Métiers de l’industrie : la grande mutation

par | 14 novembre 2018

Plasturgie, décolletage, microtechniques… ces secteurs toujours pourvoyeurs d’emploi, notamment dans notre région, sont en pleine évolution. Des métiers naissent, d’autres vont disparaître.

La fédération des industries mécaniques peut être confiante : « Nous sommes un secteur dynamique qui va recruter de 40 000 à 50 000 personnes par an d’ici 2025. » Bonne nouvelle. Mais, « notre secteur évolue constamment : les experts affirment que 60 % des professions dans l’industrie de 2030 n’existent pas encore. Le numérique est un des piliers de ce changement : de la conception de produits sur logiciels de CAO (Conception assistée par ordinateur) à la maintenance sur tablette, le virtuel a investi les usines. C’est grâce à l’inventivité des jeunes générations que les industries mécaniques françaises continueront de proposer des produits toujours plus innovants, mais aussi des carrières et des parcours professionnels riches, variés et passionnants ».

Tensions en vue

Le Centre de documentation et d’information jeunesse (CIDJ) confirme : « Dans un marché très concurrentiel où l’innovation est capitale, les entreprises misent désormais sur des profils mixtes et évolutifs, d’où une tendance à l’élévation du niveau d’études. » Selon l’analyse du CIDJ, les besoins vont se focaliser autour des techniciens de niveau BTS et des ingénieurs, surtout en R&D. « À noter que la demande est aussi considérable pour les ouvriers qualifiés titulaires d’un bac pro », explique Gilles Mégret, documentaliste à la direction Veille et Ressources.

L’Observatoire de la métallurgie estime pour sa part qu’il y aura 110 000 postes à pourvoir par an jusqu’en 2025 « avec de grosses tensions sur les recrutements des soudeurs, chaudronniers et plus globalement les métiers de la maintenance ». « Victime d’une mauvaise image, le secteur connaît pourtant une révolution et on parle désormais de l’industrie 4.0 », note encore l’Observatoire. Résultat : cette industrie a besoin de techniciens de maintenance (désormais détenteurs d’un BTS), de techniciens de maintenance préventive ou de techniciens en mécanique. « En ce qui concerne l’ingénierie, l’innovation prévaut d’où une demande d’ingénieurs R&D.

D’ailleurs, dans l’automobile, ils occupent un tiers des emplois, le focus étant porté sur les nouveaux matériaux et les voitures hybrides et connectées. » Du côté de l’aéronautique, le secteur se tasse avec une prévision de 8 000 à 10 000 postes et une appétence pour les ingénieurs de production, de méthode et de qualité, 300 postes de techniciens robotiques ainsi que des roboticiens et des électromécaniciens de niveau BTS.

De son côté, si le CIDJ note bien, effectivement, une montée en puissance des métiers du numérique, le think tank La Fabrique de l’Industrie relève dans un récent rapport consacré aux challenges de l’industrie que « les postes évoluent plus qu’ils ne disparaissent, le numérique obligeant le secteur à remodeler l’emploi et à intégrer de nouvelles compétences comme les métiers de la data. Pour finir, les contraintes environnementales poussent à s’adapter à de nouvelles normes par le biais de métiers “verdissants” comme l’ingénieur matériaux biosourcés, ou le bio-informaticien ».

Répondre aux défis

Dans ce contexte, la Fondation de l’Université Savoie Mont Blanc a lancé un grand projet de formation tout au long de la vie. “Rebondir” est ainsi soutenu par des entreprises, des acteurs de la formation, les collectivités ainsi que les établissements d’enseignement supérieur. Parmi les porteurs du projet, Baud Industries, qui compte notamment sur “Rebondir” pour accompagner les salariés vers les métiers de l’industrie du futur.

« Nous sommes aujourd’hui dans la quatrième révolution industrielle et cette révolution amène une véritable transformation dans nos entreprises », explique son pdg Lionel Baud, également président du Syndicat national du décolletage (SNDec). « Nous la constatons tous les jours lorsque nous intégrons de nouvelles machines, toujours plus intelligentes. Mais, dans cette révolution, l’enjeu principal consiste à élever le niveau de nos équipes, à faire grandir les compétences des hommes et des femmes qui travaillent dans l’entreprise. Le projet “Rebondir” doit permettre de répondre à ces nouvelles attentes et doit donner la possibilité à tout un chacun de se former tout au long de sa vie professionnelle. »

Et le dirigeant d’ajouter : « Dans cette période de profondes mutations, nous avons à intégrer dans nos entreprises de nouveaux métiers. Qui dit nouveau métier dit également formation nouvelle. Le projet “Rebondir” peut dans ce contexte être un partenaire clé dans notre transformation vers l’évolution de l’usine du futur, ce que l’on appelle aujourd’hui l’industrie 4.0. »

Le salon international de l’horlogerie, des microtechnologies et des medtechs, à Genève, permet de confirmer chaque année les évolutions techniques du secteur.

Qualification demandée

Le constat est tout aussi limpide dans les métiers de l’horlogerie et des microtechnologies. Dans une récente enquête menée par les organisateurs du salon EPHJ-EPMT-SMT, consacré à ce secteur d’activité et qui se déroule chaque année à Genève-Palexpo, près des trois quarts des entreprises estiment que les problèmes de recrutement et la pénurie de main-d’oeuvre qu’elles rencontrent représentent un facteur important de risque pour leur développement et leurs activités. « Il semble donc que le problème ne fait que s’aggraver et qu’une proportion toujours plus élevée d’entreprises s’inquiète de ce phénomène dans leur secteur industriel. »

Une nette majorité d’entreprises est ainsi confrontée à des problèmes de recrutement : « Les catégories de métiers les plus recherchés par les entreprises interrogées sont dans le domaine de la production (60,7 %) et R&D (45,5 %). » « Le niveau de qualification le plus recherché est très nettement celui de collaborateur qualifié spécialisé, à hauteur de 66,5 %, devant le collaborateur hautement qualifié à 52 % et l’employé sans qualification à 14,2 %. » « Les techniciens qualifiés et hautement qualifiés sont donc les plus recherchés pour les besoins de la chaîne de production dans des métiers de plus en plus spécialisés mais réclamant de solides connaissances de base pour s’adapter à toutes les situations et aux innovations technologiques », note encore l’étude.

« Les changements technologiques modifient en profondeur la manière dont le travail se fait et requièrent un renouvellement des compétences nécessaires pour l’effectuer », a estimé récemment Leif Agnéus, directeur général de Manpower Suisse, cité dans un communiqué. « L’évolution démographique et un taux de chômage faible renforcent les difficultés de recrutement. » Selon la dernière étude menée par le spécialiste du travail temporaire, un tiers des entreprises suisses ont des difficultés à pourvoir les postes vacants. « Les employeurs déplorent le manque de compétences techniques, la carence de candidats ou encore le manque d’expérience professionnelle », a détaillé le groupe. Les temps changent… Et l’urgence pour s’y adapter est bel et bien là.


Par Cyril Bellivier

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