La Suisse est de retour sur la liste américaine des pays « sous surveillance », car suspectés de manipuler leur devise. Paradoxalement, cette décision fait flamber le cours du franc face à l’euro.
Tout comme la Chine, la Confédération helvétique se retrouve dans le collimateur des États-Unis qui la place en observation, la suspectant de manipuler sa devise. Dans un nouveau rapport, le Département américain du trésor explique mettre sur cette liste les États qui obtiennent une note élevée pour certains paramètres pris en compte, tels qu’une intervention active sur les marchés des changes ou un excédent commercial important avec les États- Unis. La Suisse y figure « en raison d’un excédent de la balance des opérations courantes » et parce qu’elle est « engagée dans des interventions unilatérales persistantes sur le marché des changes », explique le Trésor américain.
Il somme Berne « d’ajuster ses politiques macroéconomiques, en particulier en utilisant sa vaste marge de manoeuvre budgétaire pour soutenir plus énergiquement l’activité économique intérieure ». Cette décision cause l’incompréhension des autorités helvétiques : « La Suisse ne manipule pas sa monnaie pour éviter des adaptations de sa balance des paiements ou pour obtenir des avantages concurrentiels injustifiés », a déclaré le Secrétariat d’État aux questions financières internationales à l’agence AWP.
Le cours du franc à la hausse
Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, cette décision n’a pas fait baisser le franc, mais l’a renforcé. Après l’annonce des États-Unis en fin de semaine dernière, 1 euro s’échangeait contre 1,0733 franc, un plus bas pour la monnaie européenne depuis avril 2017. En effet, pour les marchés, cette inscription sur la liste des pays surveillés sert d’avertissement à la Banque nationale suisse (BNS), qui est intervenue dans le passé pour plafonner les gains en devises. Ainsi, les investisseurs estiment que la BNS y réfléchira à deux fois avant d’intervenir sur le marché des changes et de limiter les profits des investisseurs, rendant le franc plus attractif. La décision des autorités américaines s’inscrit dans la politique agressive de Donald Trump pour réduire le déficit commercial des États-Unis. La Suisse a un excédent commercial de 21,8 milliards de dollars avec le pays de l’oncle Sam.
Par Romain Fournier
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