Édito : Ukraine, GIEC, c’est chaud…

par | 18 mars 2022

Affreux tropisme européocentré : je m’aperçois jour après jour que le conflit en Ukraine, bien plus que ceux en Syrie, en Afghanistan, au Congo ou en Colombie ces dernières années, fait vibrer mon sentiment d’identification.

Je ne peux m’empêcher en voyant ces villes aux immeubles éventrés, aux rues dévastées, aux blessés et aux morts blonds et blancs, de me dire que leurs habitants, il y a un mois seulement, vivaient comme vous et moi. En se disant, allant au boulot le matin, que les jours avaient bien rallongé, que les oiseaux rechantaient dans les arbres et que, décidément, la belle saison arrivait.

Aujourd’hui, de Tchernihiv, près de la frontière nord, à Mikolayiv, tout au sud, de Marioupol, à l’est, jusqu’à Yavoriv, à l’ouest (tout près de la Pologne, donc de l’Union européenne…), le pays entier est la proie des bombes, des tirs, des flammes et des larmes.
Cette multiplication des“points chauds”en Ukraine a éclipsé de l’actualité une autre chaleur inquiétante : celle du réchauffement climatique.

« La plupart des tendances et les projections des précédents rapports du Giec se sont confirmées, ou ont été en dessous de la réalité : la situation s’est significativement aggravée », résume Wolfgang Cramer, directeur de recherche au CNRS, qui a participé à la rédaction du nouveau rapport du Giec, rendu public fin février. De la multiplication des événements extrêmes (canicules, sécheresses, tempêtes…) dus, « dans un grand nombre de cas, à l’activité humaine », à la hausse « d’un mètre d’ici à la fin du siècle » du niveau de la Méditerranée, les alertes sont, une fois de plus, nombreuses et terrifiantes.

Mais « les efforts d’adaptation au réchauffement climatique restent insuffisants, notamment à cause des coûts qui augmentent en même temps que les températures », poursuit Wolfgang Cramer, qui en appelle à « davantage d’efforts financiers et technologiques, impliquant le soutien des pays du Nord, responsables de la plus grande partie des émissions de gaz à effet de serre. »

Je ne sais pas si vous êtes forts en géographie, mais l’Arabie saoudite est un pays du Nord. Pourtant, il n’a pas l’air de se sentir très concerné. Le royaume vient en effet d’annoncer le lancement du projet Trojena : un immense complexe commercial et de loisirs comprenant un grand lac artificiel et un « village de ski » (en plein air et non“sous cloche”) ! Le projet a beau être situé dans la région montagneuse du pays, qui culmine à 2 600 mètres d’altitude, il m’a quand même fallu une dépêche de la très officielle agence de presse saoudienne pour accepter d’y croire.

La troisième guerre mondiale menace, le climat continue de se réchauffer dangereusement et des milliards de dollars vont être injectés pour construire une station de ski… sous les tropiques. Pas de panique : elle sera « basée sur les principes de l’écotourisme, mettant en lumière nos efforts pour protéger la nature », commente, sans rire, le prince héritier Mohammed ben Salmane. C’est “chaud” partout. Et ça fait froid dans le dos.


Pour aller plus loin sur l’Ukraine :


Pour aller plus loin sur le dérèglement climatique :

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