Édito | Sécurité alimentaire, énergie, dérèglement climatique : idées noires et ciel bleu

par | 08 juillet 2022

Un humain sur dix. C’est, d’après l’édition 2022 du rapport sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde (1), la part de la population mondiale touchée par la faim en 2021. Soit 768 millions de personnes. C’est 46 millions de plus que l’année précédente et 150 millions de plus qu’avant la pandémie de covid.

Sans attendre l’édition 2023, on sait déjà que les chiffres 2022 seront encore pires. « La guerre qui sévit en Ukraine, entre deux des plus grands producteurs mondiaux de céréales de base, de graines oléagineuses et d’engrais […] fait grimper les prix des céréales, des engrais, de l’énergie ainsi que des aliments thérapeutiques destinés aux enfants souffrant de malnutrition sévère », souligne le rapport.

Comme, à cette guerre, viennent s’ajouter « les effets négatifs de phénomènes climatiques extrêmes de plus en plus fréquents, en particulier dans les pays à faible revenu », il faut s’attendre à « de graves conséquences sur la sécurité alimentaire et la nutrition à l’échelle mondiale. »

En 2015, pleins d’optimisme (ou d’hypocrisie ?), les États membres de l’ONU s’étaient fixé 17 objectifs de développement durable à échéance 15 ans. Parmi lesquels « Éliminer la faim et assurer la sécurité alimentaire », partout dans le monde. Il y avait, à l’époque, 670 millions de personnes touchées par la faim : les auteurs du rapport 2022 estiment maintenant… qu’il y en aura finalement tout autant en 2030, « même en cas de redressement économique mondial ».

D’ici là, il faut au moins espérer que le conflit russo-ukrainien sera terminé. Car, en plus de semer la destruction et la mort en Ukraine, il a aussi des répercussions croissantes sur le reste de la planète. Au niveau de la faim, donc, encore plus avec le blocage par l’armée russe d’importants stocks de céréales ukrainiennes destinées à l’exportation.

Mais aussi au niveau de l’environnement : pour compenser la baisse des importations de gaz russe, plusieurs pays d’Europe ont décidé d’augmenter leur recours au charbon, l’énergie la plus polluante. L’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas ont déjà fait des annonces en ce sens. La France pourrait le faire cet hiver en réactivant la centrale de Saint-Avold. « Nous sommes prêts à brûler n’importe quoi », va même jusqu’à déclarer, à notre confrère suisse Le Temps, le délégué spécial à la sécurité énergétique de République tchèque, pays qui dépend à 90 % du gaz russe.

Je ne sais pas si c’est à cause du charbon, mais j’avoue que la lecture de cette actualité de la semaine m’a plutôt donné des idées noires, sans que je parvienne à y dénicher, cette fois-ci, la petite anecdote à sourire dont je suis friand. Il ne me reste plus qu’à espérer que la nouvelle canicule qui s’annonce apporte, au sens figuré aussi, un peu de ciel bleu dans les infos.


(1) Rapport publié le 6 juillet conjointement par l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (Fida), l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Programme alimentaire mondial (Pam) et le Fonds des Nations-Unies pour l’enfance (Unicef). Consultable, en anglais, sur www.fao.org


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