Un physicien de l’EPFL de Lausanne découvre des failles majeures dans la méthodologie d’un article classique qui influence le choix du nombre de parlementaires depuis près d’un demi-siècle.
Le nombre idéal de parlementaires est au centre des discussions dans de nombreux pays. Cette question complexe soulève notamment des problèmes d’efficacité gouvernementale, de logistique et de coûts financiers. « En 1972, le politologue Rein Taagepera a publié un article fondamental suggérant que le nombre idéal de parlementaires correspond à la racine cubique de la population nationale. Cette célèbre loi de la racine cubique de Rein Taagepera a rapidement été adoptée par les gouvernements, mais ce ne fut pas sans critiques », rappelle l’EPFL dans un communiqué. En 2007 et 2012, des chercheurs ont ainsi utilisé des données empiriques pour élaborer une relation de racine carrée plutôt qu’une relation de racine cubique. Un autre article de 2019 a mis en doute le lien réel de cause à effet qui est le fondement de la loi de Rein Taagepera.
Un sujet de discordes
« Ainsi, alors que tout le monde convient qu’un pays dont la population est importante devrait avoir plus de parlementaires, la relation exacte reste un sujet de discorde » poursuit l’EPFL. Les travaux du physicien Giorgio Margaritondo (photo), professeur émérite au sein de l’école, mettent à jour de nouvelles failles passées inaperçues durant un demi-siècle. « L’article original de Rein Taagepera évalue en fait le nombre réel de parlementaires et non son nombre optimal », observe-t-il en démontrant que quatre failles fatales viennent remettre en question la démonstration de 1972. « il semblerait, du moins pour l’instant, que les physiciens ne peuvent pas décider du nombre optimal de parlementaires en se basant uniquement sur les mathématiques. Penser que nous pouvons obtenir avec précision ce nombre avec une loi exponentielle est une illusion », conclut Giorgio Margaritondo qui voit là un « usage détourné d’arguments scientifiques pour diffuser des notions politiques».
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