Spécialiste des articles de sport outdoor, Salomon a été sollicité par l’un de ses fournisseurs afin de fabriquer… des masques de protection respiratoire.
L’Ardéchois Chamatex, fabricant de matières textiles pour l’ameublement, le sport ou l’industrie, a souhaité répondre à l’appel national lancé par le gouvernement à l’industrie textile française pour la fabrication, en urgence, de ces masques destinés à enrayer l’épidémie de coronavirus. Et il s’est tourné vers son client annécien Salomon afin d’accroître ses capacités de production.
90 000 masques fabriqués d’ici fin juin
Le Haut-Savoyard, qui emploie près de 700 salariés dans son Annecy design center (ADC) pour un chiffre d’affaires mondial de 830 millions d’euros en 2018 (le consolidé 2019 n’est pas encore publié), n’a pas hésité à mobiliser une dizaine de personnes d’ordinaire dédiées à la fabrication des prototypes du groupe : chaussures, vêtements, accessoires…
« Toutes les personnes de l’atelier disposant des compétences nécessaires en découpe et couture sont affectées à cette nouvelle mission », explique Guillaume Meyzenq, vice-président « footwear » (chaussures) de Salomon. Installées à distance (au moins deux mètres) les unes des autres, et elles-mêmes équipées de masques, elles vont produire 90 000 masques textiles multicouches lavables et réutilisables, destinés principalement aux administrations et aux industriels.
Guillaume Meyzenq, vice-président « footwear » de Salomon
« C’est aussi une belle histoire parce qu’elle unit deux entreprises françaises. Et, pour le coup, c’est nous qui devenons fournisseur de notre fournisseur ! »
Une tâche plus répétitive et moins « glamour » que de participer à l’élaboration des futurs produits de la marque en collaboration directe avec les designers et les athlètes de haut niveau qui servent de testeurs conseillers techniques (comme Kilian Jornet, François D’Haene ou Courtney Dauwalter pour le trail). Mais dans laquelle la filiale du Finlandais Amer Sports a tenu à s’impliquer : « Nous participons à l’effort collectif, c’est normal », souligne Guillaume Meyzenq. « Je pense que c’est aussi important pour les salariés de voir que l’entreprise est en adéquation avec ses valeurs. C’est une source de motivation. »
Des salariés qui, à quelques exceptions près (les couturiers/couturières des masques, bien sûr, et certains concepteurs de produits qui ont besoin d’accéder à la « matériauthèque »), travaillent depuis quelques semaines en télétravail. « Tout le monde n’est pas à 100% car certaines charges de travail ont dû être allégées, mais nous sécurisons la conception et le développement des produits des gammes 2021 et 2022 », précise le vice-président.
Optimisme pour la reprise
Pour la suite de l’année, Guillaume Meyzenq demeure plutôt serein, à condition que la crise ne s’éternise pas, évidemment. « Nous sommes dans l’incertitude et l’adaptation permanente. La commercialisation est très ralentie avec la fermeture des magasins et des niveaux d’activité réduits sur les plateformes de vente en ligne qui continuent de fonctionner : les gens n’ont pas la tête à consommer. Au niveau de la production, la situation varie d’un pays à l’autre . Par exemple, les usines ont toujours travaillé au Vietnam, rouvrent en Chine, mais sont toujours à l’arrêt total en Inde. »
La situation évolue quasiment en continu. « Il faut prendre les bonnes décisions et espérer que tout cela ne dure pas trop dans le temps », poursuit le vice-président, avant de conclure sur une note d’espoir : « On voit que le confinement a donné le goût de la course à pied et des envies de nature à pas mal de monde : la reprise va peut-être offrir des opportunités sur le marché des articles de sport outdoor. »
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