Duoday : la ministre choisit son binôme à la Ferme de Chosal

par | 12 novembre 2021

.

.

La secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, a choisi un Haut-savoyard pour être son binôme dans l’opération Duoday, destinée à favoriser l’inclusion des personnes handicapées dans le monde professionnel.

.

.

Jeudi 18 novembre, Romain, 37 ans, travailleur à La Ferme de Chosal, près de Cruseilles, va vivre une journée de ministre. Au sens propre. Il va accompagner Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, dans le cadre de l’opération Duoday.

Duoday, c’est la rencontre entre une personne “ordinaire”* et une personne handicapée : chacun accompagne l’autre le temps d’une journée pour découvrir son milieu professionnel. L’opération est née en Irlande en 2008 et a progressivement été reprise dans d’autres pays.

En France, c’est Sophie Cluzel qui, en tant que secrétaire d’Etat, en a fait un rendez-vous national à partir de 2018 (il avait été introduit dans l’Hexagone quelques années auparavant par une association du Lot-et-Garonne) : logique qu’elle donne l’exemple et y participe elle aussi. Et pour cela, cette année, elle a choisi Romain.

Pas franchement un hasard. Le Haut-savoyard avait rencontré la ministre quelques semaines plus tôt, à Paris, alors que La Ferme de Chosal recevait un prix national pour son œuvre d’art “L’œuf ou la poule”. Et comme il n’est pas timide, il avait échangé quelques mots directement avec Sophie Cluzel… pour la remercier de la manière dont avait été menée la vaccination anti-Covid dans les Esat.

.

.

L’Oeuf ou la Poule, oeuvre d’art à la réalisation de laquelle a activement participé Romain, ce qui lui avait valu sa première rencontre avec Sophie Cluzel.

.

.

La secrétaire d’Etat – qui a, en outre, des attaches en Haute-Savoie – avait visiblement apprécié et lui avait ensuite proposé d’être son binôme pour Duoday.

Une proposition qui a fait le bonheur de l’intéressé… et de la Ferme de Chosal: de quoi offrir un joli coup de projecteur à cet établissement atypique, créé il y a 41 ans et qui dépend de l’association Epanou.

.

.

La Ferme de Chosal, structure atypique

La Ferme de Chosal est un établissement d’aide par le travail (Esat) dont la vocation est d’accueillir des personnes handicapées et de les aider – dans la mesure du possible – à accéder au monde professionnel “ordinaire”.

Spécificités, elle propose à la fois des activités agricoles (maraîchage, horticulture, élevage) et culturelles (réalisation d’œuvres d’art, résidences d’artistes, activités avec les scolaires…). Et elle est largement ouverte au public (ventes de produits, visites et même hébergements touristiques) mais aussi au monde de l’entreprise (accueil de séminaires, formations).

La Ferme accueille 63 travailleurs handicapés, encadrés par une vingtaine de personnes (pour une quinzaine d’équivalents temps plein – ETP). La plupart de ces travailleurs (une quarantaine) sont aussi hébergés par l’association, dans un établissement situé à Cruseilles, piloté par la même direction et qui accueille également 24 seniors handicapés (grâce à 28 ETP encadrants car il y a une présence 24/24 et 7/7).

Soit un total de 87 usagers, plus d’une cinquantaine d’encadrants (en emplois totaux) pour un budget global d’environ 5 M€, dont 1 M€ issu des différentes activités de production (ventes de fleurs et légumes, prestations de services agricoles). Un établissement sur lequel Eco Savoie Mont Blanc reviendra de manière plus détaillée dans un prochain numéro.

.

.

La ferme s’étend sur plusieurs hectares au bord des Usses.
Les visites proposent un parcours ou culture et agriculture se mêlent.

.

.

« Passer de l’obligation à l’envie »

Si Romain et La Ferme de Chosal vont bénéficier d’un gros coup de projecteur avec cette opération, l’idée est aussi, pour Sophie Cluzel, d’attirer la lumière également sur Duoday. En 2020, l’opération avait permis « de concrétiser près de 10 000 duos sur l’ensemble du territoire. Le succès de l’évènement contribue de nouveau à faire évoluer les regards sur emploi et handicap« , se réjouit le site officiel.

Une satisfaction a pondérer : handicap et monde du travail ont encore du mal a cohabiter. Alors que la loi impose depuis 1987 un taux de 6% de travailleurs handicapé dans les entreprises de plus de 20 salariés, dans le privé le taux effectif est d’environ 4% (il s’approche des 6% obligatoires pour l’ensemble du public, les dépassant déjà dans la fonction publique territoriale).

Les entreprises qui ne le respectent pas doivent s’acquitter d’une « contribution », selon les textes officiels. « Ca s’appelle une pénalité! », claque Sophie Cluzel sans détour. La loi ne suffit pas ? « il faut passer de l’obligation à l’envie », répond la ministre. En faisant comprendre, notamment à des opérations comme Duoday, que la diversité contribue à la performance. »

Et la membre du gouvernement de rappeler que des aides publiques conséquentes sont mises en place pour l’embauche tant de de salariés que d’apprentis handicapés. Et que l’Etat va « challenger l’Agefiph [ndlr : l’agence chargée de développer l’emploi des personnes handicapées et de distribuer les aides qui y sont liées]«  en lui demandant d’accentuer ses efforts auprès de « 1 500 entreprises qui ne sont pas au niveau ».

.

.

* dans le milieu du handicap, le terme “ordinaire” est employé pour désigner le monde du travail hors établissements “protégés” (établissements spécialisés ou entreprises adaptées)

.

.

Texte et photos : Eric Renevier

.

.

A lire aussi :

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Découvrez également :

Pharmacies : le désert avance…

Les signaux économiques semblent pointer vers une désertification pharmaceutique à plus ou moins long terme. En France, 280 officines ont fermé leurs portes en 2023, dont 31 dans la région Aura. Le nombre de pharmacies est tombé sous la barre des 20 000 en...

LIRE LA SUITE

Publicité