L’emploi du bois attire, pas l’emploi dans le bois

par | 02 décembre 2022

On peut faire carrière dans le bois, affirment les acteurs du secteur, qui se bougent pour changer l’image des professions. Il y a urgence.

La filière bois ? « C’est plus de salariés que dans l’automobile », assure Bénédicte Muller, chargée de mission“emploi-formation” de la Fibois Auvergne-Rhône- Alpes, qui regroupe l’ensemble des professionnels du secteur, de l’amont (bûcherons) à l’aval (menuisiers, ameublement…). À l’échelon de la Région, elle “pèse” 20 000 entreprises et 60 000 emplois…

Selon le pôle Excellence bois, c’était 4 270 entreprises et plus de 14 000 emplois en 2015. Combien demain ? Les métiers du bois sont portés par le vent du développement durable, plébiscités par les consommateurs et soutenus par les pouvoirs publics. Le chiffre devrait donc augmenter.

Mais la réalité, c’est pourtant que les professionnels ne savent pas s’ils parviendront à satisfaire leurs 10 000 projets de recrutement pour 2023. C’est que « nos métiers souffrent d’une image passéiste », regrette Bénédicte Muller. « On les considère toujours comme pénibles et difficiles, voire dangereux, alors qu’ils ont bien changé. Dans une scierie, on ne travaille plus avec le crayon sur l’oreille mais tablette en main, pour diriger, depuis une cabine, des machines à commandes numériques. »

Le savoir-être d’abord

Le paradoxe est évidemment que les mêmes qui ne se voient pas bûcherons ou charpentiers veulent maintenant un poêle ou un insert pour se chauffer, et habiter des maisons à ossature bois. « La filière porte des valeurs importantes dans notre société, mais, rien à faire, encore trop de jeunes sont orientés par défaut dans nos filières », reconnaît Norbert Héritier, membre du conseil d’administration de Fibois et dirigeant des Menuiseries Philibert, à Frans, dans l’Ain. Résultat, les formations existantes ne suffisent pas à satisfaire les besoins de main d’oeuvre.

Pas question pour autant de baisser les bras. Fibois a réuni récemment les professionnels de la filière – mais également de la formation, de l’orientation et de l’emploi –, à Lyon, pour des Rencontres régionales de l’emploi-formation dont l’objectif était d’échanger solutions inspirantes et bonnes pratiques. Une constante : « La motivation et le savoir-être deviennent les premiers critères de sélection », assure le menuisier aindinois, qui sait de quoi il parle. Son entreprise de 55 salariés en a recruté onze en septembre : « Quatre apprentis et quatre intérimaires, qui ne venaient pas du métier, passent en CDI. Plus cinq nouveaux intérimaires dont nous ne garderons que les trois plus motivés. »

Fibois est au Mondial des métiers (du 1er au 4 décembre, à Lyon Eurexpo), suit tous les forums d’orientation, met en place des formations pour adultes, va sur le terrain auprès des scolaires, alimente son site Metiers-foret-bois.org, aide les dirigeants à mieux comprendre l’évolution du rapport au travail des jeunes… Norbert Hériter, lui, a préféré les laisser parler : « Il y a deux ans, ce sont deux apprentis qui ont organisé la visite de l’entreprise par la Maison familiale et rurale. L’année suivante, je recevais quatorze candidatures ! Être présent sur l’appli de découverte des métiers Wilbi a aussi été un déclencheur. »

Nicolas Cailler, dirigeant de la Scierie du Bronze (5 personnes), à Contamine-sur-Arve, joue pour sa part la carte de l’insertion : « Nous avons besoin de personnel polyvalent. Nous ne le trouvions ni par interim ni par Pôle emploi. En revanche, l’entreprise d’insertion Alvéole a pu nous présenter des profils intéressants. Depuis six ans, nous avons toujours au moins une personne en insertion dans l’entreprise. Bien sûr, il faut les former, mais on le fait volontiers s’il y a de la motivation et du respect. Même la langue n’est jamais un vrai problème. » Et puis, il y a les bonnes vieilles méthodes : « Je motive les gens en leur donnant des tâches un peu au-dessus de leur diplôme », explique Norbert Héritier. « Dans nos métiers, ils pourront progresser ! »


Philippe Claret


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