Le “diamant noir” refait surface

par | 29 novembre 2019

En désuétude, la truffe du Nord-Isère tente d’être remise au goût du jour par une association de passionnés, pour le devenir des agriculteurs.

S’agissant de la truffe, parler de ce qu’elle peut rapporter en monnaie sonnante et trébuchante est comme demander à un ramasseur de champignons ses meilleurs coins : c’est impossible ! Et pourtant, avec un prix qui s’affiche dans le commerce entre 700 et 1000 € le kilo, on serait bien intéressé de savoir ce que l’activité rapporte en Nord-Isère comme ailleurs, surtout quand on sait que le poids moyen d’une truffe se situe entre 20 et 50 grammes.

« Le monde de la truffe est un monde fermé, pour ne pas dire, opaque. Ce n’est pas pour rien si la truffe est appelée le diamant noir ! », explique Serge Varambon, président de la nouvelle association La Truffe de l’Isle Crémieu en Dauphiné. Avec une poignée de passionnés, il a monté cette association pour essayer de redonner à la truffe du Nord-Isère ses lettres de noblesse.

Car noblesse il y eût : 2000 tonnes étaient récoltées par an en France à la fin du XIXe siècle, dont quelques-unes dans le Nord-Isère, pour descendre petit à petit à 250 tonnes/an dans les années 1960 et se stabiliser à 25 “petites” tonnes environ aujourd’hui. Mais pourquoi diable a-t-on tourné le dos à ce champignon tant prisé des gourmets et vendu cher ? C’est que dame truffe est une capricieuse. Elle ne pousse pas n’importe où et n’importe comment…

« Le monde de la truffe est un monde fermé, pour ne pas dire, opaque. Ce n’est pas pour rien si la truffe est appelée le diamant noir ! »

Un succès assuré

Pour la voir germer, les sols boisés devraient être entretenus, la terre aérée, et bien drainée, ce qui n’est plus trop le cas aujourd’hui. « Jadis, on labourait les coteaux avec des ânes, et les arbres étaient abattus très tôt dans la saison pour que le bois sèche et chauffe d’autant mieux l’hiver. Ces terrains sont, hélas, devenus inexploités, et ils ne favorisent plus la présence de la truffe », déplore Louis Michut, trésorier de l’association et élu à Panossas, village où il a planté des rangs de chênes truffiers. L’autre raison vient de la mécanisation de l’agriculture qui a envoyé les tracteurs labourer les plaines, plutôt que les coteaux.

Dans ce territoire des Balcons du Dauphiné qui présente toutes les caractéristiques nécessaires au développement de la filière trufficole, la truffe devenant un produit de plus en plus prisé, à tel point que la demande est supérieure à l’offre, les responsables de l’association veulent y voir une aubaine à l’égard d’agriculteurs dont, comme chacun le sait, la survie est menacée. « La truffe a plusieurs avantages. Elle peut apporter à l’agriculteur un complément de revenus à partir de terrains en déprise et inexploités, et la forte demande de consommateurs comme de restaurateurs fait que le succès de sa commercialisation est assuré », confie Yves Borel, vice-président de l’association.

Bref, bien des atouts qui ont poussé en 2019 La Truffe de l’Isle Crémieu en Dauphiné à déposer ses statuts et, aux collectivités, telles que, le Département, la Chambre d’agriculture de l’Isère ou le Conseil régional à lui apporter leur soutien. Pour ce faire, le Syndicat Mixte de la Boucle du Rhône en Dauphiné (Symbord) oeuvre grandement depuis quelques années au côté du Syndicat des Trufficulteurs de l’Isère et du Centre régional de la propriété forestière (CRPF) pour le développement de la production sur son territoire.

Un marché et une confrérie

Reste à convaincre les agriculteurs d’adhérer au projet, si tant est que l’exploitation de la truffe restera, ici, une activité complémentaire. Si une première réunion d’information se tiendra mardi 10 décembre de 12 h à 14 h à la salle Jouvenet de Montalieu- Vercieu, l’association multiplie les activités et les services pour atteindre ses objectifs.

Par exemple, elle est conseillère technique auprès du Département qui la consulte dans les dossiers d’aide à l’exploitation de trufficulteurs. Grâce à une cartographie éditée dans son guide pratique, elle informe les Nord- Isérois de la présence de la truffe sur leur territoire. Dans ses rêves les plus fous, elle aimerait voir un jour se créer un marché de la truffe et une confrérie. Dans ces deux objectifs, on lui prévoit un grand succès. Qui pourrait rester insensible au diamant noir ?

La truffe noire et la truffe de Bourgogne sont les deux espèces les plus encouragées par le territoire car ses techniques de culture sont connues et qu’elles représentent un intérêt culinaire recherché.


Par Éliséo Mucciante


Cet article est paru dans votre magazine ECO de l’Ain du 28 novembre 2019. Il vous est exceptionnellement proposé à titre gratuit. Pour retrouver l’intégralité de nos publications papiers et/ou numériques, vous pouvez vous abonner ici.

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