Foire de Savoie : revenir à l’essentiel

par | 17 septembre 2021

C’est sur un socle solide que se déploie la plus grande agilité. Un grand témoin et trois dirigeants ont témoigné à la Foire de Savoie de leur manière de conjuguer tradition et modernité.

Ugitech, Leborgne, Pain de Belledonne, Alphi. Un grand groupe, trois PME, quatre success stories. La traditionnelle conférence économique de la Foire de Savoie a joué la carte de l’optimisme en cette rentrée, et du retour aux sources, autour du thème “tradition et modernité : le challenge d’un mariage réussi”. Un sujet imposé qui a permis à Florence Hocq, directrice générale de Leborgne ; Bruno Anquetil, dirigeant de Pain de Belledonne et Alexandre Souvignet, président-directeur général d’Alphi, de témoigner des valeurs qui les animent.

En préambule, Frédéric Perret avait présenté le projet Ugiring qui l’occupe depuis plusieurs années (notre encadré), et qui devrait permettre au sidérurgiste de fonctionner en économie circulaire pour la fabrication de ses aciers. Honneur aux femmes, ou honneur à l’entreprise la plus ancienne ? C’est Florence Hocq qui a ouvert les débats en présentant cette vieille dame qu’est Leborgne, née en 1829.

C’est en innovant qu’on devient forgeron

« Adapter le produit aux usages ». Florence Hocq

«  Dès les années 1850, le successeur du fondateur de cette fonderie a eu la conviction qu’il fallait placer l’utilisateur au centre de la stratégie. En d’autres termes, que les outils fabriqués devaient être adaptés, finement, aux usages. C’est sur cette idée que Leborgne a bâti son succès. Très vite, les outils de jardins ont été différents suivant les sols rencontrés, les outils de construction adaptés aux différentes postures… C’est cette démarche (on parlerait maintenant de  “management du design centré utilisateur”) qui nous a fait inventer la gamme nanovib, de nouveaux manches d’outils en plastique/fibre de verre, qui nous permet d’attirer l’attention de majors du BTP…  »

De cette intimité avec les compagnons du BTP est née une organisation plutôt moderne. «  Tout le monde est associé à la création d’un nouveau produit, de la recherche-développement jusqu’au forgeron. Tout est internalisé, jusqu’aux moules. C’est l’avantage d’être une PME, et c’est confortable  » Et pour présenter ses produits, Leborgne mise tout naturellement sur leurs utilisateurs, fréquemment sollicités pour des témoignages. Logique : ils sont les mieux placés pour parler de leurs outils…

Boulanger paysan

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Bruno Anquetil, des convictions écologistes au coeur.

Autre approche avec le Pain de Belledonne. Bruno Anquetil a fait des études d’agriculture, et est devenu boulanger industriel bio par conviction. «  On me dit aujourd’hui que j’ai su surfer sur la vague, mais pas du tout : c’est moi, nous, qui l’avons fait monter, cette vague  ».

Il voulait mieux manger : il s’est mis au bio. Il voulait moins consommer : il a privilégié le vrac. Il voulait mieux répartir la valeur ajoutée entre agriculteurs et transformateurs : Pain de Belledonne possède quatre fournils en France, chacun sourçant sa farine en local. Et l’entreprise accompagne des paysans vers le bio et vers la première transformation. Il sécurise l’agriculteur avec des contrats longs, ce qui lui permet de sortir des marchés spéculatifs sur les céréales.

Les locaux sont construits suivant les principes du feng shui. Il voulait lutter contre le gaspillage : les entames de pain de mie et les pains secs sont vendus à des brasseries et en retour, les drêches brassicoles sont intégrées dans des biscuits. Économie circulaire, zéro déchet. «  À la base, insiste-t-il, il y a une conviction écologiste, pas une démarche économique  ».

Amour et coffrages

Alexandre Souvignet : « laisser la parole aux employés »

Alexandre Souvignet parle d’amour. L’amour de son père, qui a appelé l’entreprise du nom de ses deux fils (Alexandre donc, et Philippe). L’amour du métier et des compagnons du BTP, surtout, à la base de l’entreprise spécialisée dans les systèmes de coffrage pour béton.

« Elle est née d’une conviction : on peut apporter de la performance en améliorant la sécurité et en luttant contre la pénibilité. Les objectifs de rentabilité existent, mais ils sont secondaires  ».

Subordonnés à une conviction résumée par André Comte-Sponville, cité par Alexandre Souvignet : « pour avoir les meilleurs clients, il faut les meilleurs collaborateurs ». « Ingénieur de formation, je m’étais mis à dessiner les plans de nos nouveaux locaux lorsque, à l’occasion d’une conférence sur le Care, j’ai compris que j’avais tout faux. J’ai tout effacé et ce sont les compagnons qui ont bâti le projet, avec le principe simple une personne – une voix. Au final, nous n’aurions pas fait mieux. »

Laisser la parole aux employés, c’est aussi ce qui s’est passé chez Ugitech : «  pour élaborer notre vision stratégique à l’horizon 2025, nous avons laissé le stylo à l’encadrement. La direction n’a pas participé  », expose Frédéric Perret. La modernité ne peut s’inscrire que dans la tradition…

« Ugitech en économie circulaire  »

Frédéric Perret porte le projet Ugiring depuis plusieurs années. Il passe maintenant en phase opérationnelle.

«  70 % de la composition de nos aciers provient déjà de l’économie circulaire, via les circuits de récupération des métaux.Les 30 % restant sont des alliages provenant pour l’instant de l’extraction minière, ce qui commence à poser problème en termes de qualité, quantité, prix. Le projet Ugiring consiste à investir 40 millions, avec l’aide de l’État pour 10 millions, pour aller chercher également dans les métaux de récupération les 50 000 à 60 000 tonnes d’alliages dont nous avons besoin chaque année, via un procédé innovant en pyrométallurgie. Nous serons alors totalement en économie circulaire. L’enjeu est environnemental mais également économique pour Ugitech : les achats de matières premières pèsent 350 millions par an, pour un chiffre d’affaires de 650 millions  ».
Frédéric Perret, directeur des opérations Ugitech


Philippe Claret

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