À Chamonix, la reconstruction des gares des téléphériques des Grands Montets, confiée à l’architecte Renzo Piano, sera finalisée fin 2026. L’investissement est à la hauteur du site : plus de 110 millions d’euros.
« Ériger une architecture en montagne est une aventure, pour Renzo Piano », assure Carla Baumann, architecte de l’agence Renzo Piano Building Workshop (RPBW) en charge, avec Joost Moolhuijzen, du projet des Grands Montets, qui a fait l’objet d’une conférence début mars avec le CAUE 74. Et pour son maître d’ouvrage (et financeur), la Compagnie du Mont-Blanc (CMB), cette réalisation constitue un symbole fort, comme l’explique Olivier Vezinhet, le directeur d’exploitation du site : « Les Grands Montets sont plus qu’un domaine skiable. Depuis l’incendie, qui a ravagé la gare de Lognan en 2018, la vallée et ses habitants ont été amputés d’un site majeur, d’où notre volonté de créer un ouvrage marquant. » Le plus important jamais mené jusqu’alors (voir Éco du 29 janvier 2021).
Le directeur technique de la CMB enchaîne : « Ce projet est l’opportunité unique de reconstruire un site de grande ampleur avec une vraie signature, et d’en faire un produit exceptionnel en matière de tourisme quatre saisons à Chamonix, en offrant de multiples expériences. »
Sur le terrain, cette création dans un site classé confère à Renzo Piano et son équipe une grande responsabilité : « laisser une trace en montagne… durable. »
C’est aussi un « sacré challenge », puisqu’il consiste à construire quatre gares sur trois sites liés les uns aux autres, depuis la porte d’entrée à Argentière jusqu’au sommet des Grands Montets, en passant par Lognan. Des lieux aux caractéristiques différentes, situés entre 1 230 et 3 300 m d’altitude.
Une construction hors norme
Construire à ces hauteurs rend l’exécution hors norme. Au sommet, sur l’aiguille, « pas d’eau ni d’électricité, mais de la neige, du vent et un froid glacial », rappelle Carla Baumann. À 3 300 m, la durée possible des travaux – qui débuteront cet été avec le démantèlement des anciennes gares et des vieux pylônes de 80 m de haut du dernier tronçon – ne dépasse pas quatre mois, contre neuf 2 000 mètres plus bas.
Après réalisation des études d’impact et géotechniques (notamment par l’Edytem), sur la base des différents scenarii établis par le Giec, il a été décidé d’arrimer la gare sommitale 50 mètres au-dessous de l’aiguille (fragilisée par le dégel du permafrost, conséquence du dérèglement climatique), sur une roche dure.
« Il était important de trouver la bonne réponse architecturale, en privilégiant la sobriété et l’humilité, car on ne peut pas conquérir la nature », poursuit Carla Baumann.
Ce haut lieu, très connu des cristalliers, adoptera donc la forme d’une pyrite géante accrochée à la falaise, qui fait corps avec le paysage minéral. Le projet, validé par les parties prenantes (la municipalité de Chamonix, la Compagnie du Mont-Blanc et les services de l’État), est à la hauteur du site : une cathédrale de verre et de lumière en dialogue avec la nature. Le choix s’est porté sur des parois en verre traité, perceptible par les oiseaux et réduisant la réverbération. « Le bâti s’efface pour laisser place à l’espace et à la vue. Ici, on reprend le temps de la contemplation », promet Carla Baumann.
Voyage au cœur du cristal
« Au-delà d’un transport, c’est la promesse d’un voyage initiatique et sensoriel (sur 5 km et 2 000 m de dénivelée), dévoilant au fil de l’ascension les multiples facettes de cette montagne mythique. »
Et la collaboratrice de Renzo Piano de s’enthousiasmer : « Les Grands Montets offrent un panorama extraordinaire sur les Drus, le mont Blanc, le glacier d’Argentière… »
À l’arrivée, un cheminement pédestre permettra d’accéder à plusieurs terrasses pour admirer ce décor exceptionnel. Dernier parti pris des architectes : restituer la beauté mécanique des machines. Autre source de fascination, elles seront bien visibles.
« Ce projet, c’est un peu comme bâtir une cathédrale », réalise Mathieu Dechavanne, président de la CMB. Le délégataire a toutefois dû revoir le projet initial à la baisse pour motif économique (des modifications ont été apportées aux gares d’Argentière et de Lognan). Il est maintenant en discussion avec la commune de Chamonix pour finaliser la signature de l’avenant au contrat de délégation de service public.
Patricia Rey
Photo Une – perspective de la nouvelle gare au sommet des Grands Montets © Renzo Piano Building Workshop
Ce projet a-t-il fait l’objet d’une enquête publique, avec étude d’impact sur l’environnement? Si oui, merci de me communiquer les références pour obtenir le rapport d’EP.
Ce projet est-il aussi dédié au ski de haute montagne, de descente ou de randonnée? Avec quelles incidences techniques, commerciales, environnementales? Que pourra y faire un « visiteur » d’été à la gare supérieure si ce n’est que regarder le paysage depuis le « cube de cristal »?
Bonjour
Comment les accès vont être configurés à la gare de départ (Argentiere) pour embellir le projet environnemental et supprimer ce vaste parking tel qu’il l’est aujourd’hui, désorganisé et squatté par des véhicules nomades ?
Bonjour
Pourquoi n’ai je toujours pas reçu de réponse un an après mon message ?
Sinon a quoi peut servir cette échange dédiée aux questions ?