Huit membres du gouvernement sont rattachés à Rhône-Alpes, dont trois aux Pays de Savoie. Du jamais vu.
Sur les 40 ministres du gouvernement (Premier ministre inclus), trois sont élus ou ex-élus de Savoie ou Haute-Savoie, et huit au total sont issus de RhôneAlpes, soit 20% du total : une telle concentration est historique. Parmi les Rhônalpins, le plus connu est sans doute l’Isérois d’adoption Didier Migaud (72 ans), seule prise de Michel Barnier à la “gauche” (il avait quitté le Parti socialiste en 2010).
Deux Rhodaniens font leurs débuts ministériels : FrançoisNoël Buffet (LR; 61 ans), longtemps maire d’Oullins et sénateur du Rhône depuis 2004, à l’Outremer; et Alexandre Portier (LR; 34 ans), député depuis 2022, à la Réussite scolaire et l’Enseignement professionnel.
Le Drômois Nicolas Daragon (LR; 52 ans), proche de Laurent Wauquiez, dont il était le deuxième vice-président à la Région (ce qui laisse le poste vacant), prend lui aussi un ministère à l’intitulé inédit : celui des Sécurités du quotidien.
Quant à l’Aindinoise Olga Givernet (Renaissance; 43 ans), elle fait partie de ces macronistes à la carrière fulgurante et hérite de l’Énergie (lire les portraits ci-contre). Trois représentants de Savoie Mont Blanc intègrent le nouveau gouvernement. Les trois à des postes très liés à l’économie.
Pour l’Aixoise Marina Ferrari (Modem; 51 ans), c’est une “prolongation” : elle passe du Numérique, où elle officiait depuis février, au Tourisme. L’Annécien Antoine Armand (Renaissance; 33 ans), lui, arrive directement à Bercy, en charge de l’Économie, des Finances et de l’Industrie.
Et bien sûr, le Tarin Michel Barnier (LR; 73 ans) est à Matignon. C’est la première fois qu’un Savoyard occupe Matignon. Et il faut remonter aux années 1993- 1995 – et ce fut un cas unique dans l’histoire! – pour retrouver dans un même gouvernement à la fois un ministre du “74” (l’Annécien Bernard Bosson, à l’Équipement, aux Transports et au Tourisme) et un du “73”, en l’occurrence un certain… Michel Barnier, déjà, alors en charge de l’Environnement.
Un “plus”, pas un feu vert
Avoir trois personnalités savoyardes dans l’exécutif national peut-il aider l’économie locale? «Je ne connais pas Michel Barnier mais je connais Marina Ferrari. Elle est d’ici et donc il sera plus facile d’aller lui dire ce qu’on en pense!», sourit Pierre Didio, secrétaire général de Force ouvrière en Savoie.
« C’est d’ailleurs ce qui s’était passé lors du débat sur les retraites : nous étions allés la voir. Il me semble qu’elle avait à titre personnel une position plus nuancée que le gouvernement, pour autant à la fin… nous n’étions pas tombés d’accord! En fait, quelles que soient les personnalités qui composent le gouvernement, ce qui importe, ce sont les mesures prises.»
« Je connais Antoine Armand depuis ses débuts en politique. C’est quelqu’un de très sérieux, conscient des enjeux, proche du terrain et très à l’écoute, complète quant à lui Pascal Rey, président de la CPME HauteSavoie. C’est une chance d’avoir une personnalité que l’on connaît au ministère de l’Économie, c’est certain. Mais je suis réaliste : il est membre d’un gouvernement national, avec au-dessus de lui, un Premier ministre, un Président et des directives de l’Union européenne. Je suis convaincu que nous aurons 100% d’écoute… mais certainement pas 100% de ce que l’on demande! »
Michel Barnier : sa voie depuis la Savoie
Passé sur les bancs du lycée JeanMoulin à Albertville, ville dans laquelle son père, Jean, dirigeait une petite entreprise de gainerie, il rejoint dès l’adolescence les rangs du parti gaulliste (UDR à l’époque, LR aujourd’hui). Conseiller général de Bourg-Saint-Maurice en 1973, il devient à 27 ans (1978) le benjamin de l’Assemblée nationale.
En 1982, il souffle la présidence du Département à la gauche, grâce à une union avec le centre. Coprésident, avec Jean-Claude Killy, du comité d’organisation des JO d’Albertville en 1992, il devient ministre de l’Environnement en mars 1993. Il enchaîne avec un siège de ministre délégué aux Affaires européennes jusqu’en 1997, puis revient en Savoie pour deux années en tant que sénateur.
À partir de 1999, il alterne responsabilités ministérielles (Affaires étrangères, Agriculture et Pêche) et européennes (commissaire européen à la Politique régionale puis aux Marchés, député et, enfin, négociateur du Brexit).
Troisième à la primaire UMP pour les présidentielles 2022, il revient sur le devant de la scène à Matignon, où son expérience et ses capacités de négociation vont lui être utiles face à une Assemblée fractionnée. Pour l’anecdote, il a effectué son premier déplacement officiel, le 12 septembre, en Savoie et Haute-Savoie.
Découvrez les portraits d’Antoine Armand, de Marina Ferrari et d’Olga Givernet dans notre magazine ECO Savoie Mont Blanc du 27 septembre 2024 >>
Éric Renevier et Sophie Boutrelle
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