L’édito de Myriam Denis : « Seul maître à bord »

par | 28 février 2019

Dans son édito, Myriam Denis se demande si l’échec des négociations autour de l’assurance-chômage n’était pas orchestré par un Gouvernement désireux de légiférer par décret.

Myriam DenisÊtre seul à décider, tout en faisant semblant de demander leur avis aux autres, réclame doigté et finesse. Il ne faut pas perdre son but de vue : affirmer de façon péremptoire le fameux « je vous l’avais bien dit ! », et surtout prendre, avec un air faussement modeste, la décision finale. En accord unilatéral avec soi-même : une stratégie parfaite quand on a l’âme d’un despote en puissance.

Avec une efficacité redoutable, Emmanuel Macron s’est emparé de ce principe, pour traiter de l’épineux sujet de la future réforme de l’assurance-chômage. Délicat, d’une main de maître, il a réussi à faire passer les partenaires sociaux, syndicats de salariés et patronat, pour des gens obtus, peu représentatifs, arc-boutés sur leurs positions, incapables de parvenir à un quelconque accord sur cette thématique éminemment sensible.

« EMMANUEL MACRON A RÉUSSI À FAIRE PASSER LES PARTENAIRES SOCIAUX POUR DES GENS OBTUS, PEU REPRÉSENTATIFS, ARC-BOUTÉS SUR LEURS POSITIONS, INCAPABLES DE PARVENIR À UN QUELCONQUE ACCORD… ET À REPRENDRE LA MAIN. »

Si l’on reprend la genèse de cette négociation avortée, à l’automne dernier, Matignon avait transmis aux partenaires sociaux une feuille de route, avec pour objectif affiché de concilier l’inconciliable. L’idée, était de cadrer leurs échanges préalables à l’élaboration d’une nouvelle convention Unédic (association paritaire gérant l’assurance-chômage, pilotée de plus en plus clairement par l’État). Ainsi, les protagonistes devaient s’entendre, tout en ne perdant pas de vue l’objectif d’économies de 3 à 3,9 milliards d’euros, d’une part, et la volonté de lutter contre l’abondance des contrats courts, d’autre part. Soit, pile les deux sujets qui fâchent, les uns craignant une baisse des allocations des demandeurs d’emploi, les autres, une hausse du coût du travail. Comment donc se mettre d’accord, lorsque le postulat de base est aussi serré ?

Le dialogue entre les parties, déjà peu fluide, s’est ainsi mué en un silence assourdissant, dès lors qu’il eut fallu se mettre d’accord. Dix réunions n’y auront pas suffi. La problématique des contrats courts, notamment, continue de cristalliser les tensions. Mais, au-delà des divergences d’opinions et de postures sur le fond du sujet, la forme est critiquable. Rien ne semble avoir été prévu pour faciliter le dialogue et dès lors, parvenir à un accord. En toute logique, l’exécutif reprend donc la main. Muriel Penicaud, ministre du Travail, a d’ores et déjà annoncé les intentions du gouvernement : décider par décrets.

Il ressort néanmoins de cette affaire un point positif : les partenaires sociaux ont su se mettre d’accord. Ils sont vent debout contre une politique mettant à mal les corps intermédiaires et le dialogue social. L’État, lui, assume de plus en plus clairement son pouvoir tentaculaire.

Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr

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