Créateur il y a trente ans des Fermes de Marie, le groupe veut vendre l’essentiel de ses actifs à la montagne – mais pas ceux de Megève – pour se consacrer à de nouveaux projets.
Au siège mégevan de Maisons et Hôtels Sibuet, Nicolas Sibuet, troisième génération en place et pdg du label, est surpris et un rien agacé que l’information ait fuité : le groupe serait en passe de céder cinq hôtels, principalement à la montagne, mais hors Megève. Excepté donc Les Fermes de Marie, fief de la famille Sibuet, le Lodge Park et l’Hôtel Mont- Blanc.
Le groupe Sibuet est un mini-empire entre mer et montagne, avec 11 hôtels, 17 restaurants, 10 spas, un domaine viticole et une marque de cosmétique Pure Altitude. Pour 45 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 300 salariés et jusqu’à 900 en hiver.

« Le monde change. Opérer des choix stratégiques fait partie de l’évolution classique d’une entreprise, explique le dirigeant. Nous envisageons de réduire notre périmètre pour mieux nous impliquer dans nos autres destinations, où l’on se développe. »
Et Nicolas Sibuet, plutôt bâtisseur, de concéder : «L’hôtellerie telle qu’on l’a connue jusqu’à présent est révolutionnée par de nouveaux acteurs au profil plus investisseur, avec des visions très différentes de la nôtre. Les cartes sont biaisées et une vraie concurrence déloyale se joue au détriment des hôtels de famille.»
Investir ailleurs
Les Sibuet, qui ont toujours prôné une hôtellerie de passion et différenciante, se refusent à verser dans une logique de volume au détriment de la qualité. « Ce n’est pas dans notre ADN de gérer des tableaux de chiffres. Ce métier est basé sur l’humain. Si on se déconnecte, on perd son âme », termine le pdg, qui admet que « repositionner la montagne dans le marché actuel est capital ».

Interrogé sur le montant de l’opération, le calendrier et l’identité des éventuels repreneurs, Nicolas Sibuet est moins disert, arguant qu’il est encore trop tôt pour communiquer. Pas de commentaires donc sur le chiffre avancé par certaines sources de 150 millions d’euros, qui correspondrait à la vente en monobloc des hôtels 3 à 5 étoiles Terminal Neige Refuge du Montenvers à Chamonix, Terminal Neige Totem à Flaine, Altapura à Val Thorens, l’Hôtel des Dromonts à Avoriaz et aussi la Cour des Loges à Lyon.
Si ce n’est que, faute de repreneurs sérieux, les actifs devraient finalement être cédés par appartement : « Trois pourraient être rachetés d’ici cet hiver. » Quid également de l’avenir des salariés du groupe, et de la soixantaine travaillant au siège de l’entreprise ? « Nous sommes en quête de repreneurs qui partagent la même vision que la nôtre et nous prendrons le temps de bien faire les choses pour assurer l’avenir de nos équipes. Nous n’avons pas la corde au cou. »
Une fois les transactions terminées, Nicolas et Marie Sibuet, sa soeur et codirectrice générale de l’affaire familiale créée par leurs parents Jean-Louis et Jocelyne, se concentreront sur de nouveaux projets, toujours dans une logique de dynamique entrepreneuriale, avec « quelques surprises », promet le dirigeant.
Par Patricia Rey

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