de transport public sur le lac Léman ». Le changement est surtout significatif pour les collectivités françaises, qui vont devoir mettre davantage la main au portefeuille.
Opérées par la Compagnie générale de navigation (CGN, siège à Lausanne), les lignes lacustres transfrontalières entre les deux villes chablaisiennes et la capitale du canton de Vaud génèrent chaque année un déficit d’exploitation d’environ 4 millions de francs suisses (3,7 millions d’euros).
Jusqu’à présent, la CCPEVA, Thonon Agglomération, le Département de la Haute-Savoie et la Région contribuaient à hauteur d’un million de francs suisses (0,9 million d’euros) au comblement de ce déficit. Avec ce nouvel accord, leur participation va doubler, atteignant ainsi le même niveau que celle du canton de Vaud et de la Confédération réunies.
Mise à l’eau en 2022
Un accord qui a entraîné dans son sillage la commande de deux nouveaux bateaux pour améliorer les dessertes Thonon-Lausanne et Évian-Lausanne. Le premier d’entre eux devrait être mis à l’eau dès 2022 pour assurer la liaison vers Évian. D’un coût estimatif de 15 millions de francs suisses environ (14 millions d’euros) pour 700 places, il sera financé par la CGN avec une garantie d’emprunt accordée par la Confédération. Il permettra d’ajouter sept allers-retours quotidiens, faisant passer la cadence aux heures de pointe de 80 minutes à 45 minutes avec deux fois plus de places assises.
Le deuxième pourrait naviguer vers Thonon dès 2025. « Et nous sommes en réflexion pour créer une ligne entre Lugrin et la Riviera », indique Josiane Lei, présidente de la CCPEVA. De quoi dissuader un certain nombre de frontaliers de prendre leur voiture et donc, de gagner en émissions de CO2.
« Un voyageur qui prend le bateau entre Lausanne et Évian émet trente fois moins de gaz à effets de serre que s’il faisait le même déplacement en voiture », déclarait Nuria Gorrite, présidente du Conseil d’État vaudois après avoir dûment rappelé que « l’économie très dynamique de Genève et de Lausanne nécessite un bassin salarial important ».
« Le doublement des bateaux évite de mettre trop de voitures sur les routes, sécurise les utilisateurs et consolide la main-d’oeuvre transfrontalière, précisait Pascal Broulis, conseiller d’État en charge des finances et des relations extérieures. En cette période d’instabilité, il est important de montrer de manière claire les bénéfices et la richesse qu’apportent les flux transfrontaliers tant en France qu’en Suisse. »
Par Sylvie Bollard
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